chapitre 82 : déterrer le passé

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Le regard féroce qu'elle lança à Tito après qu'il l'eut libéré de ses entraves fit sourire ce dernier. Elle se redressa sur ses coudes sans chercher à cacher sa poitrine. Elle n'en voyait pas l'intérêt quand il investissait son regard aussi sournoisement et sans jamais se priver d'essayer de la dominer.

Tito se pencha sur elle, à deux centimètres de son visage, le souffle court, amusé par le tempérament de feu qui brûlait dans ses billes marrons. Ce feu d'antan qui l'avait excité bien dès fois lors de leur prise de tête. Il avait comme réveillé la bête profondément endormie en elle. La peur qu'il lui inspirait y était pour beaucoup mis à part le fait que Giana prit conscience qu'elle le haïssait désormais.

— Ne me regarde pas avec ces yeux là ! Je ne suis pas là pour te faire de mal ! Je t'aurais laissé menotter sinon.

Pour illustrer ses paroles, il jeta négligemment les menottes sur le sol. Le bruit qu'elles produisirent en s'entrechoquant sur le parquet arracha un tressautement à Giana.

— Tu n'as aucune raison d'avoir peur. glissa-t-il tout bas pour la réconforter. Le seul qui devrait t'effrayer c'est Lissandro. Il n'est pas ce qu'il prétend être tu sais ?

Il se pourlécha les lèvres quand il la vit déglutir. Son regard envahi de doutes et d'interrogation témoignèrent de l'ampleur du combat qui éclata en son fort intérieur. Giana ne savait plus quoi penser de tout ça, ni même quoi dire. Elle ne pouvait que se méfier de l'ex bras droit de Lissandro. Un homme loin d'être honnête qui avait bien failli la laisser mourir, aveuglé par sa jalousie sans bornes. Giana s'en souvenait comme si c'était hier. Plus elle passait de temps à fouiller son regard comme il fouillait le sien, plus leur échange houleux lui revenait à l'esprit, moins elle avait envie d'entendre ce qu'il avait à dire. Que ce soit à son sujet où à propos du passé trouble de Lissandro.

Tito dévia son regard sur sa poitrine, mais à peine avait-il couvé la blancheur de sa peau de ses yeux lubrique que la paume de sa main, s'écrasa contre sa joue.

— Mes yeux sont plus haut, Tito ! cracha-t-elle haineuse.

Le sourire en coin qui ourlait encore ses lèvres de façon à lui donner des allures effrayantes, décampa de son visage sur le champ. Son orgueil en prit un méchant coup. Il savait qu'elle ne le portait pas dans son cœur, mais au moins, il aurait espéré qu'elle le craigne comme elle craignait Lissandro, qu'elle le respecte et lui soit entièrement soumise, ne serait-ce que pour le danger qui émanait de ses pores. Un fantasme qui n'était pas prêt de voir le jour puisqu'elle n'avait d'yeux que pour le père de ses enfants.

Tito craqua quand au fond de son être, il sentit comme un vilain pincement lui étreindre le cœur. Une sensation désagréable qui l'emplit de colère. L'envie folle de coller une balle dans le crâne de Lissandro ne fût jamais aussi forte qu'à cet instant. Pris de rage, il attrapa Giana par la mâchoire puis l'amena à se redresser en position assise. Elle obéit. De toute façon il ne lui laissait pas le choix.

— C'est dingue ! Tu n'as jamais su me respecter toi, je me trompe ?

— Je devrais ?

— P'tite salope ! Tu devrais, oui ! C'est un peu grâce à moi tout ça, non ? Cette villa, l'argent...

Il fit une petite pause, le regard fou.

Trop occupée à lui tenir tête, Giana ne tint pas compte de sa fureur. Un aspect de sa personnalité tenace qui eut le don d'agacer son assaillant. Il n'était pas d'humeur joueuse aujourd'hui et ça, Giana ne le comprit que bien trop tard. Il n'avait plus rien de l'homme d'autrefois. Comme Lissandro, quelque chose de plus sombre flottait au fond de ses yeux noirs. Un nouvel aspect de lui-même, exacerbé par sa jalousie maladive et l'amour non réciproque qu'il portait à Giana.

Gia et Le SoldatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant