~Forty-three

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Irène attendait que Pansy se décide à parler depuis un bon moment déjà. Elle restait silencieuse, respectant le fait qu'elle cherche peut-être les bons mots.

Pansy inspira, sur un banc dans un recoin de Poudlard.

Elle se tourna vers son amie, le regard déterminé.

-"Je suis désolée, Irène."

Prise au dépourvu, l'intéressée se tut.

-"Je suis désolée de te prendre en pitié. Je ne veux pas que tu le prennes mal, mais c'est parce que je t'aime que j'ai ce ressenti envers toi. Comment ne pas l'avoir ? Tu restes passive dans ta propre vie et tu acceptes toutes les horreurs que les autres te font subir."

Irène ne l'interrompit pas. Pansy déballait, à toute vitesse, ce qu'elle avait gardé si longtemps en elle.

-"Et je déteste, parfois. Parce que tu te sous-estimes tout le temps et tu as toujours l'impression qu'aucun d'entre nous ne t'aime. Que tout est parce que Blaise est notre ami et que par obligation on t'a pris sous notre aile. Que personne ne pourrait jamais t'aimer. Alors oui, je te déteste parce que tu renies tout ce que je ressens pour toi, et en te haïssant tu hais tout ceux qui tiennent à toi. Tu détestes tout ce que tu es alors que moi, j'aime tout ce que tu es."

Pansy fronça les sourcils, déglutissant en attendant les mains froides de son amie dans les siennes.

-"On a pitié de toi. Parce que tu n'arrives pas à voir à quel point tu peux être bien plus que ce que tu t'autorise à être."

Pansy se mordit la lèvre.

-"Réponds Irène, arrête de toujours te taire quand j'ai besoin que tu parles."

Irène ne savait pas quoi répondre. Répondre ? Répondre à quoi ?

Elle avait mal au cœur, ça la tiraillait dans tous les sens. Lui aussi, voulait-il dire quelque chose ?

-"Je comprends." Répondit la jeune femme et Pansy eut une grimace, laissant ses larmes rouler le long de ses joues en lâchant ses mains.

-"Arrête de dire ça et répond moi !" Hurla la jeune femme. "Dis-moi que je suis ingrate et que je ne te mérite pas ! Pourquoi est-ce que tu acceptes tout sans jamais rien dire bon sang, c'est pour ça que je te prends en pitié Irène ! Parce que tu ne sais pas ce qu'être amis veut dire, et ça m'énerve de voir que ta définition de notre amitié est si différente de la mienne ! On pourrait être tellement plus si tu nous laissais t'approcher."

-"Je suis désolée." Murmura Irène en sentant sa gorge se serrer et Pansy lui donna un coup dans l'épaule.

-"Arrête de t'excuser !" Cria la jeune femme en larmes. "Pourquoi est-ce que je suis la seule à parler ? Tu n'as rien à me dire ? Parle !"

-"Je ne sais pas quoi te dire." Avoua Irène en sentant ses sourcils trembler.

Pansy essuya ses yeux, les poumons brûlants.

Le calme revint légèrement.

-"Je t'aime tellement mais j'ai l'impression que tu ne comprends jamais rien. Que rien ne t'atteint jamais." Souffla Pansy en mettant son visage entre ses mains. "Que c'est énervant, d'être ton amie."

Irène s'apprêta à s'excuser mais se tut, se rendant compte qu'il valait mieux se taire.

Pansy releva les yeux un instant sans doute, espérant qu'Irene dise quelque chose.
Mais après tout, elle ne disait jamais rien.

Alors Pansy eut un léger ricanement amer, et se releva.

-"Je vais aller dormir. Bonne nuit Irène. Ne rentre pas trop tard."

Elle repartit, Irène restant muette. Pansy, le cœur serré, continua son chemin, s'étant libéré de tout mais ayant pourtant un poids si lourd dans sa cage thoracique l'empêchant de respirer librement.

Irène resta assise sur le banc, la nuit commençant à tomber.

Elle semblait digérer tout ce qui venait d'être dit. Après tout, elle n'avait pas l'habitude de recevoir autant de mots à la figure. Il était vrai qu'elle parlait peu avec eux, et qu'avec l'habitude ils avaient finis par également cesser de tellement discuter avec elle.

-"Sympa, les discussions entre filles."

Les yeux perdus dans le vide, elle les releva légèrement vers Mattheo qui sortait de l'ombre les mains dans les poches.

-"Elle a une voix qui porte, Pansy, ça a fait trembler toute la tour d'astronomie." Il la toisa. "Toi par contre, Zabini, t'es toujours aussi pathétique."

Elle abaissa la tête, ses cheveux retombant sur le banc.

Debout près d'elle, il soupira, regardant le ciel entre les poutres du couloir.

-"Pars." Demanda-t-elle d'une petite voix.

Il eut un rire.

-"T'es qui, exactement, pour me donner des ordres ?"

Le silence se fit. Il ne la regardait pas, restait dos à elle à admirer le ciel.

-"Elle avait raison, Pansy." Dit-il finalement nonchalamment. "Parler ne t'empêchera pas d'être aimée. Comment veux-tu que les autres t'apprécient si tu ne leur donnes pas une raison de le faire ? Te taire, ça ne t'attirera que la solitude. Et la solitude, tu es trop faible pour la supporter."

Elle contracta la mâchoire, serrant les poings dans son coin.

Il eut un long soupir, haussant les épaules.

-"Tu gâches toujours tout, n'est-ce pas Zabini ? En faisant semblant de rester de marbre et en te forçant à ne jamais dévoiler tes sentiments, tu perds tout ceux qui tiennent à toi. C'est risible, vraiment. Personne ne t'a demandé d'être une statue de marbre, tu sa-"

Il se retourna et attrapa son poignet tandis qu'elle s'était relevée pour le frapper. Il leva un sourcil, impressionné, et soudain le vent se leva.

Sans un mot, les longs cheveux noirs d'Irène s'envolèrent, laissant son visage embué de larmes se dévoiler sous les rayons de lune.

À quelques centimètres de son visage, celui de Mattheo se tendit.

Elle se mordit la lèvre, son poignet enfermé dans la main du garçon, sa poitrine frôlant son torse contre le mur de pierre.

-"Je te déteste." Murmura-t-elle entre ses sanglots.

-"Moi aussi je te hais." Souffla-t-il en plissant les yeux face à elle.

Soudain alors, le corps de la jeune femme lâcha et elle posa sa tête contre son torse, laissant ses bras retomber ballants le long de son corps fébrile.

Les sanglots de cette dernière vinrent rompre le silence du vent qui s'était tut.

Il pouvait sentir ses soubresauts contre son torse et ne sut que faire, embarrassé.

Les mains en l'air, il les abaissa lentement contre le mur sans la toucher et leva la tête en l'air, mal à l'aise.

Et elle vida tout son cœur qui s'était depuis trop longtemps deja noyé dans les larmes qu'elle avait toujours refoulés, le front contre le haut de Mattheo qui détournait le regard et la laissait faire.

Nᴇᴍᴇsɪs [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant