chapitre 46 : portée disparue

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Le Soldat avait à peine mis un pied dans sa maison que les pleurs de Dario lui agréssèrent les oreilles. Il grimaça, pas très heureux d'avoir à le supporter après la semaine difficile qu'il venait de vivre, loin de chez lui et surtout, loin de Giana.

Exténué, il se délesta des nombreuses armes qu'il portait encore sur lui et se laissa tomber dans le canapé en soupirant grossièrement, mais aussi suffisamment fort pour être entendu. Façon de faire comprendre à tous ceux qui l'entourait de ne surtout pas l'emmerder.

Pietra arriva comme une fusée et se jeta presque dans ses bras, sans plus se soucier des hommes aux alentours, occupé à ranger les glocks et mitraillettes semi-automatique éparpillés sur la table basse.

— Lissandro ! T'es là ! souffla-t-elle soulagée.

Le Soldat la gratifia d'une petite caresse sur la tête avant de la repousser gentiment, pas très enclin à lui faire des câlins aujourd'hui, ou plutôt depuis la disparition de Giana. La distanciation physique était redevenu son fort et la froideur de son âme n'avait jamais été aussi glacé que maintenant. Pietra n'insista pas. C'est avec un petit pincement au cœur qu'elle lui laissa tout l'espace dont il avait besoin. Sa seule consolation fut les bras de Tobias qu'elle retrouva. Assis en face du Soldat, il l'accueillit avec un baiser sur la tempe en lui chuchotant que les choses finiraient par s'arranger.

D'un simple regard, il ordonna à ses hommes de se disperser. Au même moment, Fédérica fit son apparition avec dans les bras, Dario plus en colère que jamais. La gorge nouée, Le Soldat l'observa du coin de l'œil tandis que Fédérica se posta à sa droite, attendant de lui qu'il le prenne enfin dans ses bras. Le Soldat savait qu'en plus de pleurer l'absence de sa mère, il le réclamait lui. C'était l'une des raisons pour lesquelles il s'était absenté aussi longtemps.

— Il ne mange plus Soldat ! Et c'est à peine s'il arrive à dormir deux petites heures sans se mettre à crier toute la nuit !

Il déglutit péniblement avant de poser son regard sur le petit être en pleine détresse dans les bras de sa nourrice.

— Si tu l'as emmené ici pour le voir mourir, alors t'aurais peut-être mieux fait de le laisser aux bons soins de ses grands parents.

Le Soldat tiqua. En y repensant, il ne pût se retenir de sourire nerveusement. Il n'aurait jamais pu le laisser à Londres. Il n'y était pas parvenu. Il avait essayé pourtant, mais il n'avait même pas fait un pas hors de la propriété des De Luca qu'il avait entendu les cris de Dario s'élever dans les airs. Immobile sur le porche, son cœur s'était serré avec angoisse et il ne s'était pas résolu à le laisser à Luana et Riccardo. Se foutant bien de leur briser le cœur encore, il était retourné dans la maison et leur avait presque arraché le bébé des mains. Bébé qui s'était aussitôt calmé une fois dans ses bras à lui. Sur le moment, il s'était rappelé la promesse faite à sa mère, comme quoi il prendrait soin de lui, et s'en voulut amèrement d'avoir voulu l'abandonner. Cette connexion spéciale établie tout doucement entre eux, il ne souhaitait pas s'en séparer. Dario faisait parti de la femme qu'il aimait, et c'est ça qui le rendait spécial, alors non, il ne s'en séparerait pas de cet enfant.

Le Soldat poussa un soupir à hauteur de son désespoir, traversé par sa colère monstre qui bouillonait dans ses veines. Une rage destructrice qu'il se tuait à ne pas laisser exploser. Ce serait le carnage sinon. Les jointures de ses mains en sang pouvaient en témoigner. Il en avait fracassé des crânes au cours de cette semaine. Encore et encore jusqu'à ce qu'il entende les os de ses adversaires craquer sous la force ses poings. Même si ses violentes et sanguinaires interrogatoires ne l'avait pas plus avancé qu'à ce qu'il ne savait déjà, une part de lui était ravi de s'être ainsi défoulée.

Gia et Le SoldatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant