chapitre 48 : s'oublier, se détester.

997 76 35
                                    


— Encore !

En sueur, Giana donna un autre coup de poing dans le sac de sable en face d'elle. Elle n'avait eu qu'à l'imaginer à la place d'Isadora et le reste avait suivi naturellement.

— Continue ! T'arrêtes pas !

Elle enchaîna par une série de coup de poing violents et termina par un coup de pied retourné qui envoya le punching Ball valser et se balancer au bout de sa corde, au plus grand plaisir de son entraîneur qui admira sa combativité et lui montra sa fierté à travers un grand sourire admiratif.

À bout de force et haletante, Giana expira un grand coup avant de se laisser tomber sur le ring, complètement lessivé. La surplombant de toute sa hauteur, son entraîneur se pencha sur elle, un sourire fier fiché au coin des lèvres.

— Tu progresses vite ! C'est bien !

Elle se redressa, encore en plein extase suite aux libérations importantes d'endorphines liées à son effort physique intense. Elle ne savait pas bien pourquoi Isadora avait décidé qu'elle apprendrait à se battre, mais elle ne s'en plaindrait pas. Se défouler lui permettait d'oublier les nuits en cellule, les semaines d'affilées dans l'obscurité qui paraissaient durer une éternité, les coups de fouets et les humiliations qu'Isadora lui faisait subir tous les soirs. Véritable lavage de cerveau qui lui avait fait oublier bien des choses auxquelles elle tenait et tentait tous les soirs de s'en rappeler. Mais ce n'était pas aussi simple. La peur dirigeait ses émotions dorénavant et plus rien de bon n'était parvenu à ressortir de son cœur mortifié. Elle avait peur de se faire encore punir si Isadora se rendait compte qu'elle nourrissait encore l'espoir de revoir un jour, cet homme qu'elle ne parvenait pas à oublier, alors elle préférait taire ce qu'elle éprouvait pour lui. Ce sentiment qui la remplissait de joie, mais l'avait fait pleurer tant de fois, parce que ça la frustrait de ne pas l'avoir à ses côtés, elle avait choisi de le taire au plus profond d'elle.

Trois mois déjà qu'elle était là et jamais elle ne s'était sentie aussi vide. Vide d'espoir, et d'un retour à la vie normale auquel elle n'y croyait plus. La seule chose à laquelle elle se raccrochait encore aujourd'hui et qui la faisait tenir chaque douloureux jour qui passait, était ce petit être qui grandissait dans son ventre. Giana en était certaine désormais. Il y avait quelqu'un là dedans, au chaud, mais pas en sécurité. Les envies de fruits au milieu de la nuit, son soudain penchant pour le salé sucré, les nausées qu'elle était parvenu à cacher et les hormones qui la rendait à fleur de peau. Tous ces changements le prouvaient.

Elle avait conscience qu'elle devait une totale obéissance à Isadora et se devait de tout lui dire, concernant ses états d'âme, une petite voix lui murmurait de ne surtout pas faire mention du bébé qu'elle attendait. Isadora ne semblait pas être au courant, alors elle n'en parlerait pas.

Pensive, elle descendit du ring en passant sous la troisième corde, profitant de ce petit moment de répit pour souffler un peu. Lentement, elle commença à ranger tout le matériel de sport qui traînait un peu ci et là, mais son entraîneur l'arrêta. Il lui saisit fermement le bras, l'obligeant à remonter sur le ring.

Surprise par son contact brusque, elle hoqueta et regarda cet homme droit dans les yeux, s'interrogeant sur les intentions qui pouvaient bien animer son esprit. Elle ne s'en remettrait pas si jamais il envisageait de lui faire du mal.

De tous les hommes présents avec elle dans ce morbide endroit à l'apparence paradisiaque, il était le seul en qui elle avait un tant soit peu confiance. Son regard d'un bleu très clair à couper le souffle avait su la charmer et sa gentillesse qu'il ne lui témoignait qu'en de rare occasion quand personne ne les surveillait, lui apportait du baume au cœur. Il était son ami ici et les combats au corps à corps, les entraînements intensifs, son exutoire.

Gia et Le SoldatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant