chapitre 54 : flamme destructrice

1.2K 86 42
                                    

Remise des émotion fortes de ce matin, Giana s'autorisa un petit moment seule avec ses garçons loin des regards brûlants du Soldat. C'est à peine si elle s'entendait respirer tant il la troublait. Et sa déclaration l'avait mise dans un état indescriptible de pure bonheur. Elle en avait frémi. Au milieu de tout ce chaos qui la constituait, elle s'était sentie revivre. Mais encore, fallait-il qu'elle y croit dur comme fer à ces sentiments.

Assise sur le lit de Dario, un sourire timide fiché sur les lèvres, elle observait ses deux petits garçons, assis sur le sol l'un à côté de l'autre en train de colorier. Seul Dario essayait de lui faire la conversation en tentant de lui apprendre une comptine, mais Alessandro ne disait rien. Tétine en bouche, il se contentait de prendre les crayons que son grand frère lui tendait et coloriait où il lui indiquait de colorier.

Elle se frotta la nuque, un tantinet gênée quant à ce qu'elle s'apprêtait à faire, maintenant qu'elle n'avait pas Le Soldat sur le dos comme ça avait été le cas toute la matinée.

Giana avait beau ressentir des choses, et encore plus depuis qu'il lui avait fait sa déclaration qui avait plus que tout bousculé son cœur, son envie de le fuir était toujours là. Cette petite soumise qu'elle avait enfermé dans une cage était en train de revenir en force, et ce, dès qu'il l'enflammait de son regard fiévreux. Giana le sentait.

Elle en avait peur alors elle ne trouvait rien de mieux à faire que fuir. Et s'il fallait emmener ses deux garçons avec elle, elle n'hésiterait pas à le faire, quitte à arracher Alessandro à son père.

Nerveuse, elle se laissa tomber près de Dario et prit un crayon qui traînait près de lui. En appui sur ses coudes, elle s'allongea sur le ventre et se mit à colorier avec lui, pour le plus grand plaisir de Dario.

— Tu t'amuse ici ? Avec Lissandro ? commença-t-elle tout en douceur.

— Oui. Lissandro c'est le meilleur. On est allé à l'aquarium hier ! J'ai vu des requins et des tortues ! Oh et aussi, je vais avoir un petit poisson rouge ! Capitaine Nemo !

— C'est super ! Il est gentil Sold... Lissandro. Mais me dis pas qu'il te fait des frites tous les matins au petit déjeuner !

— Non ! Aujourd'hui c'était spécial !

— Tu l'aimes beaucoup, j'ai l'impression.

— Hum hum. C'est un peu... mon deuxième papa. Tu lui as beaucoup manqué tu sais !

Giana cassa la mine de son crayon sous l'emprise des souvenirs qui envahirent ses pensées. Des souvenirs du Soldat et de cette femme qui continuait de la hanter. À elle seule, cette image grignotait, le peu de confiance qu'elle avait en lui.

— Ah oui ?

— Oui ! Et à toi ? Il t'as beaucoup manqué aussi ?

— Je... je ne sais pas trop. bredouilla-t-elle en se redressant.

Dario leva son visage vers elle et fit la moue.

— C'est pourtant simple comme question.

— Je sais mon cœur. Je n'ai pas envie de répondre.

— Pourquoi ?

— Comme ça.

— Pourquoi ?

— Et si je t'emmènais toi et Alessandro manger une glace ? Tu veux bien ?

Dario se redressa sur ses genoux, tout content, et tapa dans ses mains, excité comme une puce.

— Oh oui ! Je vais prévenir Lissandro !

— Non !

Giana l'arrêta avant qu'il n'atteigne la porte. Elle le ramena à elle et l'embrassa sur la joue, faussement sereine.

Gia et Le SoldatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant