chapitre 85 : sous tension

984 41 67
                                    

Suite à sa nouvelle pour le moins brusque, Giana se lova davantage contre lui, la boule au ventre. Elle n'osa pas dire un mot, ni même sortir un son de protestation. Quoiqu'elle eut fait ou dit, elle n'aurait pu l'empêcher de partir. Il avait pris sa décision et par dessus tout, il était persuadé de faire ce qu'il fallait. Cette vengeance, il en avait besoin. L'homme qu'elle avait choisi d'aimer était ainsi fait.

Lissandro s'abstint d'ajouter autre chose que ce qu'il lui avait déjà sorti deux minutes plus tôt avant de la serrer dans ses bras avec conviction.

La chaleur de son souffle se perdit dans le creux de son cou. Le cœur frôlant la tachycardie à cause de ce qu'elle s'imaginait vivre, Giana ferma les yeux assez fort pour refouler les cauchemars qui se présentaient aux portes de son esprit. Une semaine sans lui, voire même plus, allait s'avérer extrêmement difficile à supporter. Son cœur le lui murmurait faiblement dans le silence de cette nuit qu'elle n'était pas prête d'oublier. Ce silence solitaire était en passe de devenir son quotidien durant les nuits à venir.

— Je t'aime. lui glissa-t-il tout bas dans l'oreille. Je serai de retour plus tôt que tu ne le pense, promis.

Sa voix à la fois écorchée et un tant soit peu étranglée n'échappa pas à Giana. Elle raffermit la prise de ses bras autour des siennes qui entouraient ses épaules. Elle s'écria intérieurement, pleura dans son cœur sans oser prononcer ces trois mots de peur d'éclater en sanglot. Elle savait que les au-revoir n'avaient jamais été le fort de Lissandro. Quand viendrait pour lui l'heure de partir, il se contenterait de s'éclipser en douce au petit matin, sans avoir rien d'autre à dire ou à faire. Ce baiser abandonné dans son cou et ce je t'aime susurré d'une voix grave seraient les seules attentions qu'elle obtiendrait de lui ce soir en guise d'au-revoir.

Comme elle s'y attendait, Giana ne trouva personne à ses côtés à son réveil.

Pour faire face à la solitude qui s'empara de son être elle attrapa l'oreiller qui gardait les fragrances du parfum de Lissandro afin de le serrer contre sa poitrine. Se débarrasser du vide sidéral qui l'emprisonnait dans une espèce de torpeur sans fin était primordial pour elle. Il ne fallait pas que ses garçons voient à quel point elle était triste de se retrouver toute seule loin de leur père. Il ne fallait pas qu'ils voient la douleur qui lui tordait les boyaux et la tristesse monstre que lui causait son absence.

Les enfants parleraient forcément du départ de leur père au petit déjeuner. Ce sujet était inévitable. Giana savait qu'à chaque fois qu'elle penserait à lui, son cœur martelerait sa poitrine de façon intense et douloureuse comme pour lui rappeler que quelque chose de purement essentiel lui manquait ; là elle verserait des larmes impossible à refouler. Alors pour ne pas se laisser aller lamentablement devant Dario et Alessandro, elle déversa toutes ses émotions, se délestant du plus encombrant qui faisait chavirer son cœur. Elle ne chercha pas à réprimer l'affliction qui l'accablait. Le visage enfoui dans l'oreiller de Lissandro, elle éclata en sanglot et pleura toutes les larmes de son corps jusqu'à épuisement. Jusqu'à ce que ses paupières se fassent lourdes et l'obligent à sombrer dans un profond sommeil réparateur.

Giana fut la première surprise en arrivant dans la cuisine lorsqu'elle fut accueillie par les rires de ses enfants.

Postés aux côtés de Fédérica, ils roulaient chacun dans leurs petites mains, des boulettes de viande comme elle leur apprenait. Tout ça, sous la haute surveillance de Sergio qui ne lâchait pas les deux bambins et leur nounou des yeux. Quand il porta sur sa silhouette, un regard protecteur, stricte certes, mais tout de même bienveillant, Giana comprit bien vite qu'il était -en quelque sorte- le chef en l'absence de Lissandro. Il avait pour mission de la protéger elle et ses fils. Une condition à laquelle elle n'était pas certaine d'adhérer. Et ce n'était sûrement pas à cause de ses billes bleues électrique qui balayèrent son corps de bas en haut avec plus ou moins de sévérité. Il était loin de l'intimider et de lui filer une peur bleue. Non. Cet homme fort robuste respirait la gentillesse et la bienveillance à travers tous les pores de sa peau. Son regard d'une extrême douceur parlait pour lui.

Gia et Le SoldatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant