chapitre 75 : de vilains petits secrets

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Voilà déjà plus d'une heure qu'elle arpentait la chambre de long en large, les bras croisés sous sa poitrine, à la fois angoissée et extrêmement excitée de revoir ses enfants.

Ce matin là Giana avait ouvert les yeux dans son lit. Un lit vide de sens loin du corps chaud de son amant qu'elle n'avait pas trouvé à ses côtés au réveil. Après les heures qu'ils venaient de passer à se câliner comme des ados, à se frôler dangereusement et à jouer avec l'excitation de l'autre comme s'ils se lançaient une sorte de ‘‘cap ou pas cap’’ inconscient pour se défier, résister, frustrer et rendre fou de désir le premier qui voudra bien s'adonner à un fougueux baiser. Pourquoi ? Parce que c'était amusant, parce que ça atisait la flamme, le désir propre de chacun, mais Lissandro avait su se contenter de ce petit jeu, craignant de la brusquer lui et ses pulsions. Et parce qu'il avait été aussi doux que prévenant, Giana avait cru qu'il n'aurait pas le courage ni même la force de la quitter et qu'ils accompagneraient ensemble le retour du ciel bleu avec les gémissements explicites d'une belle baise matinale, mais elle s'était de toute évidence trompée.

Lissandro s'était barré aux premières lueurs du jour pendant qu'elle dormait encore profondément. Il n'avait pas réapparu. La peur au ventre, Giana s'était élancée vers la porte pour vérifier s'il avait tenu parole, s'il l'avait bien et bel puni pour avoir désobéi.

Sans grande surprise, elle trouva la porte d'entrée aussi bien que la baie vitrée qui donnait accès à la terrasse, bloquées. Elle en avait grogné de frustration. Autant parce qu'elle se retrouvait enfermer que parce qu'il n'avait pas été là à ses côtés ce matin pour la câliner, l'embrasser, lui chuchoter dans le creux de l'oreille qu'il était là, alors qu'elle en avait grandement besoin de cette douceur dont il avait su faire preuve cinq heures plutôt alors qu'elle s'était assoupie toute nue sur lui. Une part d'elle, la soumise, comprit que cela faisait parti de la punition. Il n'y allait pas de main morte pour lui faire entrer dans la tête qu'elle n'avait plus intérêt à le désobéir.

Elle allait avoir mal à son petit cœur à cause du manque monstrueux qu'elle ressentait et le pire dans tout ça, c'est que c'était calculé, volontaire, prémédité.

Lorsque Giana en eut par dessus la tête d'attendre le retour de cet homme qui sonnait comme un idéal plus elle y pensait et s'impatientait, elle se laissa tomber sur le lit, frustrée, les yeux embués de larmes. Lissandro la positionnait dans une situation qu'elle avait du mal à supporter, à vivre comme si c'était normal. Cette horrible frustration qui la démangeait depuis tout à l'heure, elle ne l'avait plus ressenti depuis longtemps. Plus depuis les premières semaines qui succédaient leur rencontre brutale où il ne pensait qu'à la soumettre à lui. Elle se rappela sa cruauté, sa méchanceté, son envie extatique de lui faire du mal, la voracité dans ses billes vertes chaque fois qu'il coulait des regards lubriques sur sa silhouette. Au bout de deux heures, elle craqua et pleura en silence, roulée en boule au milieu du lit.

Cette noirceur estompé avec le temps et les sentiments qui l'avait apprivoisé, il l'avait retrouvé.

Mêlée à l'amour possessif qu'il lui portait, le cocktail n'en était devenu que plus malsain, plus dangereux, rempli de vice dont elle ne se doutait pas. Elle osait encore moins imaginer ce qu'il faisait pour nourrir ce vice nouvellement né puisqu'il avait du mal à contenir ses pulsions masochistes et meurtrières.

C'est à la nuit tombée, après avoir passé la journée à se morfondre et à pleurer de plus belle après qu'un des hommes de Lissandro lui ait apporté un plateau repas que Giana vit la porte de sa chambre être poussée. Dans l'embrasure, se tenait Lissandro élégamment vêtu de noir. Son regard de braise en disait long sur ce qu'il pouvait ressentir en l'ayant sous sa coupe de cette manière. Son attitude, sa posture de prédateur traduisaient les pulsions folles qui le possédaient, mais également la colère. Nul doute qu'il lui en voulait encore de l'avoir trouvé toute nue dehors à trois heures du matin et peut-être même qu'il lui reprochait autre chose, mais ça, elle s'en foutait pas mal.

Gia et Le SoldatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant