chapitre 13 : ambiguïté sentimentale

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Giana sauta de son tabouret et creusa le plus de distance possible entre elle et Le Soldat, peinant à croire ce qu'il venait de lui avouer. Savoir qu'il avait assisté à toute la scène lui fit monter le rouge aux joues.
Le Soldat fit quelques pas dans sa direction, un sourire coquin scotché sur les lèvres, ravie de l'avoir déstabilisé, elle, sa captive impétueuse.

— Approche. lui ordonna-t-il sur un ton qui n'admettait pas de répliques.

Giana secoua la tête de droite à gauche, pas du tout décidé ni prête à lui obéir.

— Giana, fais pas l'enfant. Je ne suis pas d'humeur.

Elle jeta un regard à Fédérica qui agissait comme si de rien n'était. Le dos tourné, elle s'affairait à ranger la vaisselle propre sans plus se préoccuper d'elle ou de son patron. Giana comprit qu'elle n'obtiendrait aucune aide venant d'elle et préféra donc prendre la fuite. Marchant aussi vite qu'elle le pouvait, sans faire attention aux pas lourd qui se rapprochaient dangereusement d'elle, Giana traversa le salon luxueux de son geôlier, morte de peur, terrifiée à l'idée de se voir privé de cette petite joie ressentie lorsqu'elle avait dansé dans son bureau sans craindre de se faire prendre.

Les bras resserrés contre son corps, elle continua à marcher ainsi, sans oser se retourner. Elle osa s'aventurer hors de la maison, empruntant la sortie principale, celle qui donnait sur l'allée qui menait au grand portail par lequel elle était arrivée dans cette voiture, avec Tito et Marco le jour de son enlèvement.

Les hommes du Soldat postés à la sortie et disséminés un peu partout aux alentours la firent stopper tout mouvement lorsqu'ils se tournèrent tous vers elle, des fusils à la main prêt à tirer si jamais leur chef leur en donnait l'autorisation.

Le Soldat s'immobilisa tout juste derrière elle, à quelques centimètres de son corps qu'il pouvait voir trembler.

— Giana, t'es en train de m'énerver. Rentre ! tonna-t-il les dents serrées.

— Non !

— Giana je...

Elle ne lui  laissa pas le temps de finir sa phrase et fit volte-face. Le regard aussi acéré que celui du Soldat elle empoigna le col de sa chemise sans ciller, à la fois furieuse et effrayée. Dans son regard, Le Soldat décela une grande peur. Une peur dont il ne savait l'origine, mais il se douta que ça avait tout à voir avec ce qu'il lui avait dit tout à l'heure dans la cuisine.

— Foutez moi la paix !

— Joue pas à ça. Tu risque de le regretter. Retourne dans la maison ! C'est un ordre !

— Mettez le vous où je pense votre ordre de merde ! cracha-t-elle haineuse, les yeux embués de larmes.

Giana se rendit compte trop tard qu'elle venait d'aller trop loin. Le Soldat ne laisserait pas passer ça, surtout pas devant ses hommes. Elle le vit dans son regard. Il allait encore s'en prendre à elle et la jeune femme ne pût s'empêcher de penser que c'était de sa faute.

Elle desserra sa prise autour de sa chemise, désirant plus que tout mettre de la distance entre elle et ce type, mais elle aurait dû se douter que Le Soldat n'en resterait pas là.
Le palpitant battant déjà d'excitation, il empoigna ses cheveux, la forçant à renverser la tête en arrière, ce que Giana fit sans chercher à résister, laissant échapper un petit cri aigüe. Ce petit bruit, signe caractéristique de la douleur que ressentit la jeune femme face à ce geste brusque dénué de douceur, fissura quelque chose en lui. Encore. C'était une sensation désagreable qu'il ne tolérait plus.

Tel un animal féroce, il grogna plus contre sa personne que contre elle et lui agrippa la mâchoire, pas très content de ressentir autant de pitié pour elle. A priori, c'était un mot qu'il ne connaissait même pas alors pourquoi seulement avec elle ? Pourquoi ressentir ça maintenant ? Pourquoi tout simplement ?

Gia et Le SoldatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant