chapitre 37 : nos émotions comme des bulles

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— Giana ? Réveille toi ?

Tiré d'un affreux cauchemar qui avait vite fait de la plonger dans un tourbillon de terreur infini, Giana émergea de son sommeil en criant. Si ça n'avait pas été les bras forts du Soldat qui la rattrapèrent à temps, elle se serait très certainement cognée la tête sur le parquet.

Revenue dans le monde réel, elle passa ses bras autour du cou du Soldat et nicha sa tête sur son épaule, encore tremblante et secouée par les dernières heures de sommeil qui s'était avéré pénible pour elle. La dernière fois qu'elle avait été victime d'une terreur similaire, c'était pendant sa nuit à l'hôtel de Giuseppe, lorsqu'elle avait rêvé de cet homme à qui elle appartenait désormais, en train de lui trancher sèchement la gorge en lui répétant qu'elle était sienne pour toujours.

En y repensant, elle se détacha de son corps, lui demandant silencieusement de bien vouloir la lâcher. Ce à quoi Le Soldat obéit sans chercher à comprendre le pourquoi de ce revirement soudain et de la crainte qui habita son regard. Giana n'avait pu ne pas s'en empêcher lorsqu'elle ce cauchemar lui était revenu en mémoire.

— Est-ce que ça va ?

Giana opina faiblement. La gorge sèche, elle se leva de son lit, se dirigea vers son petit bureau presque vide et se servit un grand verre d'eau qu'elle but d'une traite, remerciant intérieurement Fédérica de toujours remplir la carafe en verre qui aujourd'hui, lui avait été bien utile.

Un bref coup d'œil en direction du berceau de Dario lui permit de voir qu'il dormait à point fermé. Rassurée de ne pas l'avoir réveillée, elle se tourna enfin vers Le Soldat qui continuait de l'observer sans mot dire, attendant de la voir se calmer avant de pouvoir lui poser les quelques questions qui lui brûlaient la langue en ce net moment, mais peut-être le moment était-il mal choisi ?

— Pourquoi t'es là à...

Elle s'interrompit et jeta un œil à l'horloge.

L'heure tardive de la nuit lui arracha une grimace. Elle ignorait avoir dormi aussi longtemps. Giana n'imaginait pas tomber aussi profondément dans son sommeil en fermant les yeux en fin d'après-midi après  avoir nourri puis donné son bain à Dario et l'avoir couché dans son berceau tout juste après qu'il lui ait fait cadeau d'un petit rot. Cela prouvait à quel point elle avait eu terriblement besoin de repos.

— ... À deux heures du matin ? J'ai dormi aussi longtemps !

— Je suis passé te souhaiter une bonne nuit quand je t'ai vu t'agiter et geindre dans ton sommeil.

— C'était rien de plus qu'un cauchemar !

— Quel genre de cauchemar ?

— Le genre que je n'ai pas très envie de raconter ! Maintenant va-t-en s'il te plaît ! lui intima-t-elle d'une voix chevrotante, je veux rester seule ce soir !

Le Soldat se dirigea vers la porte, mais au lieu de partir comme s'y attendait Giana, il la verrouilla de l'intérieur, lui montrant clairement qu'il n'avait aucune intention de s'en aller. Giana craqua.

— Soldat, je ne suis pas d'humeur pour ça !

Il ignora la petite crise de nervosité dont elle lui faisait profiter et l'enlaça tendrement à la plus grande surprise de Giana qui, les larmes aux yeux, se laissa aller dans ses bras et pleura comme une madeleine. Elle s'accrocha à ses vêtements et se raccrocha à ce délicieux sentiment qui étreignit son cœur dès qu'elle eut sa peau contre la sienne, s'en voulant déjà de s'être laissée aller à la peur.

— Je suis là, maintenant. C'est fini ! la consola-t-il.

— Ne me quitte pas.

— Pourquoi je le ferais ? T'es à moi maintenant. Calme toi et essaie de te rendormir. On parlera calmement demain matin, d'accord ?

Gia et Le SoldatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant