chapitre 69 : prise au piège

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— Emmène les enfants loin d'ici ! exigea-t-il une fois le diner tout entier évacué.

L'ordre de Santiago claqua comme un coup de fouet. Giana agrippa fermement les mains de ses enfants tandis que ces derniers se cramponnèrent à ses jambes quand un policier s'accroupit à leur niveau.

Un sourire cruel fiché au coin des lèvres, Santiago ancra ses yeux noirs ébène dans les siens, adoptant un air aussi hautain que celui avec lequel Giana le dévisageait sans cacher son envie de le trucider. Malheureusement sa colère n'avait pas le don de le faire trembler. Le danger qu'elle dégageait et pouvait inspirer à quiconque l'impressionnait encore moins.

— Demande leur de nous suivre gentiment Bertolini ou sinon...

— Non ! cracha-t-elle haineuse en gardant ses petits garçons tout prêt d'elle.

— Je n'ai pas terminé ! vitupéra-t-il en se dressant au dessus d'elle, cherchant à tout prix à avoir le contrôle sur cette petite femme dangereuse.

Giana ravala difficilement ses injures, toujours plus en colère après lui. Rien que pour ça, elle en vint à le détester comme lui devait sûrement la haïr. Il aurait pû la brûler sur place tant il l'incendiait du regard. Entre eux, la tension était à son comble. Giana s'en voulut amèrement de se retenir de vouloir lui planter le couteau de table posé sur la table voisine à porté de sa main. Elle en crevait d'envie, mais avec ses fils dans les pattes, ce n'était pas gagné. Giana n'avait pas envie de leur montrer le monstre qui avait tué son innocence. S'il n'y avait pas eu les enfants, cela aurait fait longtemps qu'elle lui aurait fait regretter de l'avoir regardé comme il était en train de le faire en s'en prenant à ses yeux. Elle lui aurait tranché la langue juste après, histoire qu'il comprenne qu'il n'était pas le bienvenu pour lui donner des ordres, ni lui, ni aucun autre homme d'ailleurs. Puis, sa gorge aurait goûté au fil de sa lame dentelée. Bref... un carnage sanglant. Cette image atroce la fit frémir de l'intérieur. Giana en fantasma littéralement et ça, Santiago n'eut aucun mal à le deviner. Son sourire en coin qui s'élargit pour ne refléter que l'amusement que son instinct de tueuse provoqua en lui, le prouva.

Presque aussi furtif que tout à l'heure, il avala la distance encore présente entre leur deux corps et se pencha à son oreille.

— Je sais le genre de femme que t'es Bertolini ! Je sais ce que t'as en tête et ça ne m'impressionne pas, alors range tes ardeurs petite tueuse parce que t'en auras pas besoin. À moins bien sûr que tu ne veuilles offrir à tes gamins un véritable spectacle sanglant digne de ce nom et quand je dis sanglant, je parle de ton sang qui va jaillir de ta carotide dès que je t'aurais sectionné la veine jugulaire avec mon canif ! Je le dégaine assez vite, alors fais gaffe !

Ses menaces eurent l'effet escompté sur Giana. Elle ne pouvait décemment pas ignoré ses avertissements d'autant plus qu'il avait l'air de dire la vérité. Santiago se réjouit de la voir baisser les yeux.

Sa voix fine qui tremblota lorsqu'elle ouvrit la bouche le fit gagner en confiance et en pouvoir.

— Qu'est-ce que vous voulez ?

— Pour l'instant... je veux que tu demandes aux gamins de suivre mon ami. On ne leur fera pas de mal si ça peut te rassurer.

— Et ensuite ? Je vais les revoir ou vous allez m'arrêter ?

— Ça... ça va dépendre uniquement de la suite. Mais j'aime autant te prévenir que tu ferais mieux de coopérer... Principessa ? fit-il en déchiffrant l'inscription sur le ras de cou qu'elle portait autour de la gorge. Princesse mon cul ! T'es pas une princesse toi. T'es tout sauf une putain de princesse.

Le ton condescendant de sa voix la fit grincer des dents. Mais ce n'était pas assez pour la faire exploser. Giana contint sa rage de justesse et préféra contre-attaquer en répliquant tout aussi grossièrement à son nouvel ennemi.

Gia et Le SoldatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant