~Prologue

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janvier 1980, manoir des Zabini.

-"Ma Lucrezia." Murmura l'homme à la peau de charbon.

-"Reste près de moi." Supplia piteusement la jeune femme en le tenant fermement dans ses bras, laissant ses lourdes larmes rouler jusqu'aux joues si froides de l'homme qui s'efforçait de rester.

Il esquissa un léger sourire de ses lèvres gercées, posa sa main sur le coeur de son amante d'un doux geste de tendresse.

-"Occupe-toi bien de lui." Demanda l'homme en forçant sur ses cordes vocales. "Occupe-toi bien de toi. Vis une belle vie, ma Lucrezia."

-"Pas sans toi." Refusa la femme aux longs cheveux noirs, sa peau de porcelaine jurant avec la teinte si noire de l'homme qu'elle aimait tant.

Il partait, déjà, s'enfuyait.

Dans son berceau, le fruit de leur amour pleurait, sentant que quelque chose se passait à l'étage du dessous, que ses parents sur le marbre blanc vivaient un instant déchirant.

-"Je t'ai tant aimé." La rassura l'homme. "Je t'aime tant encore."

-"Ne me quitte pas." Elle renifla, sa longue robe de soie traînant sur le sol froid. "Ne m'abandonne pas."

La lune éclairait les jeunes amants qu'on voulait séparer à tout prix.

Tandis que l'un rendait son dernier souffle, et l'autre son dernier cri, la metteuse en scène regardait de loin l'œuvre qu'elle avait accompli.

Sa fille ne pouvait pas se permettre d'aimer quelqu'un tel que lui.

                              *****

Février 1980, Manoir des Zabini.

-"Je te présente ton nouveau fiancé, Lucrezia." Présenta sa mère en faisant avancer l'homme.

Toujours dans ses vêtements de deuil, la femme dont la beauté était toujours inégalée toisa le jeune homme qui souriait.

-"Il est fortuné et bien élevé." Ajouta sa mère en la regardant. "Ne vas-tu donc pas le saluer ?"

L'homme aux cheveux blonds et à la peau de porcelaine s'inclina et elle ne cilla même pas.

Les sillons de ses larmes sur ses joues n'avaient même pas encore disparu.

-"Je n'epouserais personne d'autre que celui que tu m'as arraché." Cracha la femme mais sa mère se fit menaçante.

Non, elle ne pouvait pas se permettre de tenter d'aimer un autre.

-"Madame." L'appela une domestique en sortant dans le jardin. "Monsieur Blaise va aller se coucher. Souhaitez-vous le voir ?"

-"J'arrive."

Elle regarda l'homme d'un mauvais oeil, puis partit sans dire un mot.

Tandis qu'elle les quittait, elle eut une autre pensée.
Oui, peut-être devrait-elle simplement l'épouser.
Prendre sa fortune, sa gloire, lui arracher la moindre parcelle qui lui appartenait avant de, peut-être, finalement, lui enlever la vie tout comme sa mère lui avait enlevé la sienne.

Elle se tourna vers l'homme, eut un léger sourire qui le fit rougir.

-"Préparez donc les préparatifs du mariage. J'ai eu, comme qui dirait, un coup de foudre."

Sa robe glissant sur l'herbe morte, elle entra dans son manoir pour aller embrasser son jeune bambin, esquissant un sourire qui n'annonçait rien de bon.

                            *****

Avril 1980, Manoir des Zabini.

-"Enlevez-le moi !" Hurla-t-elle de toutes ses forces en brisant les verres contre le mur d'en face.

-"Madame, vous devez vous calmer." Tenta désespérément une domestique mais folle de rage Lucrezia l'attrapa par le col avant de la plaquer contre un tableau.

-"Je ne veux pas de cette immondice." Murmura-t-elle entre ses dents.

Elle ne voulait pas le fruit d'un amour détestable.

-"Je sais que c'est dur depuis la perte tragique de votre second mari, Madame, mais-"

Elle la baffa pour la faire taire. La perte tragique ? Elle en rigolait bien.

Il somnolait dans l'océan pollué depuis déjà plusieurs jours, et elle ne comptait pas le réveiller.

Mais ça, cette chose qui était en elle, qui lui rappelait sans cesse les ébats qu'elle avait dû subir avec un monstre hiddeux qui la prenait pour un simple objet de plaisir, elle devait s'en débarrasser.

Elle ne supporterait pas que cette atrocité fasse partie de sa vie.

Elle se souvenait encore de ses mains crasseuses qui se posaient sur son corps, sur son cou pour le serrer, sur ses seins pour les lécher, sur ses cuisses pour les ouvrir, sur sa bouche pour la faire taire tandis qu'elle le supplait de la laisser tranquille.

Elle avait bien été sotte de penser pouvoir être supérieure à un homme.

C'était non pas par choix mais par désespoir qu'elle avait dû le noyer. Enserrer son cou et briser sa nuque, voir ses yeux s'agrandirent tandis qu'il comprenait que son plaisir sexuel savait faire autre chose que gémir comme un porc.

-"Lucrezia."

Sa mère entra dans son manoir comme à son habitude, ne prit même pas la peine de regarder la domestique sur le sol.

-"Je t'ai trouvé un autre fiancé." Elle sourit de toutes ses dents. "Il est très fortuné et a entendu parler de ta beauté."

Cela faisait quelques jours qu'elle avait officiellement été déclarée veuve.
Elle en riait bien, de sa mère qui l'utilisait à des fins monétaires.

Un homme entra, ses cheveux faisant le tour de son visage poilu et obèse.
Il tapota son ventre rond, montra ses dents jaunes.

-"Tu es encore plus belle qu'on le dit, dis-moi." Il eut un petit rire et elle sut alors.

Que, puisqu'elle n'avait pas d'autres choix, pour protéger son propre corps et sa propre fierté, elle se devait de garder l'être qui était en elle.

Car ça allait lui donner neuf mois de protection.
Si cette chose était destiné à vivre, autant qu'elle lui soit utile.

Elle esquissa un sourire, s'approcha de l'homme, caressa ses joues de ses doigts fins.

-"C'est un plaisir de vous rencontrer, mon cher fiancé."

Elle le laissa admirer son décolleté qu'il semblait prêt à arracher et jeta un coup d'oeil à sa mère qui souriait.

Elle allait se venger.
De tous ces hommes qui n'arrivaient pas à la cheville de celui qu'elle avait aimé.
Ils voulaient s'approprier son corps, l'acheter alors qu'elle l'avait déjà donné à sa moitié ?

Bien, ils n'avaient qu'à essayer.

Elle les attendait.

Nᴇᴍᴇsɪs [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant