chapitre 29 : de nouvelles émotions

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— Comment tu te sens ?

Giana croisa ses bras sur sa poitrine, le regard perdu sur le parquet du bureau de son geôlier qu'elle n'arrivait pas à regarder dans les yeux depuis tout à l'heure.

— C'est à toi que je devrais demander ça.

— J'ai connu pire.

Giana inspira profondément et se leva, les yeux dans le vague. Elle arpenta son bureau, peinant à exprimer sereinement ce qu'elle ressentait. Il y avait tellement d'éléments en jeu désormais qu'elle ne savait plus où donner de la tête. Mais pour l'heure, le plus important restait son fils, alors, elle relégua ses émotions au second plan et se concentra uniquement sur lui en espérant que Le Soldat ne voudrait pas la priver de lui, même en sachant qu'elle connaissait désormais la vérité.

— Pourquoi tu me l'as enlevé comme ça ?

Giana parvint à formuler cette question tant attendue par Le Soldat.

Il se carra dans son siège et expira longuement par le nez, nullement prêt à lui avouer l'horreur de ses motivations. Elle le détestait déjà assez comme ça, il ne souhaitait pas en rajouter plus et faire grossir la montagne de ressentiment qui ne faisait que croître, réduisant à néant ses espoirs de la voir le regarder autrement que comme un monstre sanguinaire et pervers.

— Cet endroit n'est pas fait pour élever un enfant et puis je n'aime pas les mioches ! Ça pleure toutes les cinq minutes et ils ne sont bon qu'à dormir, manger et remplir des couches !

— À moi, ça ne me posait aucun problème !

— Je sais. Mais je te l'ai dit, je n'aime pas les enfants !

— Dis plutôt que tu crevais d'envie de me voir souffrir. J'ai pas oublié ce que t'as fait quand t'es venu me l'annoncer dans ma chambre. Depuis le début c'était ton but. Me faire mal. T'as pas arrêté Soldat ! T'as jamais arrêté !

Le Soldat ferma les yeux pendant un bref moment en la voyant pleurer. Il se détesta d'éprouver une certaine satisfaction devant ce triste spectacle après tout ce par quoi ils étaient passés tous les deux depuis qu'il avait forcé le destin en l'obligeant à demeurer près de lui.

— Dis moi où il se trouve !

— Je l'ai envoyé dans un orphelinat, à Rome.

Giana laissa échapper un rire amer. Elle sécha ses larmes sans grande conviction et, persuadée qu'il lui mentait, contourna le bureau à la grande surprise du Soldat qui ne pût s'empêcher de se demander ce qu'elle pouvait avoir derrière la tête.

Pas du tout décidée à se laisser duper encore une fois, elle se pencha sur lui et empoigna son t-shirt, ignorant royalement les innombrables douleurs qui se firent sentir dans son poignet.

Le Soldat réagit immédiatement, n'appréciant pas de se retrouver dans cette inconfortable position.

Il se releva brusquement emportant Giana avec lui dans son mouvement. Il attrapa ses poignets puis la renversa sur le bureau sans une once de délicatesse.

— Qu'est-ce qui te prends ? C'est pas parce que je t'ai dit où se trouvait ton môme que tu peux te permettre ce genre de folie ! Attention à toi Giana ! Je ne rigole pas !

— Je me laisserai pas avoir une deuxième fois trouduc ! Tu n'es qu'un sale enfoiré de menteur !

— Mesure tes paroles ou sinon je pourrais te faire très mal !

Pour illustrer ses paroles, il ressera sa poigne autour de son poignet foulé, faisant craquer l'attelle sur le point de céder si jamais il exerçait une autre pression beaucoup plus forte que celle-ci.

Gia et Le SoldatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant