~Seventy-seven

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C'étaient les vacances.

Étrangement, les adolescents avaient été autorisés à vaquer à leurs occupations, sans doute parce que malgré les changements brutaux qui s'étaient opérés dans le monde des sorciers, leur présence n'était pas encore demandée : Voldemort les rappellerait lorsque le moment deviendra crucial.

C'est donc assez naturellement que Pansy les invita tous en Grèce avec elle et sa famille, et si Draco fut pressé de refuser, sa mère le força à les accompagner.

Irène n'avait pas un seul instant penser que l'invitation s'appliquait également à elle, sauf lorsque Pansy déboula dans sa chambre le matin même du départ.

-"Qu'est-ce que tu fiches ?" S'exclama la jeune femme. "Où sont tes affaires ?"

-"Lesquelles ?" Demanda la jeune femme et son amie pensa sincèrement à arracher le reste de ses cheveux coupés.

D'un geste brusque elle attrapa les rares vêtements d'Irène et les enpaqueta en boule dans son sac de voyage avant de sortir et de la balancer par les escaliers.

Elle attrapa ensuite la main de la jeune femme et sans même lui demander son avis, la poussa également jusqu'à la voiture qui les attendait et la fit rentrer dedans à coups de pieds, avant de s'installer à son tour et de refermer derrière eux.

Comme à chaque fois, dans l'espace confiné de la voiture à banquette, Pansy s'endormit bien vite sur l'épaule d'Irène qui la laissa faire.

Elle admirait le paysage, les nuages qui défilaient devant leurs fenêtres tandis qu'ils traversaient le ciel.

-"Tu as l'air heureuse."

La note attendrie de Théo la fit tourner la tête.

Mattheo dormait profondément, ayant sans doute eu de courtes nuits dans le manoir des Malfoy, et Draco se murait dans le silence, Blaise ronflant près de lui.

-"Je l'ai toujours été." Répondit-elle doucement.

-"C'est différent. Tu as l'air vraiment heureuse."

Elle sourit, ne sachant que dire.

Il se racla la gorge, assis face à elle.

-"Je suis désolé, Irène." S'excusa le garçon en n'osant croiser son regard. "Il a bien fallu se rendre compte qu'on avait merdé quelque part, en tant qu'amis, et c'était dur de te parler pendant un temps parce qu'on pouvait que remarquer à quel point tu avais changé." Il grimaça. "Mais ce n'était pas grâce à nous. Forcément, on s'en voulait, moi le premier, parce qu'on avait jamais vraiment pris le temps de t'aider et on avait simplement accepté ta personnalité sans chercher à te délivrer de tes cauchemars."

Il soupira longuement, regarda Mattheo près de lui.

-"C'est lui, n'est-ce pas ?" Il eut un léger sourire amer. "Si j'avais su que la solution c'était d'être un connard..."

-"Je n'ai jamais pensé ça de vous." Refusa Irène. "J'ai toujours été heureuse à vos côtés parce que vous n'avez jamais cherché à me contrarier où à voir en moi quelque chose que je n'étais pas, vous ne m'avez jamais forcé à faire quoi que ce soit et vous respectiez toujours mon silence."

-"Mais ça ne suffisait pas."

Elle se tut, ne sachant que répondre.

Ça suffisait, pour elle. Ça avait toujours suffit.

-"Vous m'avez sauvé du monde." Chuchota la jeune femme.

-"Et il t'a sauvé de toi-même." Répondit alors Théo sur le même ton.

Il n'y avait aucun reproche dans ses paroles, excepté pour lui-même.
Il s'en voulait de ne pas avoir été à la hauteur et de ne pas avoir remarqué qu'elle se blessait seule.

Il allongea ses jambes sur le sol, les croisant avec celles de la jeune femme qui par automatisme les cacha pour ne pas le gêner.

Amusé de voir que certains de ses tics restaient, il leva les yeux vers les siens.

-"On va bien s'amuser." Ricana le garçon. "Tu verras, ce sera journée plage tous les jours."

Elle enfonça ses ongles dans ses paumes, n'étant pas du même avis.
Ces marques qu'ils avaient sur la peau étaient indélébiles.

Encore une fois, elle se différenciait d'eux parce qu'elle n'en avait pas, mais cette fois-ci elle ne s'en plaignait pas.

Comment pouvait-elle s'amuser en voyant leurs peaux ainsi souillées ?

-"Tu n'as pas dormi de la nuit." Fit-elle calmement remarqué. "Tu n'es pas fatigué ?"

-"Moi ?" Il leva son bras pour bander ses muscles. "Je pète la forme, tu veux dire."

Elle eut un sourire tendre, le regardant s'amuser tout seul comme un enfant.

Le trajet passa, ils continuèrent de se parler, Théo menant la conversation, Irène se forçant ici et là à l'animer également, ce qui fit plaisir au garçon.

Puis la voiture se posa près de la maison de vacances des Parkinson, et Théo poussa Mattheo pour le réveiller.

-"Debo-" il s'arrêta, la main à quelques centimètres du visage de Draco. "T'es réveillé ? Depuis quand ?"

Draco ne lui répondit pas, sortit en premier en laissant Blaise retomber sur le sol la tête la première.

Irène jeta un regard entendu à Théo avant de réveiller Pansy doucement.

Ils allaient s'amuser, effectivement.

Pourtant quelque chose avait changé, définitivement.

Ils n'étaient plus les mêmes qu'avant.

Nᴇᴍᴇsɪs [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant