~Thirty-five

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-"Irène, où est ce que tu vas ?"

Irène s'arrêta et se tourna vers Pansy assise dans le canapé.

-"Me doucher." Répondit honnêtement la jeune femme et Pansy hocha la tête.

-"Ne te noie pas." Prévint Mattheo et elle l'ignora avant de continuer son chemin.

C'était agaçant, cette façon qu'il avait de la piquer sans que personne ne s'en rende compte. Se noyer, il l'avait déjà mentionné. Comme quoi il n'avait pas besoin de la noyer parce qu'elle le faisait déjà toute seule.

Et pouvait-elle le blâmer ? A bien y réfléchir, elle était la seule à tout se reprocher. L'avait-on déjà empêché de parler ? L'avait-on déjà empêché de rire ou de les réprimander ?

Sur le chemin vers les douches elle ne cessait de se le demander. Mattheo faisait naître en elle des questions qu'elle ne s'était jamais posées.

                             *****

-"Ils sont partis attraper les Gryffondor."

Irène se tourna vers Mattheo, toujours assis à la même place. Elle remarqua qu'effectivement, les autres avaient disparus.

-"Ils sont entrés dans le bureau d'Ombrage." Expliqua brièvement le garçon.

Elle hocha légèrement la tête, ne sachant pas quoi faire de l'information, et commença à remonter vers son dortoir.

-"Zabini." Appela Mattheo et elle se tourna vers lui, attendant.

Il ne sembla pas quoi dire soudain, pris au dépourvu par sa propre initiative.

Il resta muet et elle ne sut pas si elle devait rester ou bien partir. Elle attrapa la bague à son doigt, la fit tourner sur elle-même en un vain essai de ne pas paraître ridicule.

Il fronça alors les sourcils, posant son regard sur la bague.

-"C'est quoi, ce que t'as ?" Demanda-t-il et elle regarda sa main.

-"Une bague."

Il leva un sourcil désobligeant et elle se racla la gorge.

-"Ça vient de ma mère."

-"Tiens, c'est étonnant." Ricana le garçon. "Elle te l'a donné, ou bien l'as-tu volé ?"

Elle se crispa, enfonçant ses ongles dans ses paumes.

Dos à lui, un pied sur la première marche vers son dortoir, elle baissa la tête.

Mattheo l'observa, d'un oeil calme.

Elle resta immobile un long moment, fixant le vide, semblant étrangement déçue par celui qui l'avait déjà pourtant déçu.

Il pinça ses lèvres, fit la moue comme s'il savait que ça n'avait pas été sa plus brillante discussion.

-"Merci." Dit alors le garçon en tentant de se rattraper.

Elle ne dit rien, s'arrêtant de respirer pour l'écouter clairement.

-"De croire que je ne suis pas comme mon père." Ajouta Mattheo et elle le laissa continuer. "C'est vain, mais merci quand même de me laisser te décevoir."

Bien sûr. Mattheo ne pouvait pas l'impressionner. Elle finissait toujours par regretter d'y avoir songer. Elle laissa échapper un ricanement inaudible et monta les escaliers sans rien dire.

Elle s'en allait dans le silence, comme tout le temps.

-"Attends !"

Elle entendit le fauteuil tomber en arrière et se retourna pour apercevoir Mattheo debout, relevé dans la précipitation et qui maintenant encore regrettait cet acte imprudent.

Elle attendit, sagement, qu'il se décide à expliquer son comportement.

Il sembla vouloir dire quelque chose, cherchait ses mots et il lui faisait presque pitié, comme un chiot ne sachant où aller pour retrouver son collier.

Se trouvant une occupation en attendant, elle tourna sa bague un peu trop fort et cette dernière se retira de son doigt avant de rouler sur les marches jusqu'au salon.

Elle descendit la récupérer en vitesse mais au même instant sa tête cogna contre celle de Mattheo.

Elle se recula instantanément et ce dernier fit de même, décontenancé.

Mais pas par elle.

-"Rends-la moi." Ordonna immédiatement Irène, prise d'un courage soudain. "Ma bague, Mattheo."

Elle sentit son cœur se serrer, comme si elle se sentait seule sans cet objet de sa mère. Comme si une partie d'elle-même venait de lui être arrachée.

Il fixait la bague, les yeux grands ouverts, faisant face à une horreur qu'il n'arrivait pas à comprendre. Il releva les yeux vers elle, et elle recula d'un pas, son aura ayant radicalement changée.

-"Où est-ce que tu l'as trouvé ?" Souffla-t-il les traits crispés.

-"Ma mère me l'a donné." Répéta Irène en sentant sa gorge s'assecher.

Il l'effrayait. Était-ce normal, qu'il l'effraie autant ? Il tenait sa bague entre ses doigts mais elle avait l'impression que c'était là la réponse à son existence même.

-"Rends-la moi, Mattheo." Osa-t-elle demander, avançant d'un pas tremblant.

C'était la bague de sa mère. Elle se devait de la reprendre. Elle avait besoin de la reprendre.

Elle avança sa main mais il écarta les bras. Elle fronça les sourcils, s'avançant de nouveau mais encore une fois il se déroba.

-"Mattheo." Appela la jeune femme en sentant sa colère monter.

-"J'y crois pas, ils ont vraiment du culot." Pansy soupira en ouvrant la porte de la salle commune.

-"C'est évident qu'ils ont emmenés Ombrage dans un traquenard." Rétorqua Blaise en la suivant. "Potter et Granger sont des petits malins."

-"C'est simplement Ombrage qui est stupide." Ricana Draco en fermant la porte derrière eux.

Ils s'arrêtèrent, fixant Mattheo et Irène au milieu du salon.

-"Qu'est-ce qu'ils font ?" Souffla Pansy à Théo mais ce dernier haussa les épaules.

-"Rends-moi ma bague, Mattheo." Répéta Irène.

Il n'entendait pas. Il ne comprenait pas.
Elle parlait, n'est-ce pas ? C'était ce qu'il désirait. Qu'elle parle. Alors pourquoi ne répondait-il pas ? Il semblait être en transe, fixant la bague avec tant d'ardeur qu'elle aurait pu fondre entre ses mains.

Irène se mordit la langue, son coeur battant à cent à l'heure, son ventre se tordant de douleur. Elle avait besoin de cette bague. C'était l'objet le plus précieux qu'elle avait.

Elle tendit son bras, tira le haut du garçon pour l'attirer jusqu'à elle et finalement attrapa sa bague dans sa main et l'enfila immédiatement.

-"Rends-la moi !" Hurla Mattheo en attrapant son bras. "C'est la bague de-"

Et alors ils disparurent tous deux du salon des Serpentard, au grand désarroi des spectateurs.

Ils atterrirent l'un sur l'autre, sur un sol d'obsidienne et Mattheo se retint sur ses bras, Irène en-dessous du garçon, les yeux grands ouverts.

-"Tu es enfin là." Entendirent-ils tous deux et elle aperçut les yeux de Mattheo se teindre d'une terreur si vulnérable qu'elle eût un court instant eût envie de boucher ses oreilles pour l'empêcher d'écouter la voix qui venait de parler.

Il resta ainsi au-dessus d'elle sans avoir l'envie de se relever, ne souhaitant pas lui faire face.

-"Mattheo." Appela la voix suave et il retint ses tremblements avant de se relever lentement.

Il se tourna, Irène toujours au sol, et fixa l'homme face à eux, dans ce qui semblait être le ministère.

-"Père." Appela-t-il avant de s'incliner.

Et Voldemort posa lentement son regard de maître sur Irène qui se recroquevilla sur elle-même, son cœur finalement cessant de supporter son corps si fragile.

Nᴇᴍᴇsɪs [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant