13 - Le prince Soren

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- Sa Majesté la reine souhaite vous voir, mon prince. Elle patiente dans l'antichambre.

Le prince leva les yeux du portrait de la jeune femme qu'il était en train d'inspecter, puis hocha la tête en signe d'approbation. Sa mère apparut ensuite à l'encadrure de la porte, un sourire aux lèvres, les bras grands ouverts.
Elle lança :

- Mon fils ! Quelle joie de te voir enfin t'intéresser à une damoiselle !

Elle s'approcha rapidement à petits pas, faisant attention à ne pas marcher sur les volants de sa longue robe couleur prune.

- Oh, mais c'est la fille aînée de l'archiduc d'Halvar. Ravissante, pas vrai ?

- Melrina, la nomma t-il. Je la connais.

- Oui. Je me doutais bien que tu te souvenais d'elle. C'est un joli prénom, m'est avis. Toutes les courtisanes ne cessent de la médire par pure jalousie car sa beauté, sa vivacité d'esprit et sa grâce troublent bon nombre de jeunes nobles fortunés.

- Mère, ce qu'elle porte au cou...Il s'agit du pendentif de Saturne, n'est-ce pas ? Je ne l'avais jamais vu aussi bien représenté sur une toile.

Le prince n'était pas en train de contempler la beauté de Melrina mais plutôt celle de son collier qui était l'une des reliques magiques les plus anciennes de tout le royaume. Elle appartenait à la famille d'Halvar depuis plusieurs générations. Le pendentif était banal : une chaîne en bronze poli d'où était accroché un topaze d'un jaune vif, mais le pouvoir qu'il renfermait dépassait celui de la majorité des artéfacts présents dans le Nord.
En constatant cela, la reine Kalypso s'exclama :

- Soren ! Je t'ai demandé de me faire part des jeunes héritières qui t'avaient le plus intriguées, pas de me parler de ce pendentif.

Le jeune homme soupira.

- Eh bien, je ne pense pas pouvoir me fier uniquement à la beauté de l'une de ces jeunes femmes...Bien qu'elles soient toutes tout à fait charmantes -je ne le nie pas- il me faudrait plus de temps.

- C'est justement le temps qu'il te manque, mon fils. Le bal approche, je te rappelle ! Et tu dois d'abord faire un choix car c'est toi, cette fois-ci, qui nommera le Cygne du bal.

- Ces traditions m'exaspèrent au plus haut point...

Kalypso soupira à son tour.

- Enfin, que t'arrive t-il ? demanda t-elle, plaintive. Voilà qu'il y a quelques jours, tu m'avais fait la promesse de te trouver une prétendante à ton goût avant la bal, mais maintenant, tu sembles complètement ailleurs.

- Je vous l'ai dit, j'ai simplement besoin de temps pour réfléchir. À vrai dire, un mariage n'est pas ce qui m'importe le plus en ce moment.

Le prince se leva, détendant ses muscles tendus par des heures passées assis.

- Osphariel s'agite, dit-il.

- Ce n'est pas toi qui me l'apprendra..., murmura la reine.

- Nos espions m'ont rapporté que le Temple est en ébullition : le fils de l'Équilibre pourrait bien faire son apparition d'un jour à l'autre, d'après les dires du Sud. Mais c'est ce qu'ils prévoient depuis mille ans déjà, et pas un signe de Lui...

Le jeune homme ferma les yeux. Et si c'était vrai, viendra t-il me tuer, ce fils ? se demanda t-il. Moi, le futur roi d'Hydralia. Si j'étais lui, c'est ce que je ferai.

- En plus de cela, un nombre croissant de démons de tout type a été aperçu aux abords de la ville, ajouta t-il d'un ton grave. Des elfes noirs, des loups géants, des Ombres...La barrière ne semble plus être suffisante pour les repousser et j'ai bien peur qu'ils ne réussissent à trouver un moyen de franchir les remparts en passant par les galeries souterraines. Il faut que j'essaie de renforcer la dôme au plus vite. Dès cette nuit, si possible.

Le Cygne NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant