Le Soldat termina de refermer le tout dernier carton sous les yeux courroucés de sa sœur qui l'observait emballer toutes ses affaires depuis maintenant dix minutes.Il le posa sur une pile prête à être transportée et récupéra Dario assis sous le bureau en train de jouer avec un hochet qu'il prenait plaisir à agiter dans tous les sens. Maintenant qu'il savait ramper et avait appris à se déplacer assis en s'aidant de ses mains, il suivait Le Soldat partout où il allait. C'est dire qu'il n'avait pas eu un moment tranquille à lui ces quatre derniers mois. Il ne le réalisait que maintenant toute l'énergie que lui pompait ce gosse.
— Tu fous quoi là dessous ? C'est l'heure de manger Dario !
— Ce môme est accroché à toi comme une sangsue ! vitupéra Pietra, tu devrais le donner !
Le Soldat ne releva pas et se contenta de lever les yeux au ciel. Dario bien calé dans ses bras agita son hochet devant le visage du Soldat. Agacé par le bruit, il lui arracha le jouet de ses petites mains et le balança par dessus son épaule, regrettant déjà de lui avoir acheté tous ces jouets bruyants. Habitué à ce que l'homme qui le transportait dans ses bras, lui enlève ses jouets assez fréquemment, Dario ne pleura pas et focalisa toute son attention sur la montre de son tuteur qu'il chercha vainement à avoir dans les mains pour le mettre dans sa bouche.
Talonné de près par Pietra, il l'installa dans la cuisine, sur une chaise haute pour bébé, mentalement prêt à revoir un autre de ses t-shirts ruinés par de la purée de carotte.
— Je te cause Lissandro ! Tu m'écoute ?
Face au mutisme de son frère qui ne semblait plus lui accorder aucune attention depuis tout à l'heure, Pietra commença à se montrer agressive.
— Il n'y en a plus que pour lui depuis que t'as décidé de t'en occuper comme si c'était le tien ! Pourquoi tu ne t'en débarrasse pas ?
— J'ai du mal à croire que t'as été mère un jour, Pietra.
— Ce n'est plus le cas, justement !
— Je sais que le retour à l'hôpital de Tobias est difficile pour toi, mais c'est pas une raison pour te montrer aussi désagréable ! Tu me fais chier ! Tu peux comprendre ça ?
— C'est pas ça ! râla-t-elle.
Le Soldat se tourna vers elle, en train de mélanger un petit pot pour Dario. Le sourcil relevé, il l'enjoigna à développer.
Pietra croisa ses mains sous sa poitrine et posa son épaule contre le chambranle de l'entrée de cette cuisine ouverte qui rappelait à chacun comme à l'autre, un tas de souvenirs autant lié à Giana qu'à leur parent.
— Non, mais regarde toi. T'es même pas son père et tu le chouchoute comme s'il était de toi ! La maison grouille de jouets ! C'est insupportable !
— Il est de Giana, c'est suffisant !
Le Soldat se garda de lui dire que Dario était le frère du bébé que Giana attendait. Son bébé. Toutes les informations qu'Armand était parvenu à lui transmettre concernant sa protégé, il les gardait pour lui, sans jamais en parler à Pietra, ni même à Fédérica. Le fait que sa propre mère soit directement impliquée jouait pour beaucoup. Il comprenait enfin d'où provenait cette odeur sucrée qui flottait sur Dario quand il l'avait récupéré. C'était l'odeur de sa mère. Ce parfum avait terriblement marqué son enfance si bien qu'il avait décidé de l'oublier, refoulant ce souvenir dans les tréfonds de sa mémoire. Elle n'était jamais là auprès de lui, pourtant son odeur si et quand elle rentrait à la maison après des jours d'absence, il n'avait droit à aucune caresse pour le faire oublier la dureté de son père.
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Gia et Le Soldat
RomantizmÀ vingt-trois ans à peine, Giana Bertolini se retrouve veuve et enceinte de six mois de son défunt mari Dario, mort, au combat en Irak. Après deux mois de deuil et une dépression qui ont failli lui coûter la vie à elle et son bébé, elle décide de se...