~Six

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-"Joyeux anniversaire à ton père."

Draco leva les yeux vers Irène, dans la salle de petit-déjeuner.

-"C'est son anniversaire ?" Blaise s'étouffa avec son huître. "Dis-lui de ma part aussi."

Pansy donna une tape sur le crâne du garçon, dégoûtée de voir ce qu'il ingurgitait.

-"Je le lui dirais. Tu t'amuses à te souvenir de tout, Irène ?" Il leva un sourcil.

-"Je n'ai que ça à faire, à la maison." Répondit-elle en souriant, attrapant son verre de jus de citrouille.

Blaise se racla la gorge, dans le silence quelque peu gêné du groupe.

Mattheo lisait le journal hebdomadaire, croquant à pleine dent dans la barre de céréales qu'il avait.

-"Ce sera chez qui, pour Noël ?" Demanda Pansy en se tournant vers chacun. "Chez moi ?"

-"Pas chez toi." Refusa Draco immédiatement. "Ton manoir est si petit que je ne peux même pas respirer."

Elle le mima d'une voix plus aigu en faisant une grimace et Irène cacha son rire.

-"Chez toi, alors." Fit remarquer Théo et Draco eut un soupir.

-"Tant que vous ne faites pas de bêtises, je peux éventuellement accepter de vous héberger pour Noël."

-"Quelle charité." Ironisa Blaise et Draco lui donna un coup d'épaule.

-"Mattheo ?" Pansy se tourna vers lui qui sirotait sa boisson. "Tu viens avec nous ?"

Mattheo ne répondit pas, lisant la dernière page de son journal.

Pansy eut un léger soupir, se tourna vers Irène en roulant légèrement des yeux.

-"J'ai des projets, pour Noël."

Mattheo reposa finalement son journal terminé, se tourna vers le groupe.

-"Avec ton père ?" Demanda Théo et le garçon hocha la tête. "Mais tu viendras passer Noël avec ta mère, non ?"

Il y eut un léger silence, et Irène se rendit compte qu'elle ne savait pas qui était la mère de Mattheo.

Elle ne dit rien, se faisant discrète comme toujours, écoutant la conversation.

-"Je verrais." Soupira Mattheo.

-"Tu veux dire quelque chose, Irène ?" Théo regarda la jeune femme qui se taisait.

Elle sourit, prenant la parole.

-"Blaise est censé rendre visite à ses grands-parents, pendant Noël." Dit-elle alors en se tournant vers son frère. "Tu n'as pas oublié, n'est-ce pas ?"

Blaise - qui avait complètement oublié - se pinça les lèvres.

-"Je ne suis pas obligé d'y aller, je peux dire que je suis mal-"

-"Va les voir tant que tu as la chance de les avoir." Dit sa soeur de façon sérieuse.

Mattheo souffla par le nez, mauvais.

-"Elle dit ça parce que ses grands-parents ne veulent pas d'elle." Ricana le garçon et Théo lui lança un regard noir.

Irène le fixa, lui qui jouait avec son couteau, l'assiette vide.

-"Tu ne devrais pas te moquer, alors que toi-même tu n'en as pas."

-"Justement, je n'en ai pas." Il se tourna vers elle, froid, glacial. "Toi, ils ne te veulent pas."

Ils la voulaient. Ceux qui l'aimaient tant étaient morts, emportés. Ceux qui subsistaient ne supportaient pas de revoir leur enfant disparu dans ce visage.

-"Tu ne dis plus rien ? Défends-toi, Zabini." La défia Mattheo en penchant son buste vers elle, de l'autre côté de la table.

-"Ça suffit, t'es pas marrant." Draco, face à Irène, lui lança un regard de complaisance.

Mattheo laissa échapper un ricanement face à sa victoire écrasante, et Blaise mal à l'aise passa sa main sur son crâne luisant.

-"J'irais passer quelques jours chez eux avant Noël puis je vous rejoindrais chez les Malfoy. Ça vous va ?" Dit-il alors.

Draco hocha la tête, n'ayant aucun problème. Irène ne fit rien, ne pensant pas que son avis puisse compter.

-"Alors c'est décidé." Pansy tapa dans ses mains, satisfaite. "Cette année, c'est chez Draco. Qui sait, l'année prochaine ce sera peut-être chez Mattheo ?"

Ce dernier ne releva pas, néanmoins contracta la mâchoire.

Ravie de l'avoir piqué au vif sur des sujets sensibles, Pansy fit un clin d'oeil à Irène qui sourit tendrement.

Ils sortirent alors de la Grande Salle, leur premier cours ne tardant pas.

Les adolescents se dispersèrent, ce cours étant réservé aux options que tous avaient différentes.

Et, sans grande surprise, Irène eut un long soupir en voyant que Mattheo prenait le même chemin qu'elle.

Elle entra dans la salle mais ce dernier poursuivit son chemin sans daigner la regarder, et elle comprit qu'il ne comptait pas aller en cours mais préférait sans doute trouver un endroit où pestiferer seul et tranquille.

-"Mademoiselle Zabini, vous avez failli être en retard." Nota le professeur Simian et elle s'inclina aussitôt en s'excusant platement. "Veuillez prendre place."

Elle s'assit là où il y avait de la place, près d'un élève de Serpentard.

Il regarda derrière elle, s'attendant à voir les autres du groupe habituel.

Puis, comprenant qu'ils ne venaient pas, il eut un léger sourire.

-"T'es vraiment la sœur de Blaise, dis-moi ?" Demanda-t-il curieux et elle hocha la tête. "T'es passée à la javel, pour être blanche comme ça ?"

Elle voyait quel type c'était. Il avait peur de l'élite de Serpentard sans doute, faisait profil bas.

Mais la jalousie s'envenimait lorsqu'il pensait être à l'abri de leurs regards. Et désormais qu'il la savait seule, il en profitait pour déverser sa haine.

Ce n'était pas nouveau, ca se passait souvent comme ça.

Parce qu'elle ne répliquait pas, elle était facile d'accès.

-"Nous n'avons pas le même père." Dit-elle alors tout bas pour ne pas que le professeur l'entende.

Le garçon fit semblant d'être intéressé, hocha la tête de haut en bas en affichant une mine consternée.

-"Elle s'est vite rendu compte qu'avoir un fils noir, c'était la potence."

Irène se figea, sentant son sang se mettre à bouillir et son coeur se mettre à faillir.

Elle tourna lentement la tête vers la sienne, les yeux grands ouverts.

Elle ne répliquait pas, c'était vrai.

Pas lorsque ça la concernait, parce qu'elle le méritait. Elle avait grandi en apprenant qu'elle n'était rien de plus qu'une immondice de plus.

Mais là, c'était bien différent.

Là, ça concernait son frère.

Et elle n'avait jamais appris à se taire lorsqu'il s'agissait de lui.

-"Que s'est-il passé ?" Hurla le professeur et Irène ne se tourna pas vers lui, s'étant relevée.

-"Il le méritait." Dit-elle simplement à voix basse tandis que Simian accourait près du garçon ensanglanté et coincé entre deux lattes du plafond.



Nᴇᴍᴇsɪs [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant