chapitre 40 : terreur nocturne

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Tard dans la nuit, Giana ouvrit les yeux en sursaut, le cœur battant à un rythme effréné, victime d'affreux cauchemars qui l'avaient terrassé la nuit durant et notamment un cri. Un cri horrible sorti tout droit d'un film d'épouvante qui l'avait rempli d'effroi et qu'elle avait encore l'impression d'en entendre les échos caresser insidieusement ses oreilles. Cette terreur, elle ne se l'expliquait pas.

Gémissante, en nage, elle se redressa tant bien que mal, dans le lit du Soldat qui, debout au pied de sa couche, l'observait tranquillement sans mot dire. Les bras croisés sur son torse, il ruminait sa colère depuis qu'elle s'était mise à gigoter dans son sommeil. Le Soldat n'avait pas osé l'approcher craignant de laisser parler la rage encore présente en lui. À la place, il préféra l'observer de loin, et ce même si l'envie d'aller la toucher était plus forte que tout.

— Tu ferais mieux de te rendormir.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

— Rien Giana. Rendors toi.

— Je me sens... bizarre. Dis moi ce qui va pas chez moi !

Le Soldat expira bruyamment par le nez sans cacher son agacement de la voir encore lui tenir tête. Il la sonda d'un regard mi-agressif, mi-tendre, tenté d'adopter un comportement indulgent envers la femme mal en point qu'il avait en face de lui, mais ce fût sans succès.

— Tu as été drogué ! lui annonça-t-il de but en blanc.

Encore dans les vapes, Giana ne sût pas comment réagir face à la nouvelle qu'il lui balança aussi abruptement, mais elle était au moins sûre d'une chose, tant qu'il darderait  sur elle ce regard froid d'une puissance semblable à sa cruauté, elle ne le laisserait pas l'approcher. Giana ne comprenait pas pourquoi il agissait avec autant de méfiance et d'indifférence.

— Pourquoi ? Je ne comprends pas.

— D'après le docteur, tu as fait un malaise. Sans doute la chaleur, le stress ou la fatigue. Rien d'alarmant. Un trop-plein d'émotions qui t'as étourdi. Tu t'es cassé une côte en tombant. Les médocs t'empêchent de sentir la douleur. C'est pour ça que t'es presque dans les vapes...

Le Soldat s'interrompit subitement lorsqu'il s'aperçut qu'elle le fixait désormais complètement perdue et surtout effrayée. Ce n'était pas le genre de nouvelle à laquelle elle s'attendait en quittant le royaume des cauchemars. Rien ne l'enchantait, encore moins le calme olympien avec lequel il lui débitait tout ça sans ciller.

— Disons juste qu'il a fait son travail !

— Je veux aller à l'hôpital ! lui fit-elle savoir tout bas, c'est pas sensé se dérouler de cette façon.

Giana se laissa tomber dans le lit en geignant, espérant bêtement qu'il accéderait à sa requête, quand un cri lointain se fit entendre. Elle sursauta brusquement. C'était de loin le cri le plus horrible qu'elle n'eut jamais entendu.

— Qu'est-ce que c'était ?

— Rien. Rendors toi, tu veux ? On parlera demain.

— Et parler de quoi au juste ? Pourquoi t'es comme ça ?

Le Soldat décroisa ses bras et osa, pour la première fois depuis qu'elle avait ouvert les yeux, faire un pas dans sa direction. Contre toute attente Giana sauta de l'autre côté du lit pour échapper à sa mauvaise humeur qu'elle pouvait sentir à des kilomètres. Aussi surprenant fut la réaction de Giana, Le Soldat ne fit aucun commentaire sur son comportement, néanmoins il garda l'expression dénuée de tendresse qui commençait à lui faire peur à Giana.

— Soldat...

— Tu as une côte cassée alors tu ferais mieux de te rallonger !

Giana prit une minute pour observer cet homme intimidant sous toutes les coutures. Sa colère et les reproches inexprimés dont il semblait l'accuser la laissèrent sans voix. Elle ne supportait pas de le voir aussi peu prévenant et bienveillant envers elle.

Gia et Le SoldatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant