~Forty-five

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-"Irène, est-ce que c'est à toi ?"

Irène se tourna vers une camarade de dortoir qui pointait une fiole.

-"Je ne mets pas de parfum." Réfuta gentiment la jeune femme et l'autre leva un sourcil étonné.

-"Tu sens naturellement comme ça ?" Demanda-t-elle et Irène fronça les sourcils, ne comprenant pas. "Le cassis. Je pensais que c'était ton parfum."

-"Je sens le cassis ?"

Irène eût un instant de réflexion avant de sourire, mal à l'aise.

-"Je ne sais pas, mais je ne mets jamais de parfum. Il est peut-être à Lucie."

Elle eut tôt fait de déguerpir du dortoir avant qu'on ne lui parle de nouveau, et elle s'aventura dans les couloirs vers son prochain cours.

Elle aperçut Draco qui se dépêchait d'aller à contre sens d'elle au loin et décida de l'ignorer. Après tout, ce n'était pas ses affaires.

Le cours de défense se passa relativement normalement. Assise près de Pansy, elle écouta le professeur parler et Pansy fit de même silencieusement.

Puis lorsque les cloches retentirent elle se leva en prenant ses affaires.

-"Où vas-tu ?" Demanda sa voisine en la voyant partir.

Irène se tourna et s'inclina légèrement pour les saluer.

-"Je vais à Pré-au-lard faire quelques courses."

Elle ne demanda à personne de l'accompagner, et personne ne lui demanda en retour.

Mattheo n'était pas venu, c'était jusqu'ici assez commun.
Draco non plus n'était pas venu. Et elle commençait à penser qu'elle ferait mieux de s'y faire désormais.

Blaise avait peu parlé, Théo avait dormi.

Oui, ils avaient tous quelque chose en eux qui avait changé. Ils avaient tous ce sentiment pesant que cette année était bien différente.

                               *****

-"Bonjour mademoiselle, que puis-je faire pour vous ?"

Irène garda la tête baissée.

-"Rien, merci." Murmura-t-elle brièvement tandis qu'elle tentait d'échapper au vendeur.

Ce dernier n'insista pas, allant embêter d'autres clients et Irène put enfin souffler.

Elle s'aventura dans les allées du grand magasin, admirant tout ce qu'ils avaient et déglutissant devant les prix exorbitants.

Elle était venue pour se changer les idées mais ne savait pas ce qu'elle allait bien pouvoir trouver.

-"Maman, maman !"

Un jeune enfant la bouscula tandis qu'il courait chercher sa mère un peu plus loin.

Elle s'occupait deja d'un autre enfant en bas âge et se tourna vers l'aîné en souriant.

-"Viens ici mon ange, aide-moi à choisir."

Elle désigna le rayon animalerie où les animaux se baladaient en format miniature dans leurs immenses habitats.

-"Je vais offrir son animal à ta cousine avant sa rentrée l'année prochaine." Dit tendrement la mère. "Lequel préfères-tu ?"

Le bambin gigota contre la poitrine de sa mère tandis que son frère hésitait.

La mère caressa tendrement sa toute petite tête en tentant de l'apaiser, son autre main serrant celle de son premier.

C'était une scène qu'Irène n'avait jamais observé auparavant. Aucun de ses amis n'avaient de fratrie pour qu'elle puisse de ses propres yeux admirer ce que c'était que d'être aimée.

La mère avait du mal à gérer les deux mais son sourire restait toujours autant gravé.

-"Regarde maman, il est mignon celui-là." L'enfant désigna l'un d'entre eux et sa mère l'observa avec attention. "Il fait peur mais il a de gentils yeux."

Sa mère regarda un long moment l'animal avant de soupirer.

-"Je préférerais lui offrir un hibou, pas toi ? Allons plutôt voir de ce côté-là."

Ils s'éloignèrent ainsi et bientôt leur conversation devint inaudible.

Irène resta un long instant à la même place, avant de soudain bouger et s'avancer là où ils se trouvaient.

Elle se tourna vers l'animalerie et observa avec attention chaque animal à la recherche de celui que l'enfant avait mentionné, curieuse.

Et c'est alors qu'elle le trouva. Il n'était pas bien difficile à trouver, elle avait tout de suite compris ce que le petit avait voulu dire.

Le chat, en miniature dans son sa forêt, avait un pelage marron ressemblant à l'écorce des arbres et sa démarche avait l'allure d'un prédateur cherchant sa proie entre les feuilles mortes.

Elle s'approcha un peu plus et sans faire exprès le recouvrit d'une mèche.

Complètement coulé sous cette immense amas de cheveux, il s'en dégagea à coup de griffes et fixa celui qui avait osé l'embêter.

Elle cacha alors un rire tandis qu'elle croisait son petit regard.

Ses grands yeux bleus étaient constellés de tendresse incomprise.

Elle se surprit à l'admirer plus encore tandis qu'il tentait de lui faire peur, car la grandeur de son âme ne se reflétait pas dans ses pattes mais dans les pupilles dilatées qu'il tentait de dissimuler.

-"Souhaitez-vous le regarder de plus près ?"

Un vendeur s'approcha et elle recula sa tête, gênée.

-"Non merci." Elle se racla la gorge. "Comment s'appelle-t-il ?"

-"Lui ?" Il désigna le chat et elle hocha la tête. "C'est une femelle. Elle s'appelle Frida, qui signifie paix." Il eut un rire. "Ne vous y fiez pas, c'est une vraie chipie."

Les yeux pleins d'étoiles, Irène se laissa porter par les mots qu'il prononcait.

-"Je n'en doute pas." Souffla-t-elle ailleurs.

Frida. Ce nom résonna particulièrement en elle, étonnamment.

Elle se tourna vers le chat qui, semblant aussi comprendre que quelque chose se passait, planta son regard dans le sien.

-"Je la prends." Dit-elle alors et le vendeur, ravi, se dépêcha d'attraper la petite avant de lui rendre sa taille normale.

Aussitôt Frida griffa le garçon et sauta sur l'épaule d'Irène, comme ayant deja pressenti ce qui allait se passer.

Irène sortit son porte-monnaie et donna tout ce qu'elle avait jusqu'à ce que plus rien ne vienne alourdir son bout de tissu, mais ça ne faisait rien.

Elle eut un immense sourire en sortant de la boutique, et leva son bras pour caresser Frida.

-"Je sais ce que je vais faire de toi." Murmura-t-elle sûre d'elle.

Nᴇᴍᴇsɪs [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant