~Epilogue

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Les fleurs éclosaient, en ce début d'été.
Les oisillons gazouillaient dans leurs nids fraîchement tressés et les arbres printaniers savouraient la douce brise de la matinée. 

La senteur parfumée des lilas violacées titillait le nez d'Irène qui profitait des rayons de soleil sur son visage éclairé.

Plusieurs années s'étaient écoulées.

Dans l'immense prairie du manoir des Jeux du sort que Mattheo avait racheté après la mort de son paternel, Irène organisait régulièrement des pic niques auxquels tous étaient invités.

Harry passait quelques rares fois, simplement pour la saluer sur le chemin pour se rendre au Terrier.

La plupart du temps, c'était Blaise qui les rejoignait, entre deux rendez-vous ratés.

Irène avait quitté le manoir des Zabini après plusieurs longs mois d'hésitation, alors que Mattheo lui avait proposé de venir vivre avec lui dans le sien.

C'était sans doute idiot, mais elle avait peur du changement.
Elle aurait simplement préféré rester dans sa chambre poussiéreuse et s'éloigner du reste du monde le temps d'encore quelques instants.
Le monde extérieur était un endroit dangereux pour ceux qui n'étaient pas encore prêts à s'y rendre.

C'était finalement Blaise qui l'avait convaincu, après des mois infructueux, et elle avait fait son peu de bagage avant de descendre dans le salon.

Elle avait croisé, pour la toute première fois, le regard de sa mère sur le canapé.

Lucrezia l'avait regardé, tout d'abord avec un dégoût profond, qu'Irène connaissait.

Puis, avec un certain regret, non pas envers sa fille, mais plutôt envers cet amour qu'elle avait et que sa mère n'avait put préserver.

Irène s'en allait retrouver son amant qui attendait, alors qu'elle avait perdu le sien depuis plusieurs années.

Ses iris s'étaient mises à trembler, fixant le vide autour de la jeune femme qui l'observait.

Elle voyait en elle plus loin que le corps qu'elle haïssait, elle voyait en elle son reflet, son reflet d'adolescente éperdue à qui on avait tout arraché.
Elle voyait en cette enfant un renouveau, peut-être, une redemption que sa vie à elle n'avait pas réussi à gagner.

Ses paupières tremblaient, sous son maquillage épais. Elle voyait des choses et bien d'autres encore dans cette âme qui s'en allait encore.

-"Ne le perds pas." Avait-elle murmuré et Irène ne savait pas si elle lui parlait ou si elle se prévenait elle-même.

Comme se rendant compte de ce qu'elle venait de dire, Lucrezia s'était tendue sur son canapé, essuyant d'un revers de main ses yeux secs et se raclant la gorge avant de, sans un mot, déstabilisée, remonter les escaliers.

C'était comme la note finale sur un piano désaccordé.

La seule note qu'Irène désirait se rappeler malgré les dissonances du morceau qu'elles avaient joués.

Elle avait alors quitté le manoir, quitter sa demeure familiale mais n'avait pas quitté sa maison, parce que ça ne l'avait jamais été.

Sa maison était les amis qu'elle s'était faits, les amis qu'elle retrouvait.

Mattheo l'avait attendu sur le porche de son nouveau chez-elle, lui avait montré l'étage entier qui lui appartenait, sa salle dirigée plein sud où les grandes fenêtres laissaient apercevoir le magnifique paysage qu'elle pouvait peindre, près des milliers de toiles qu'il avait importé.
Il y avait une chambre également, avec un grand lit à baldaquin et une salle de bain.

Nᴇᴍᴇsɪs [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant