~Twenty-one

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-"Qu'est-ce que tu fais ici ?" S'alarma Pansy en voyant Théo dans les escaliers. "Tu es censé accueillir les invités !"

-"Et Irène est censée vérifier qu'ils sont sur la liste." Rouspeta le garçon. "Où est-elle ? Heureusement, j'ai vite vu ceux qui tentaient de s'incruster."

Pansy leva les yeux vers le premier étage.

-"Je vais la chercher, retourne à ton poste."

-"Bien cheffe." Il leva la main contre son front puis redescendit les marches jusqu'à la porte d'entrée.

Pansy monta jusque dans leur chambre et trouva Irène, assise par terre, affalée sur elle-même.

-"Qu'est-ce que tu fais ?" Demanda la jeune femme sans comprendre.

Irène ne disait rien, dos à elle.

Pansy voulut s'approcher, la secouer mais une voix l'en empêcha.

-"Draco t'appelle, en bas."

Elle se tourna vers Mattheo, à l'entrée de la chambre.

Elle regarda son amie, l'air de se demander quoi faire.

-"Vas-y." Ordonna le garçon et elle eût un soupir en redescendant finalement.

Mattheo, adossé à la porte ouverte, les bras croisés, posa son regard sur le dos d'Irène et ses longs cheveux qui trainaient jusque sur le tapis.

Il eut un long soupir, baissa les yeux vers ses propres jambes qu'il délia pour se tenir droit.

Il releva les yeux, la fixa trembler silencieusement, comme si elle grelottait.

-"Endure." Dit-il d'une voix nonchalante. "Ça finira par passer. Ça finit toujours par passer."

Elle ne répondit pas, recroquevillée sur elle-même comme une enfant.

Il posa son regard sur ce qu'elle avait fait tombé dans sa chute, la lampe brisée sur le sol et les morceaux qu'elle tentait de ramasser pour penser à autre chose qu'à sa montée croissante d'anxiété qui l'empêchait de respirer.

Il entra finalement dans la chambre, la poussa violemment, attrapant les bouts de la lampe pour les poser sur la table de chevet, le dos de la jeune femme s'adossant à la jambe du garçon.

Il ne baissa pas les yeux, pour ne pas voir son visage certainement piteux et baigné de larmes.

Il recula alors, faisant demi-tour.

-"Si tu n'es même pas capable de te ressaisir pour quelques stupides invités de ton âge, comment comptes-tu faire quoi que ce soit dans ta vie ?" Cracha le garçon à la porte avant de se tourner vers la pauvre chose sur le sol. "Relève-toi, ou reste ici minable et pathétique."

Il sortit finalement de la chambre, attrapant la porte pour la claquer derrière son passage.

Le corps frêle d'Irène en trembla et elle se rattrapa, les mains sur le sol, tentant de ne pas céder face à sa panique.

Ses larmes roulaient sur ses joues froides et pâles, et elle tentait de se calmer en fixant le paysage au travers de la fenêtre face à elle.

Oui, elle ne les connaissait pas. Elle ne connaissait personne sur la liste mais après tout, était-ce si grave ?

Elle n'était pas obligé de leur parler, elle avait simplement besoin de s'effacer.

Et si l'un d'entre eux connaissait sa mère ? Et s'il lui parlait d'elle et de la vie qu'elle mène ? Personne ne devait la mentionner devant sa mère.

Elle devait mentir, protéger son nom de famille, ne pas se dévoiler, ne pas humilier sa mère.

Elle devait s'inventer une identité ?

Non, il valait mieux qu'elle reste en haut.

Non, il valait mieux qu'elle s'amuse en bas avec les autres.

Elle inspirait, puis expirait, lentement, sentait son coeur se contracter, s'étouffer.

Elle se l'attrapa d'une main, le serrant de toutes ses forces, enfonçant ses ongles dans sa chair pour tenter de se l'extraire.

Elle voulait se concentrer sur la vue des jardins mais ses paupilles n'arrêtaient pas de trembler.

Habituellement, elle arrivait à se calmer.

Il lui suffisait de rester seule et d'attendre que ça passe.

Quel ironie, de vouloir se faire aimer de sa mère mais de ne pas le mériter.

Elle était inutile. Elle était faible de constitution, tombait souvent malade, avait beaucoup de moment d'anxiété et de panique, n'excellait pas tant que ça à l'école malgré que sa mère ait eu la bonté de l'autoriser à y aller.

Somme toute, elle ne valait pas mieux que n'importe quel orpheline que l'on retrouverait sous les ponts moldus.

Elle devait descendre. Elle devait se montrer capable de descendre et de se fondre dans la masse.

Après tout, personne ne viendrait la voir. Personne ne serait assez intéressé pour entamer une conversation avec elle, elle s'assurerait de se cacher des yeux du monde.

Elle sentit son coeur se calmer, son estomac se délier et sa gorge se desserrer.

Elle inspira, lentement, longuement, profitant du grand air, avant de s'affaler sur le sol, en étoile, inspirant de petites bouffées d'air pour se remettre de cet éprouvant moment.

-"Dépêche-toi Irène !" Cria Pansy de l'autre côté de la porte. "J'espère que tu es habillée."

Irène tourna la tête vers la porte, ses yeux s'habituant à la lumière vive de la pièce qui contrastait avec la pénombre de son moment.

-"J'arrive." Répondit-elle en forçant sur sa voix pour avoir l'air naturel.

Elle se releva, le sang montant à sa tête elle du se tenir un instant contre la poutre du lit.

Elle attrapa finalement la robe de sa mère et l'enfila, s'approchant de la coiffeuse avant de coiffer ses cheveux et de fixer son visage pâle.

Devait-elle essayer de mettre un peu de rose sur ses joues ? Pansy en avait dans sa trousse.

Puis elle se regarda longuement, elle recula.

Elle n'était pas faite pour le rose. Elle était faite pour être aussi pâle que possible, cachée derrière ses longs cheveux noirs pour n'être vu par personne.

Pour ne gêner personne.

Elle ouvrit la porte, entendit instantanément la musique assourdissante.

Elle s'approcha des escaliers, sentant son cœur battre à tout rompre.

Ils étaient tous en bas.

Allait-elle devoir descendre devant tout le monde ? Se faire voir de tous ?

Non, elle ne devait pas.

Ce n'était pas son rôle.

Pansy l'aperçut, en bas, discutant avec des personnes.

Elle lui fit un signe discret, désignant l'escalier des elfes et Irène hocha la tête, s'y avançant et les descendant pour arriver dans les cuisines.

Elle soupira, se sentant immédiatement plus à l'aise.

Finalement, elle sortit des cuisines et inspira un grand coup avant d'entrer dans le salon, sous les lumières verdâtres et les corps dansants.

Nᴇᴍᴇsɪs [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant