29 - La tueuse de démons

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Les longs cheveux blonds de la reine Magdalen ressemblaient à des épis de blé torsadés, dorant sous un soleil d'été dans les campagnes reculées du pays.
Atlas passait ses doigts entre ces mèches soyeuses, sentant la chaleur de sa femme lui réchauffer le torse alors que le couple royal était allongé sur un divan, profitant du bon temps et de la quiétude de la forteresse qui servait de demeure aux rois d'Osphariel depuis des millénaires.
Ici, la vie était rythmée par les cycles solaires et le ruissellement de l'eau des innombrables fontaines et cascades que comptait la résidence. Une paix lumineuse régnait entre ces murs, celle d'un royaume fait d'harmonie et de piété dirigé par un souverain à son image.

Celui qu'on appelait désormais le fils de l'Équilibre venait de sortir de sa torpeur, enivré par le parfum de son épouse et reine.

- J'ai fait un rêve, ma douce..., dit-il en papillonnant des yeux.

- Ah oui ? Était-ce un rêve agréable, sire ?

Le roi acquiesça.

- Les collines d'Émeraude se mouvaient sur mon passage alors qu'Elle m'appelait à elle. Je répondis à sa voix et courus à travers ce paradis vert et vis un lac. Une étendue si bleue, mon amour ! si limpide ! J'ai plongé dans cette eau à sa recherche, j'avais eu peur de perdre sa trace...

- L'Équilibre ? devina Magdalen.

- Oui, l'Équilibre. C'est la force qui régie chaque chose de ce monde et qui crée une balance éternelle pour que la lumière puisse toujours l'emporter sur l'obscurité. J'ai vu la déesse qui m'appelait dans ce rêve. Je le sais !

Le roi Atlas se redressa brutalement, arrachant quelques cheveux à Magdalen qui grimaça de douleur.

- Je suis l'Arkaniel, déclara t-il.

- Vous l'êtes, en effet.

Il lui attrapa les mains, pressant. Ses multiples bagues et chevalières rentraient dans la peau délicate de sa femme.

- Nous devrons bientôt agir. Je le sais. La déesse me le chuchote chaque nuit que je passe loin des champs de bataille...

- L'Équilibre ne peut pas se tromper, convint Magdalen. Mais n'oubliez pas votre famille, Votre Majesté.

Elle posa une main sur son ventre arrondi.

- Entends-moi, ma douce ; ce que je fais, je le fais pour le royaume mais aussi et surtout pour nous. Tu le sais bien ? Grâce à moi, notre fils régnera sur un Continent en harmonie.

- Certes...mais j'ai simplement peur, fit la reine. Je n'avais que huit ans quand je vous ai vu quitter Eshren pour mener une guerre contre les souverains du Nord, et mon coeur s'est serré ; j'ai cru que j'allais mourir, ce jour-là. Je ne voudrais pas revivre la même angoisse, même au nom de la grande déesse. Promettez-moi de revenir sain et sauf.

- Mais que dis-tu ? Douterais-tu de moi, Magdalen ?

Un sourire triomphal illumina le visage du roi.

- Je m'en vais en guerre contre le fils de l'homme que j'ai vaincu il y a près de trente ans ! Un adolescent adepte de magie noire qui n'a jamais mené une armée ! C'est presque trop facile.

- Acceptez-vous donc de le rencontrer, ici, sire ? demanda t-elle. Vous n'avez toujours pas répondu à sa missive...

Atlas marqua une pause, comme si cela lui était complètement sorti de la tête. Ses yeux hyperactifs bougeaient dans tous les sens et ses grosses mains serraient encore plus celles de la reine, s'y raccrochant comme une sangsue. Il finit par dire :

Le Cygne NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant