— Je te parle Gia ! Tu m'écoutes ?
Giana revint subitement à elle. Elle leva ses yeux marrons sur Fédérica qui continuait de la scruter, un sourcil relevé, se posant mille et une question sur les nombreuses absences de Giana. C'était la troisième fois cette soirée qu'elle répondait à l'une de ses questions par un "hum" à peine prononcé de vive voix.
— Pardon. J'avais la tête ailleurs ! Tu disais ?
— Ah c'est plus la peine. Je pense que tu ne t'en souviens même pas. Tu es bizarre ce soir ! Qu'est-ce qui t'arrive ?
— Pardon, s'excusa-t-elle encore, t'as raison, je suis bizarre parce que je me sens bizarre.
— Comment ça ? Est-ce que tu as mal à la tête ?
— Non ! C'est pas ça. C'est juste... je me sens bizarre, c'est tout. Ça me pèse, là ! fit-elle en désignant son cœur. Un peu comme un mauvais pressentiment.
Elle se leva de table et alla se poster à la fenêtre d'où elle apercevait la tombe de son bébé. Giana se mordit le pouce, puis se gratta le front, réellement mal à l'aise. Elle s'était senti comme ça depuis qu'elle avait quitté le bureau du Soldat complètement affolée.
Après qu'il lui eut chuchoté ces perverses menaces, ils avaient échangé un baiser, mais quel baiser ! Giana avait l'impression qu'elle ne s'en remettrait jamais et surtout elle ne croyait plus être capable de soutenir son regard émeraude après ce qu'elle avait osé faire. De nouveau dans le vague, elle porta ses doigts à ses lèvres qui gardaient encore le goût brutal de ce baiser auquel elle y avait répondu en gémissant. Elle pouvait encore sentir sa langue s'insinuer et fouiller partout dans sa bouche sans restriction, ses lèvres malmener les siennes en poussant des sons gutturaux et ses doigts tirer ses cheveux en réponse à la folle excitation qui avait animé cet homme sauvage et qu'elle avait nettement senti appuyer contre son ventre.
C'était une chose de parler avec lui de choses totalement perverses et obscènes et une autre de l'embrasser. Elle n'osait pas imaginer ce que ça donnerait si jamais elle acceptait de passer une nuit avec lui. Il serait déchaîné dans tous les sens du terme.
N'y pense pas ! Ça n'arrivera pas ! Il peut toujours se brosser !
Giana enfourna deux grains de raisin dans la bouche pour ôter le goût de son sang qu'elle gardait encore sur la langue alors qu'elle avait mordu les lèvres du Soldat en s'arrachant à ce baiser impétueux. Et au lieu de le mettre en colère, comme elle s'y attendait, il avait semblé encore plus excité. Son sourire pervers parlait pour lui et son regard lubrique en disait long sur ce qui lui était passé par la tête.
La respiration hachée, terrifiée par son érection flagrante qui déformait l'avant de son jogging, Giana avait prit la fuite sans se retourner.
À l'abri dans sa chambre, elle s'était empressé de prendre une douche pour se débarrasser des sensations qu'il lui avait faite ressentir. Sous les jet d'eau froide, elle s'était aperçu avec horreur qu'elle avait eu le sexe trempé et avait éclaté en sanglot.
De nouveau en colère, elle mordit dans un autre grain de raisin en grommelant des mots incompréhensibles. C'est à partir de là que ces malaises avait commencé. Peut-être était-ce l'appréhension, la peur ou le doute ? Giana n'en avait aucune idée.
Te laisse pas abattre. Ça ne voulait rien dire. Ton corps a parfaitement réagit. C'est naturel. C'est purement chimique ! s'acharna-t-elle à se convaincre.
— C'est sûrement la fatigue. fit Fédérica postée derrière elle.
Elle lui caressa gentiment l'épaule, la ramenant de ses souvenirs. Giana cligna plusieurs fois des paupières et lui sourit pour la rassurer. Elle posa la grappe de raisin qu'elle avait dans la main en soupirant, exprimant par là, l'angoisse qu'elle ne parvenait à exprimer et qui l'accablait méchamment.
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Gia et Le Soldat
RomanceÀ vingt-trois ans à peine, Giana Bertolini se retrouve veuve et enceinte de six mois de son défunt mari Dario, mort, au combat en Irak. Après deux mois de deuil et une dépression qui ont failli lui coûter la vie à elle et son bébé, elle décide de se...