Voilà déjà plus de deux heures que Giana marchait dans la forêt après avoir couru sur des kilomètres afin de mettre le plus de distance possible entre elle, Tito et la propriété du Soldat restée très loin derrière elle.
Épuisée par la chaleur, mais surtout la soif, elle s'adossa contre un arbre et lâcha le bâton -qu'elle ne s'était pas résolue à jeter- avec lequel elle avait frappé Tito et agita l'encolure de son pull-over pour se ventiler, n'en pouvant plus de la chaleur étouffante qui rendait sa fuite difficile.
Finalement, n'en pouvant plus de suer aussi abondamment, elle l'ôta, exhalant un soupir de soulagement, loin de cette prison de laine.
Elle avisa ses baskets neuve en se félicitant de les avoir mis et attacha son pull-over autour de ses hanches, reposée et prête à reprendre sa marche.
Giana marcha encore sur plusieurs kilomètres parmi les arbres, sans jamais quitter la route des yeux, bordant l'autoroute, sur le qui-vive priant de tout son cœur d'entendre une voiture approcher. Si elle gardait une distance convenable entre elle et la route, mais demeurait néanmoins dans les bois, c'était pour avoir la facilité de se cacher si jamais il s'avérait qu'au volant d'une de ses voitures, ne se trouvait pas être un chauffeur lambda ou une mère de famille comme elle se l'imaginait.
Au bout d'une autre heure de marche parfaitement exécutée sans jamais ralentir la cadence, Giana tomba de fatigue, assoiffé et épuisé d'espérer de voir une voiture passer sur cette fichue autoroute déserte où il n'y avait pas âme qui vive.
Ils m'ont emmené où ces malades ?
Giana savait qu'il lui faudrait deux jours, tout au plus pour rejoindre la ville, et sans eaux, ni nourriture, ça allait s'avérer extrêmement compliqué de garder le rythme rude qu'elle s'imposait. Non seulement ça, son bas-ventre s'était mis à refaire des siennes, lancinant à chacun de ses pas. Privée d'antidouleurs, Giana commença sérieusement à désespérer.
Pourquoi j'ai pas pris l'eau... ou la moto ?! T'aurais pu essayer Gia, au lieu de t'enfuir comme ça ! Espèce d'idiote !
— Fait chier ! pesta-t-elle contre elle-même en balançant sa jambe dans le vide.
Des gémissements de douleur lui échappèrent aussitôt, en réponse à sa blessure qui lui tirailla le bas-ventre presque immédiatement. Elle se calma instantanément, avant de se laisser tomber sur le sol, vidée de toute son énergie.
Le vent quasi glacial qui souffla et lui mordit la peau, eût raison du sommeil de Giana qui ouvrit les yeux en sursaut. Elle se redressa, tous les sens en alerte, en panique totale de voir que la nuit était tombée depuis longtemps.
— J'ai dû m'endormir sans m'en rendre compte.
Elle remit son pull-over pour se protéger du froid, prête à reprendre sa route à l'aveuglette, au milieu de la forêt sombre à peine éclairée par les faibles rayons de la lune encore en tout début de sa phase lunaire.
Elle leva le nez et tiqua. Pas une seule étoile dans le ciel. Le plafond noir au-dessus d'elle était complètement couvert et s'apprêtait aussi à cacher la lune, la privant du peu de clarté qui aurait pu l'aider à avancer au milieu de toute cette nature, qui, dans le noir, arborait des formes cauchemardesques et terrifiantes. Adulte ou pas, Giana ne put empêcher son esprit de se projeter dans un film d'horreur, faisant battre son cœur à tout rompre dans sa cage thoracique.
Manque de bol, elle trébucha sur un caillou et s'étala comme une crêpe sur le sol. La chute brutale ne manqua pas de lui rappeler qu'elle n'avait toujours pas pris ses médicaments, accentuant la douleur de sa blessure, désormais à vif. Pour le coup, elle ne retint pas le cri aigüe qu'elle poussa.
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Gia et Le Soldat
RomanceÀ vingt-trois ans à peine, Giana Bertolini se retrouve veuve et enceinte de six mois de son défunt mari Dario, mort, au combat en Irak. Après deux mois de deuil et une dépression qui ont failli lui coûter la vie à elle et son bébé, elle décide de se...