Endormi sur le canapé Le Soldat remua mollement dans son sommeil, dérangé par une voix criarde qui faisait écho et semblait provenir de très loin. Ça hurlait désespérément dans sa tête, s'acharnant à essayer de le tirer de ce sommeil trouble dans lequel Morphée l'avait plongé. Incapable de se sortir de là, il poussa des grognements sourds, tirant sur les chaînes invisibles qui le gardaient piégé dans cette tourmente.
Quelque chose n'allait pas. En général il ne mettait pas autant de temps à sortir d'un cauchemar, mais là, c'était limite le délire.
— Lissandro !
La voix. Elle criait encore. Et il connaissait la propriétaire de cette voix.
Giana !
— Lissandro !
Tirée brusquement de son sommeil par ses appels à l'aide, Le Soldat se redressa brusquement prêt à bondir sur elle pour lui crier d'arrêter de prononcer son nom, mais le spectacle qui s'offrit à lui le freina dans son élan.
— Ah ! La belle au bois dormant se réveille enfin !
Il bifurqua en direction de la voix grave qui résonna tout près de lui et se retrouva nez à nez avec le canon d'un révolver en plein dans la tronche.
— C'est bien ! Reste tranquille petit ! Sinon la jolie demoiselle là, va y passer !
Il leva les yeux sur l'auteur de ces mots. En face de lui, debout les jambes écartées, arborant une allure fièrement arrogante, le quarantenaire en chemise de lin qui le tenait en joue n'éveilla rien au Soldat qui se demanda d'où provenait cet homme, comment avait-il su où le trouver et surtout qu'est-ce qu'il lui voulait ? Il passa au crible tout ce que pouvait bien porter son nouvel et ne trouva rien qui pû le rafraîchir la mémoire. Rien sur les innombrables chaînettes en or qui ornaient son cou, pas même le plus petit emblème sur les bagues et chevalières serrées autour de ses huit doigts, les pouces en étant dépourvus. Juste quelques traces de poudre blanche sur le col de sa chemise qui en disait long sur le genre de personnage qu'il était.
Alors qu'il était encore à se demander comment il avait fait pour ne pas se réveiller au point d'avoir laissé cette bijouterie ambulante prendre ses aises dans sa chambre, le gémissement de sa prisonnière coupa court à ses réflexions. Il se tourna vers celle qui l'avait désespérément appelée et la trouva, maintenu immobile par un grand gaillard qui ne se gênait pas pour lui tordre les bras dans le dos sans se soucier de savoir si elle avait mal ou pas.
Il serra les poings, habité par une rage sans nom qui se répandit dans ses veines, animant une lueur animale que Giana ne connaissait que trop bien.
— Hey ! On se calme princesse ! vociféra-t-il en appuyant le canon de son révolver contre la tempe du Soldat.
Ce dernier serra les dents de plus belle, la respiration hachée. Se retrouver dans cette fâcheuse position n'était pas pour lui plaire.
— Voilà, c'est bien et maintenant si on discutait !
— Et de quoi ? Je te connais pas ! Qu'est-ce que tu me veux ?
— Oh c'est vrai ! Les présentations n'ont pas été faite. Moi c'est Emilio et toi Lissandro si j'en crois ce qu'a dit ta petite copine.
— Emilio... t'as plus une tête d'un putain d'enculé que celui d'un Emilio, mais non... ça ne me dit rien.
Emilio rit jaune.
— T'es un vrai comique toi ! lança-t-il en prenant place sur une chaise.
— Et toi un emmerdeur de première, enculé !
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Gia et Le Soldat
RomanceÀ vingt-trois ans à peine, Giana Bertolini se retrouve veuve et enceinte de six mois de son défunt mari Dario, mort, au combat en Irak. Après deux mois de deuil et une dépression qui ont failli lui coûter la vie à elle et son bébé, elle décide de se...