Depuis qu'il avait quitté Osphariel, le roi Atlas prenait du bon temps à contempler les paysages divers du Continent, des plaines verdoyantes du Sud aux monts rocheux de l'Est. Bientôt, ils arriveraient en Hydralia et verraient s'élever devant eux les infranchissables remparts de Desmarid. C'était une perspective excitante qui lui donnait presque la chair de poule. Il ne pouvait plus attendre, et même dans son sommeil, Atlas trépignait d'impatience à l'idée de voir les têtes d'Adorjan et de son fils rouler jusqu'à lui.
Le voyage était d'une longueur savoureuse. Se déplaçant toujours dans un confort luxueux, Atlas faisait installer sa tente royale tous les soirs pour qu'il puisse se reposer en toute sérénité. Elle trônait au coeur de l'immense campement de son armée, comme la forteresse d'Eshren dominait la ville. C'était un savant enchevêtrement de toiles, de soie et de brocart qui composait cette tente, et à cet instant, Atlas pouvait imaginer le clair de lune briller au-dessus de celle-ci. Elle brillait pour lui, comme le lui répétait souvent la déesse.
Sur son torse reposait la tête de Clarys d'Asthamos, encore toute haletante et transpirante. Son souffle chaud sur sa peau nue le réchauffait. Elle soupira :
- Votre vigueur m'impressionnera toujours, Votre Altesse...
- Vous vous jouez de moi, lieutenante ?
Atlas la prit par le menton et l'embrassa avec férocité. Elle sentait la liqueur et la rose.
Clarys répondit à ce baiser du mieux qu'elle le put, mais elle avait l'impression que le roi était en train de la dévorer toute crue. Jamais aucun homme ne l'avait déjà embrassée de cette façon, à Eshren. C'était délicieusement violent et obsessionnel. Au bout d'un moment, il la relâcha et elle put reprendre son souffle.
- À partir d'aujourd'hui vous viendrez toutes les nuits me tenir compagnie, dit-il. Vous êtes plus douée que je ne le pensais.
- Vous m'excuserez Votre Atlesse, mais j'ai d'autres hommes dont je dois m'occuper. Des soldats, je veux dire. Je peux vous trouver des courtisanes dans les environs si vous le souhaitez ?
- Des hydraliennes ? s'exclama t-il. Je préfère les blondes du Sud comme vous.
- Ou comme la reine.
Clarys rit, et son oeil de saphir étincela.
- J'aurais voulu croire que vous étiez un homme fidèle mais visiblement, les rumeurs étaient vraies..., dit-elle. Pauvre Magdalen. Elle accepte trop facilement vos tromperies, m'est avis.
Atlas voulut la gifler mais Clarys l'évita avec dextérité. En se redressant, le roi put admirer sa taille fine, sa peau dorée, sa poitrine parfaite. C'était une vue splendide. D'un geste il la fit basculer vers lui, de sorte que leurs corps humides soient collés.
- Magdalen est la vraie courtisane, lui dit-elle par télépathie. Je suis votre véritable reine, Votre Altesse.
- Vous êtes toutes les deux des courtisanes. Je ne révère que l'Équilibre, et ce jour et nuit.
Clarys l'embrassa. Elle laissait traîner sa langue autour des lèvres du roi.
- Si vous le dites..., murmura t-elle. Peut-être bien que la déesse a ses favoris. Vous êtes l'Arkaniel mais vous n'avez rien du comportement d'un ange.
- Un ange ? Non, je ne le suis pas. Mais peu importe, je suis l'élu destiné à vaincre le prince Soren. D'ailleurs, votre frère est-il encore vivant ? Je m'étais fait le devoir de les lui trancher s'il revenait les mains vides.
La lieutenante haussa les épaules.
- Il doit être mort, supposa t-elle d'un ton léger. J'ai surestimé ses capacités en le chargeant d'assassiner le prince, mais au moins, vous êtes débarrassé de lui.
VOUS LISEZ
Le Cygne Noir
Fantasy《 Il existe, sur terre ancienne appelée le Continent, deux royaumes ennemis s'affrontant depuis des millénaires. Électra est une habitante de l'insignifiant royaume de Cyrianie. Rejetée par son village, elle décide de tout quitter lorsqu'elle appre...
