chapitre 60 : corps et âmes

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Giana agita frénétiquement la tête tandis qu'il se penchait sur elle, prêt à fendre sur sa bouche avec avidité.

— Ça veut dire oui ?

— Oui, Soldat !

Lissandro haussa les sourcils, agréablement surpris de l'entendre l'appeler ainsi dans un moment comme celui-là. Il sût que ça deviendrait Le nom par lequel elle le désignerait lors de leur rapport. Quand d'autres avaient obligation de dire Maître, Monsieur ou Dom, elle disait Soldat. Ce personnage sombre faisait son come back en force. Lissandro adora ce contexte. L'issue de cette partie de jambes en l'air s'annonçait rude, brute, ponctuée de quelques petites douceurs, sans plus. Il lui ferait l'amour, mais comme il l'entendait. En exerçant son emprise sur elle, avec brutalité et intensité.

L'amour classique n'avait plus sa place au sein de leur couple bien loin des normes et des convenances. L'un comme l'autre le jugeait beaucoup trop sage pour atteindre le nirvana. Ce nirvana libérateur dont elle avait cruellement besoin.

Giana avait besoin de ce petit truc en plus, de cette folie toute particulière, de relâcher les profondes tensions qui la rongeait depuis près de trois ans maintenant. Elle avait peur certes, et horriblement, mais se laisser aller à cet exutoire était ce qu'elle pouvait faire de mieux pour se libérer de ses craintes et démons. Elle désirait avoir mal. Seule sa main était en mesure de lui procurer ce qu'elle lui réclamait et saurait la déposséder de ce pouvoir que lui avait octroyé Isadora.

Lissandro prit ses lèvres impatiemment, se délectant de l'entendre gémir. Elle s'abandonnait à lui, corps et âme, lui donnant carte blanche pour exercer son pouvoir et lui rappeler cette soumise qui s'oubliait. Elle ne voulait pas laisser Isadora prendre le dessus. Elle s'était servi de ce qu'elle affectionnait en terme de pratique sexuelle et en avait fait son pire cauchemar, mais ce que Lissandro lui avait dit la veille lui avait fait voir les choses autrement.

Giana ne voulait plus avoir peur d'elle-même, de ses désirs secrets et encore moins du père de ses enfants. Sursauter et craindre une petite fessée de rien du tout chaque fois qu'il serait sur le point de faire l'amour brutalement n'était pas pour lui plaire. La nature sauvage et sadomasochiste de son compagnon incluait ce genre de pratique, ni plus, ni moins. La peur l'avait assez dominé comme ça pour en plus la laisser s'en prendre à ses désirs.

Lissandro n'eût aucun mal à le déchiffrer et ça l'excita d'autant plus. Il ne serait pas clément, elle le savait. La dimension affective qu'ils partageaient n'était en aucun cas, un frein à l'abandon sans restriction qu'elle lui faisait de son corps en manque de sa rudesse à lui. C'est sa violence qu'elle souhaitait voir à l'œuvre sur son corps, ses marques qu'elle désirait voir marquer sa peau, pas celui d'Harlequin ou d'Isadora. Juste lui et seulement lui.

Il ressentit néanmoins le besoin de lui rappeler son droit, car une fois lancée, il serait inarrêtable.

— Ton safeword, tu t'en souviens ?

— Je ne veux pas l'utiliser.

Son cœur en prit un sacré coup. Lissandro ne s'attendait pas à la voir renoncer au seul contrôle qui lui était réservé durant leur fol ébat.

— Giana...

— Lissandro, je t'en prie, j'ai assez peur comme ça ! N'en rajoute pas ! Fais moi juste oublier. Je veux me rappeler de toi et seulement de toi mon amour.

Lissandro baisa délicatement ses lèvres en signe d'acceptation. Elle se livrait à lui pour qu'il la guérisse tout simplement, il ne pouvait pas lui refuser ça.

— D'accord. Mais si jamais t'as peur, dis le moi, ok ?

Giana acquiesça. Elle savait que rien ne se ferait en un jour et qu'elle n'oublierait certainement pas les sévices d'Isadora en ce début de matinée qui s'annonçait chargé en sensation. D'autant plus qu'il n'avait ni fouet, badine, cravache, paddles, pinces, menottes ou lanière. Juste sa ceinture en cuir qu'il ôta lentement des passants de son pantalon et lui présenta. Giana compris qu'elle serait en contact constant avec sa peau pour les prochaines heures à suivre.

Gia et Le SoldatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant