~Twenty-four

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-"Irène !"

Blaise accourut et la souleva dans les airs pour l'enlacer avec ferveur. Elle se laissa emporter dans ses embrassades, profitant même quelque peu de ressentir son étreinte chaleureuse avant qu'il ne la lâche.

Ils montèrent dans le train en direction de Poudlard, Blaise racontant son Nouvel An peu passionnant, Théo et Pansy s'extasiant sur le leur.

Blaise fut surpris de savoir que Mattheo avait même dansé et ce dernier se sentit obligé de préciser que c'était parce qu'ils lui avaient volé sa baguette.

Le voyage ne leur parut pas tellement long, bien qu'ils se soient tous endormis de fatigue à l'exception d'Irène et de Mattheo qui faisait semblant.

Le train alors s'arrêta et tous en sortirent.

Les enfants se figèrent, sur le quai.

-"Il neige." Souffla Blaise, fixant le ciel.

Irène sortit une main de son manteau, la paume face au ciel pour apercevoir des flocons s'y poser et immédiatement s'y fondre.

Les élèves excités laissèrent leurs bagages aux elfes et aussitôt coururent vers les plaines.

Théo attrapa la main d'Irène, se mit à courir, les autres suivant - Blaise et Pansy ayant attrapé Mattheo en traître.

Ils remontèrent vers la forêt interdit puis prirent de l'autre côté vers le lac noir.

C'était magnifique.

Les nuages pleuraient, glacés, et le groupe s'amusait à s'enfoncer dans leurs larmes congelés pour éviter de se rendre compte qu'ils avaient de quoi pleurer, eux aussi.

Les grands enfants du monde.

Blaise enfonça ses mains nues dans la neige et en balança sur Théo. Ce dernier lâcha la main d'Irène et prépara sa revanche tandis que Pansy poussait Draco dans la neige et qu'il attrapait son bras pour l'entraîner avec lui dans sa chute.

Irène les regardait, attendrie, voyant leurs nez rouges et leurs lèvres gercées entre deux sourires sincères et gloussements excités.

Ils s'amusaient, retombaient en enfance. L'horizon s'était adouci, ses couleurs pastels se fondaient parfaitement dans la neige d'un blanc de nacre, les visages rougies des adolescents se gravant dans la mémoire du monde.

Elle resta adossée contre un arbre qui frisonnait, regrettant de ne pas avoir de quoi les graver sur une toile.

-"Mademoiselle Zabini."

Elle se retourna alors, Dumbledore la regardant depuis un banc, au loin près du château.

Elle s'avança vers lui, délaissant les autres qui ne s'en apercurent pas.

Mattheo la suivit du regard, fronçant les sourcils.

-"Vous souhaitiez me parler, professeur ?" Demanda-t-elle en s'arrêtant devant lui.

-"Venez avec moi." Demanda le directeur. "J'aimerais vous parler."

Elle hocha la tête, le coeur serré. Qu'avait-elle fait ?

Elle espérait que ce n'était rien qui risquait de remonter jusqu'aux oreilles de sa mère. Elle avait toujours pourtant tout fait pour faire profil bas afin d'éviter que le directeur ne connaisse même son prénom.

Mais il semblait qu'elle avait échoué quelque part, hélas.

                               *****

-"Tu es là, enfin."

Pansy leva le cou vers Irène qui entrait dans la salle commune.

Elle s'avança vers eux, tous affalés sur les canapés près du feu de cheminée.

-"Qu'est-ce qu'il y a ?" Blaise la regarda, la trouvant différente.

-"Rien." Elle lui sourit. "Je suis partie me promener."

-"Tu m'as l'air bien contente." Observa Pansy et Irène pencha sa tête sur le côté.

-"J'ai une idée de peinture." Répondit-elle avant de monter dans son dortoir.

Draco leva un sourcil, intrigué de la voir soudain si passionnée, et Théo leur apporta du thé chaud après cette bataille dans la neige.

-"On en retrouve une et on en perd un." Blaise soupira. "Il est passé où, Mattheo ?"

-"Il avait à faire." Dit brièvement Draco.

-"Dites." Pansy pencha le buste vers les trois garçons. "Il s'est passé quelque chose entre Irène et lui ?"

-"Pourquoi ?" Théo fronça les sourcils.

-"Je ne sais pas, ils ne se parlent même plus." Elle fit la moue. "Avant au moins, ils se critiquaient, mais là ils ne s'adressent même pas un regard."

-"Est-ce si mal ? C'est reposant." Draco haussa les épaules.

-"Au contraire. Je trouve ça encore pire." Pansy s'enfonça dans son fauteuil, tentant de démêler l'indéfaisable.

Et Mattheo balança la chaise qui vola en éclat dans les appartements privés de Severus Rogue.

-"Je t'ai déjà dit que j'y travaillais." Hurla-t-il à cran.

-"Ce n'est pas moi qu'il faut convaincre, mais votre père." Déclara fermement Severus.

-"Et comment, puisque c'est toi qu'il envoie comme stupide perroquet ?"

-"Quoi qu'il en soit, vous feriez mieux d'avancer. Albus ne peut pas l'avoir caché bien loin. Il vous suffit d'ouvrir les yeux."

Mattheo contracta la mâchoire, claquant sa langue contre son palais en détournant le regard.

-"Dis-lui d'attendre." Conclut-il simplement d'une voix étouffée avant de partir en claquant la porte en bois.

La lumière des bougies du professeur vacilla un instant, et l'homme resta debout devant la porte, une lueur de tendre pitié dans le regard.

Et tandis que Mattheo s'énervait, tapait son pied rageur dans les murs, hurlait en frappant les poutres comme si cela pouvait le soulager du trop lourd fardeau qu'il portait, Irène laissait sa main se balader sur sa toile d'une aisance dansante, ses doigts frôlant son oeuvre sans jamais l'abîmer, laissant les poils de son pinceau parler à la place des mots.

Et finalement elle reposa son pinceau, s'écartant pour admirer sa peinture tendrement.

Les couleurs pastels du ciel se mariaient parfaitement avec la tendresse des visages rayonnants des enfants trop grands.

Le détail des visages n'était pas approfondi, parce qu'ils ne ressemblaient pas uniquement ses amis mais tous ceux qui comme eux avaient décidé d'oublier leur soucis le temps d'un après-midi.

Et elle posa son regard sur l'ombre près de l'arbre, que l'on n'apercevait pas au premier regard.

Elle s'approcha, sur les genoux, s'avançant pour fixer la silhouette noire.

Elle eût un léger ricanement avant de reprendre son pinceau et de lui dessiner deux petites cornes sur la tête.

Après tout, le diable n'était jamais loin.

-"Mattheo !" Entendit-elle hurler en bas.

Elle soupira longuement.

Il était même très proche, soudain.

Nᴇᴍᴇsɪs [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant