chapitre 47 : les sombres projets d'Isadora

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Une semaine plus tôt.

La bouche sèche et la gorge douloureuse, Giana se réveilla tout doucement dans un endroit totalement méconnu et obscur. Si obscur, qu'elle eut l'impression de n'avoir jamais ouvert les yeux et d'être encore plongée dans un de ces affreux cauchemar dans lequel elle s'était faite engloutir par les ténèbres à mainte reprises sans que Le Soldat ne réussisse à lui venir en aide.

Gémissante, elle tenta de se redresser, en vain.

Un obstacle de taille l'entravait à même le sol, l'empêchant de se lever. Dans le noir le plus total, elle s'aida de ses mains et de son ouïe pour tenter de savoir où elle se trouvait. À tâtons elle essaya de se repérer dans l'endroit sinistre dans lequel on l'avait jeté.

Giana tendit l'oreille, attentive au moindre petit bruit pouvant venir de l'extérieur, mais encore une fois, ce fut un échec. Rien de ce qui pouvait se tramer en dehors de sa prison n'arrivait jusqu'à ses oreilles. Un silence d'outre-tombe l'enveloppait, l'oppressant presque. Elle n'avait que pour seule compagnie, les bruits lourds de sa respiration hachée, les battements incessants de son cœur plongé dans l'effroi et les insupportables entrechoquements que faisaient ses chaînes contre le béton glacial et humide sur lequel elle reposait. Des chaînes qu'elle portait aux chevilles et une autre plus grosse, plus lourde qu'elle avait autour du cou.

Giana ne mit pas longtemps à comprendre que ce n'était, ni plus, ni moins, cette énorme entrave qui la clouait au sol et l'empêchait, ne serait-ce que, de se redresser sur ses bras.

— Qu'est-ce qui se passe ? s'alarma-t-elle alors qu'elle prenait tout doucement conscience de la situation délicate dans laquelle elle se trouvait.

Allongée et enchaînée dans l'obscurité, loin de son Soldat, la peur eut vite fait de l'envahir. N'en pouvant plus de se retenir, elle céda à ses frayeurs, lâcha des pleurs et des gémissements étouffés, perdant tout espoir de retrouver la liberté. Au fur et à mesure que sa mémoire lui revenait, ses sanglots s'amplifiaient. Elle se rappelait de Giuseppe dans sa maison. D'Harlequin et d'Émilio. Et là, la panique s'installa. Giana ferma les yeux de toutes ses forces comme si ça pouvait faire une différence avec le noir opaque qui l'entourait et essaya de contrôler l'afflux quasi irréel et irrationnel de terreur qui la saisit. S'imaginer des monstres prêts à se jeter sur elle pour lui arracher un morceau de sa chair à l'aide de leur dents aussi pointues que tranchantes ne pouvait pas lui apporter de bien.

— C'est pas réel. C'est pas réel... c'est pas réel ! se répéta-t-elle inlassablement.

En pleurs, elle s'entoura de ses bras, gagnée par le froid de sa prison. Seulement vêtue d'un simple négligé en soie, elle avait littéralement l'impression d'être nue et rien de ce qu'elle faisait n'arrangeaient son état. Plus elle prenait conscience de son état et plus la situation devenait critique pour elle.

Privée de repère, elle continua de pleurer pendant encore longtemps en ne cessant d'appeler Le Soldat, jusqu'à ce qu'elle finisse par s'endormir.

Elle oscilla entre rêve éveillé, somnolence et paralysie du sommeil dès fois où elle ne réussissait pas à bouger après un terrible cauchemar. Elle ne parvint pas à retrouver un sommeil normal après toutes ces péripéties et décida donc de ne plus dormir. Désorientée, elle ne savait plus combien de temps était passé, ni combien de jour était-elle restée dans cette pièce. Dormir lui avait fait perdre la notion du temps. Elle estima néanmoins avoir passé plusieurs heures, deux jours tout au plus au vue de la faim et de la soif monstre qui la tenaillèrent.

Réalisant que rien n'avait changé et qu'elle était toujours dans le noir, elle éclata en sanglot. Toujours allongée sur ce béton froid, elle avait compris que jamais, elle ne parviendrait à se relever. L'énorme anneaux de métal autour de son cou était directement soudé à une autre pièce de métal profondément enfouie dans le sol, l'empêchant de faire tout mouvement. Apeurée, Giana ramena ses mains contre son ventre, prise de nausées soudaine.

Gia et Le SoldatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant