chapitre 50 : âme incomplète

945 78 75
                                    


— Lissandro ? Lissandro ?

Le Soldat remua faiblement dans son lit, en grognant sourdement.

Cette petite voix craintive qui l'appelait au milieu de la nuit, il ne la connaissait que trop bien désormais.

— Lissandro ? Tu dors ?

— Plus maintenant. marmonna-t-il la tête enfouie sous l'oreiller.

Il entendit des petits pas se rapprocher près de son lit et faire le tour de celui-ci. Son visiteur nocturne grimpa sur le matelas et alluma la lampe posée sur la table de chevet, bien décidé à le réveiller quelque soit l'heure tardive indiquée à l'horloge numérique sagement posé sur la table de chevet.

— Qu'est-ce que tu fous ? Demain t'as école, Dario. Retourne te coucher.

— Je peux dormir avec toi ce soir ?

— Non !

— Juste ce soir. insista-t-il quand même. C'est presque le matin de toute façon. J'ai déja passé la totalité de la nuit dans ma chambre.

Le Soldat se redressa sur ses coudes et le fusilla du regard. Il ne laissa pas sa petite frimousse mignonne et ses yeux de chien battu avoir raison de son autorité.

— C'était comme ça toute la semaine. On s'était mis d'accord qu'une fois fêté tes quatre ans tu ne dormirais plus avec moi, et tu les a eu il y a une semaine tes quatre ans, alors du vent !

— Mais j'ai fait un cauchemar !

— Ça c'est pas mon problème !

Dario fronça les sourcils. Ce n'était pas comme ça qu'il avait imaginé cette petite escapade nocturne hors de sa toute nouvelle chambre. Jusque là, elle n'avait servi qu'à garder ses vêtements et les nombreux jouets qu'il possédait. Y dormir tout seul ne l'enchantait pas.

Il y a une semaine, sa fête d'anniversaire se passait à merveille jusqu'à ce que Le Soldat vienne la gâcher en lui annonçant qu'à partir d'aujourd'hui, il devait commencer à dormir dans sa chambre comme un grand. Jamais Le Soldat n'aurait crû que cette transition se serait avérée aussi pénible pour Dario, et foutrement agaçante pour lui qui demandait un minimum d'intimité, après plus de trois ans à l'avoir pouponné.

Désespéré, Dario se risqua à lui avouer ce qu'il savait de la soirée d'hier, prenant le risque de se faire gronder. Il ne comprenait pas pourquoi il devait dormir tout seul maintenant.

— Tu veux plus de moi à cause de la femme qui est venue ici hier soir ? C'est ça ?

Merde !

Le Soldat jura intérieurement. Il comprit qu'il s'était fait prendre la main dans le sac. Cherchant à rattraper ses conneries, il tenta d'éluder maladroitement sa question.

— Dis pas de sottises ! Et si tu me le racontais ce cauchemar !

Pour paraître plus crédible et avoir l'air de s'intéresser, il se redressa en position assise et ouvrit les bras, l'invitant à venir s'y jeter pour se confier.

Câlin comme il était, Dario ne se refusa pas ce plaisir et alla se blottir tout contre lui.

— Je sais que t'essaies de changer de sujet. murmura Dario, pas prêt de se laisser berner.

— Non, je... je veux savoir. Est-ce que c'est encore le monstre sous ton lit ? Celui avec le vilain chapeau claque ?

— Non. Lui on s'en est débarrassé et puis je ne suis plus un bébé.

— Vraiment ?

— Oui ! Je me réveille tous les soirs pour aller au toilette tout seul, sans ton aide. Alors, oui, je suis un grand maintenant.

Gia et Le SoldatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant