Allongée sur le flanc dans son lit, les mains attachées derrière le dos, Giana n'osait plus dire un seul mot de travers de peur d'énerver encore plus Le Soldat. Assis à califourchon sur une chaise, il l'observait tranquillement, écoutant avec une attention toute particulière, sa respiration qui s'était fait courte et hachée. Terrifiée de se retrouver en si mauvaise et faible posture, elle peinait à garder son calme.
— T'es moins bavarde tout à coup. J'ai autre chose pour toi. Regarde.
Giana leva les yeux sur lui et vit qu'il tenait dans sa main un bâillon en forme de boule comme ceux qu'elle avait pu voir une fois dans un sex-shop avec son mari lors d'une balade en ville qui avait tourné au cauchemar avec une pluie torrentielle qui s'était abattue sur eux pile quand ils passaient devant la boutique en question. Forcés de se réfugier là, elle se souvenait encore comment ils avaient ri tous les deux devant tous ces bidules auxquels ils n'y connaissaient rien. Dario avait essayé de comprendre comment certain d'entre eux fonctionnaient tandis que Giana était tombé sur ce genre de bâillon qui lui avait fait un peu peur. Il était accompagné d'une paire de bracelets pour les poignets et les chevilles, et la photo illustratrice de cette femme attachée n'avait fait qu'exacerber son dégoût et son mal-être vis-à-vis du produit. Se retrouver comme ça, sans pouvoir bouger, ni parler et sans aucun moyen de se libérer ne lui disait rien. Il fallait avoir une confiance totale en son partenaire, ce qu'elle accordait sans l'ombre d'un doute à Dario. Le plus flippant pour elle, c'était ce qui pouvait arriver comme imprévu. Même si elle avait confiance en lui, elle ne l'aurait jamais laissé faire et aujourd'hui, son pire cauchemar prenait vie.
Giana frissonna des pieds à la tête en y repensant et ne pût s'empêcher de se tortiller pour essayer de se relever lorsqu'elle le vit se lever de sa chaise et l'approcher avec la ferme intention de la bâillonner avec la chose qu'il tenait dans la main.
— Si tu te débats, ce sera pire.
— M'approchez pas ! Pitié ! s'écria t-elle angoissée.
Le Soldat ne tint pas compte de ses cris et se pencha sur elle, prêt à lui faire payer la gifle de tout à l'heure.
— Tu ne comptes pas ouvrir la bouche, n'est-ce pas ? Je vais m'en charger.
Aussitôt dit, il referma ses doigts sur son petit nez, lui coupant la respiration. Giana n'eût pas d'autre choix que d'ouvrir la bouche pour parvenir à faire entrer de l'air dans ses poumons. Une occasion en or pour Le Soldat qui put placer le bâillon entre ses lèvres avant d'attacher les sangles derrière sa tête pour le maintenir en place.
Il s'éloigna d'elle après le lui avoir mis, mais ne s'en réjouit pas pour autant, surpris de la voir pousser des cris étouffés, respirer comme une asthmatique et surtout, pleurer à gros sanglots. Il ne s'attendait pas à la voir réagir si violemment. Elle lui montrait clairement qu'elle n'aimait pas la chose coincée dans sa cavité buccale. Un léger pincement se fit sentir dans son cœur, le poussant à revenir à ses côtés, craignant qu'elle ne s'étouffe à cause de ses pleurs.— Qu'est-ce que tu me fais Giana, grogna t-il en colère contre lui-même, tu vas finir par t'étouffer.
Avoir pitié d'elle ne faisait pas partie de la punition et pourtant, il était là, prêt à mettre fin à la torture.
Fais chier ! s'insurgea t-il intérieurement.
Il fut forcée de la libérer de son bâillon. Giana toussota, respirant de nouveau à grande goulée, heureuse de ne plus sentir cette boule en caoutchouc sur sa langue.
— T'en as peur à ce point ? demanda-t-il, curieux de découvrir ses peurs les plus profondes.
Trop occupée à se remettre de ses émotions, Giana ne lui répondit pas.
![](https://img.wattpad.com/cover/301578422-288-k321461.jpg)
VOUS LISEZ
Gia et Le Soldat
RomanceÀ vingt-trois ans à peine, Giana Bertolini se retrouve veuve et enceinte de six mois de son défunt mari Dario, mort, au combat en Irak. Après deux mois de deuil et une dépression qui ont failli lui coûter la vie à elle et son bébé, elle décide de se...