12 - Chez le professeur Waltz

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          Avant de quitter l'hospice par une porte dérobée située dans un détour du sous-sol, Électra remercia les médecins Delmaz et Merault avec gratitude. Le premier, un peu plus relaxé qu'au début, lui dit que ce n'était pas grand-chose, et le second se contenta d'un signe de tête avant que tous deux ne s'éclipsent, retournant à leurs occupations.
Ce n'est que juste avant d'avoir franchi le pas de la porte menant à un escalier sensé les à la surface que la jeune femme conseilla à Raphaël de passer devant.

- J'aimerais parler avec Orion, quelques instants, dit-elle.

Raphaël fronça les sourcils.

- C'est personnel ? demanda t-il. Je préférerais rester.

- Bon, soit.

À vrai dire, ce n'était pas qu'Électra ne souhaitait pas la présence de son acolyte mais plutôt qu'elle s'était rappelée ô combien toutes ces discussions à propos de Mikhaïl ne le concernaient pas. Enfin, ils avaient fait un marché, celui de s'entraider, alors elle ne pouvait pas vraiment lui dire non.
Orion, qui les reconduisait, s'arrêta pour écouter la jeune femme :

- Je n'en ai pas parlé avec vos collègues mais il y a une autre chose que je voudrais savoir...

- Quoi donc, mademoiselle ?

- Connaissez-vous cette affaire de suicides qui se seraient passés dans le district artisanal ?

Orion se gratta la barbe.

- Oui, oui, bien sûr..., répondit-il. Aurait-elle un lien avec le suicide de votre frère ?

- C'est possible, mais je ne connais absolument rien de cette histoire.

- Eh bien, pour tout vous dire, c'est qu'elle est bien tragique. Avant que vous n'arriviez en ville, et ce depuis plusieurs années, le nombre de suicides dans le district des artisans avait considérablement augmenté. On crut au début qu'il s'agissait de meurtres car le processus était à chaque fois le même ; les victimes se fracassant la tête contre un mur jusqu'à en décéder.

- C'est affreux..., murmura Raphaël.

- En effet. Les autorités royales ont même dû intervenir en plaçant plusieurs patrouilles de gardes la nuit tombée dans tout le district. Moi-même, en constatant à l'hospice que chaque individu s'était suicidé de la même manière, je ne comprenais rien. La reine elle-même a dû décréter un couvre-feu, mais il y avait toujours des hors-la-loi et ces derniers finissaient aussi par mettre fin à leurs jours.

Quelle ville sanglante, pensa Électra. Mais à quoi s'attendre d'autre ?

- Je vois, dit-elle. Pourtant, je ne comprends pas le rapport entre ces suicides et celui de mon frère puisqu'il ne vivait pas dans ce district et n'est guère mort de la même façon...Vous avez dit que ces étranges suicides avaient pris fin avant notre arrivée, c'est cela ?

- Oui. Du jour au lendemain, tout s'est calmé.

- Vous rappelez-vous d'une date précise ?

Orion sembla réfléchir, essayant de se remémorer des souvenirs, puis déclara :

- Peut-être trois semaines avant ? Ou un peu plus.

Trois semaines. Pile le temps qui s'est écoulé depuis la mort de Mikhaïl. L'arrêt de ces suicides inexplicables concordait donc avec celui de son frère aîné ? Là, il y avait une piste. Électra remercia Orion avec encore plus de gentillesse que les deux précédents et gravit les marches, suivie de près par Raphaël. L'escalier était long, elle eut donc le temps de lui exposer sa remarque.

Le Cygne NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant