chapitre 14 : la naissance de tout

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Ce matin là dans la cuisine, Giana n'eût pas trop de mal à faire le petit-déjeuner de Pietra comme le lui avait demander Fédérica. Il ne fallait pas être un cordon bleu ou un chef étoilé pour savoir faire des œufs brouillés, une salade de fruit, un thé à la camomille et faire griller des toasts.

Giana termina de dresser son plateau, assez fière de son travail. Elle mit un morceau de pastèque dans sa bouche quand Tito fit son apparition, le regard inquisiteur, la sondant des pieds à la tête tel un scanner vivant.

— Tu veux ma photo !? lança Giana hargneuse après avoir avalé.

— Pourquoi pas. Des nudes de préférence.

— Cretino !

Il leva les mains en signe de reddition, ne désirant pas prolonger la dispute qu'elle était prête à mener toutes griffes dehors.

— Je suis simplement venu voir si t'avais fini et aussi m'assurer que tu n'as pas pris de couteau avec toi.

— C'est Fédérica qui te l'as demandé ?

— Le grand patron.

— J'ai fini et je n'ai pas de couteau sur moi. Tu diras au grand patron qu'il ne s'inquiète pas, je ne compte pas m'enfuir de toute façon.

— Bien. Dans ce cas...

Tito mima une révérence devant la porte, l'enjoignant à sortir de la cuisine. Fière comme un coq, son plateau repas entre les mains, Giana lui passa sous le nez sans lui adresser un seul regard et se dépêcha de rejoindre la chambre de Pietra. Elle donna deux coups contre la porte avant de l'ouvrir et de s'y engouffrer, le souffle court et l'estomac tout retourné, anxieuse à l'idée de rencontrer la sœur du Soldat.

Cette dernière, acculée dans un coin de sa chambre ne cacha pas sa surprise de voir la prisonnière de son frère débarquer dans sa chambre et faire le service pour elle. Nerveuse, elle tira sur les manches de son pull, le regard fuyant et n'accorda pas plus d'importance à Giana qu'elle en accordait à Fédérica.

— Bonjour. la salua Giana d'une petite voix.

Pietra lui fit un doigts d'honneur en guise de réponse, sans se départir de son regard mauvais qui semblait lancer des éclairs à tout va. Giana se sentit insultée et fut tentée de lui tirer la langue l'air de dire qu'elle s'en foutait pas mal, mais elle se retint de justesse.

Qu'est-ce que tu fais Gia ? Ne lui parle pas. Ne la regarde pas. Ne la touche pas.

Se rappelant des recommandations de Fédérica, Giana se garda de lui dire un mot de plus, craignant de la voir s'énerver ou de faire une crise qu'elle n'aurait, ni la force et le courage de gérer.

La tête dans les épaules, elle se dirigea vers la sortie après avoir déposé le plateau sur la table basse, lui souhaitant tout de même un bon appétit dit au fond du cœur.

La main posée sur la poignée, elle allait pour l'abaisser quand quelque chose la stoppa dans son élan. Le spectacle choquant qui s'offrit à elle, força Giana à faire fi des conseils de son ami. Que Pietra fût dangereuse ou pas, elle ne pouvait décemment pas se résoudre à la laisser s'arracher les cheveux aussi impunément et de façon si violente. Hésitante, elle fit deux pas vers Pietra, pas sûre de savoir ce qu'elle s'apprêtait à faire avant de décider de l'approcher complètement, lui saisissant les poignets pour l'empêcher de se faire plus mal.

— Mais qu'est-ce que tu fais ? Arrête ! lui intima Giana au bord de la panique.

Pietra ne l'entendit pas de cette oreille et poussa un cri à hauteur de son angoisse, alertant la maison entière. Plus forte qu'elle n'y paraissait, elle n'eut aucun mal à se défaire de la faible prise de Giana avant de la pousser sur le sol sans ménagement.

Gia et Le SoldatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant