~Forty-nine

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-"Frida, dégage de là."

Mattheo laissa échapper un long soupir et fixa le chat qui restait au-dessus du bagage fermé.

-"Je dois partir." Dit le garçon visiblement pressé. "Je te laisse ici pour les vacances de Noël."

Mais Frida n'était pas de cet avis.

Elle resta sur le bagage en fixant Mattheo avec une lueur de malice, ses pattes marrons se mêlant à la couleur de l'énorme sac.

Mattheo l'attrapa alors et la posa sur le lit près de lui avant de prendre son sac et de courir vers la porte et de la refermer juste derrière lui, enfermant Frida dans le dortoir.

Il soupira, s'étant occupé du problème, puis descendit tranquillement les escaliers.

Les autres Serpentard qui partaient pour Noël s'étaient rassemblés là et il aperçut Blaise rire avec Théo dans un coin.

Il s'approcha de Pansy, fronçant les sourcils.

-"Ils sont où, Draco et Zabini ?" Demanda le garçon.

Elle leva la tête vers lui, surprise qu'il ne le sache pas déjà.

-"Draco est parti ce matin déjà, et Irène reste ici. Elle devait aller chez les Malfoy mais Draco a annulé l'invitation au dernier moment."

-"Et personne ne veut prendre Irène chez lui ?" Il leva un sourcil et Pansy grimaça.

-"C'est compliqué depuis-"

-"Depuis que tu lui as craché tes sentiments et que tu t'es braqué quand elle cherchait à exprimer les siens ?" Termina Mattheo en ricanant. "Je vois ça, effectivement."

-"Pourquoi est-ce que ça t'intéresse ? Vous vous détestez."

-"Je pensais être le seule à la détester ici. C'est bien ça, le problème." Il lui lança un regard empli de sous-entendu.

-"Oui, t'es le seul à la détester, rassure-toi." Cracha la jeune femme avant de partir retrouver Blaise et Theo.

Mattheo soupira, n'aimant décidément pas cette journée.

Ils sortirent finalement de la salle commune et allèrent tous vers la gare où les attendait le Poudlard Express.

Mattheo s'assit sur la banquette, près de la fenêtre, et admira le paysage tandis qu'en face de lui Pansy s'était endormie contre la vitre et que sa tête tapait dessus à rythme régulier.

Irène aurait attrapé sa tête pour la poser sur sa propre épaule, et aurait redressé Théo qui glissait vers la droite et ronflait.

Irène serait restée éveillée pour tous les regarder dormir, et Mattheo aurait fait semblant de dormir pour ne pas se retrouver seul avec elle.

Mais il n'avait pas besoin de faire semblant, puisqu'elle n'était pas là.

Il soupira une énième fois, lorsque quelque chose attira son attention.

Un mouvement peu subtil au-dessus de lui, dans leurs bagages.

Il leva un sourcil, attendant de voir ce qu'il en retournait.

-"Tu rigoles." Souffla Mattheo en fermant les yeux et balançant sa tête en arrière tandis que le pelage de Frida se faisait apercevoir.

Franche, elle sauta et atterrit sur ses genoux avant de lui donner un coup de patte désapprobateur.

-"Retourne à Poudlard ou je t'abandonne à King's Cross." Menaça le garçon mais elle se ficha de lui et s'étira sur ses cuisses avant de s'y allonger.

Il se crispa, dédaigneux.

Elle tourna alors lentement la tête vers lui et l'observa.

Il fit de même, calme dans le wagon endormi.

Elle avait de grands yeux bleus dans lesquels il se perdait quelques fois.

Un visage rond caché sous ses longs poils.

Un petit nez qu'elle fronçait lorsqu'elle ne comprenait pas bien quelque chose.

De longs cils qui s'enlaçaient et se détachaient à rythme régulier.

De fines lèvres pâles sur lesquelles elle ne passait rien d'autre que sa langue lorsqu'elles étaient trop sèches.

Mattheo secoua sa tête de gauche à droite, s'étant perdu bien trop profondément dans ses pensées.

-"Bien, tu peux rester." Soupira-t-il en se massant les yeux. "Mais débrouille-toi pour te trouver un endroit où dormir, parce que je ne t'emmène pas chez moi."

Frida ronronna, amusée.
Et, effectivement, il l'emmena chez lui.

Elle semblait se plaire dans la grande bâtisse, la maison de Severus Rogue qui lui était resté à Poudlard.

Mattheo s'installa confortablement dans le canapé, soufflant en un sourire satisfait.

Ça faisait du bien de rentrer chez soi.

Il regarda l'horloge accroché au mur, écouta le cliquetis des aiguilles qui avançaient.

Ils n'étaient que le dix-sept décembre au soir.

Il restait encore seize jours avant la rentrée.

Seize jours, soit trois cents quatre-vingt-quatre heures, soit vingt-trois mille quarante minutes.

Son sourire s'effaça, lentement.

Cela ne faisait que dix-sept minutes qu'il était là mais il s'ennuyait déjà.

Il défit ses lacets de chaussures, les enleva avant de les poser près de la porte puis d'en refaire les lacets une fois sur leur portant.

Il se releva, s'approcha de la bibliothèque et passa son index sur les reliures des livres à la recherche d'un qui lui semblait être intéressant, malheureusement il semblait avoir deja tout dévoré aux vacances précédentes.

Il était bien là, le problème.

Son père ne faisait appel à lui que rarement. Uniquement durant leurs réunions pour se vanter, ou bien apparaissait sans prévenir chez Severus et lui donnait une mission à accomplir.

Et alors même que Mattheo n'avait le droit à rien d'autres que ses ordres directs, il continuait de remplir ses missions à bien.

En espérant que peut-être, son père lui adresse un remerciement quelconque. Ou simplement un hochement de tête lui suffirait.

Même pas.

Un simple regard. Un simple regard, c'était tout ce que Mattheo espérait.

Lorsqu'il y pensait, il se trouvait pathétique, sérieusement.

Il avait beau critiquer Irène, il faisait exactement pareil.

Nᴇᴍᴇsɪs [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant