~Twenty-eight

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-"Monsieur Calum et mademoiselle Leigh, vous viendrez me voir à la fin du cours."

Calum et son amie se regardèrent sans comprendre tandis qu'Ombrage adressait un regard entendu à Mattheo au fond de la salle qui hocha discrètement la tête.

-"Je vous avais raconté l'histoire entre Calum et cette fille de Poufsouffle ?" Murmura Pansy en s'en souvenant soudain.

Théo se tourna complètement, intéressé et elle se pencha sur sa table pour le lui expliquer.

Irène, assise près de Pansy, regardait la vue depuis la fenêtre.

L'hiver s'était adouci, lentement dérivait vers un printemps aux couleurs estivales.
C'était toujours ainsi. L'hiver rude semblait long et interminable mais toujours venait l'été, que cela prenne deux mois ou des années.

Mattheo observait la jeune femme assise devant lui tandis que Draco près du garçon dormait à poing fermés.

Il était perdu dans ses cheveux noirs qui absorbaient la lumière du soleil au dehors.

Le moment qu'il avait surpris entre elle et le professeur Flitwick résonnait dans sa tête, sans cesse. Pourquoi ?

Après tout ça ne changeait rien au fait qu'il la détestait. Ça ne changeait rien au fait qu'elle représentait tout ce qu'il rejettait.

Mais malgré tout elle l'avait défendu, allant jusqu'à assumer les conséquences des bêtises qu'il pouvait causer.

Elle qui ne savait que se taire s'était interposée pour imposer sa manière.

Il ouvrit la bouche dans une attente idiote et impensée de dire quoi que ce soit lorsque soudain elle se leva et sortit discrètement de la salle.

Personne autour d'elle ne sembla s'en préoccuper ou bien avaient-ils appris à la laisser faire.

Mattheo eût un tremblement de sourcils, ne sachant comment réagir.

Et si elle avait changé d'avis ? Et si elle était partie s'excuser auprès de Flitwick et était partie accepter d'espionner Mattheo ?

Il se leva, n'ayant amené aucune affaire et partit également, plus bruyamment néanmoins personne n'osa le lui interdire.

Il alla la chercher près du bureau du professeur mais ne la trouva pas.

Peut-être était-elle directement allé le chercher dans sa salle ?

Il fit demi-tour vers les amphithéâtres où le professeur avait l'habitude d'enseigner, sentant son cœur battre dans ses tempes.

Oui, ce serait bien son genre. D'avoir osé lever la voix et de le regretter immédiatement. De revenir ramper comme un ver les mains jointes.

Il longea les couloirs complètement déserts à cette heure de la journée, les mains sorties des poches.

Il aurait pu faire bien d'autres choses. Il aurait pu aller parler avec McGonagall et tenter de gagner ses faveurs. Ça, c'était un défi qu'il aurait aimé relever. Il avait l'impression de s'être renfrogné, il avait lu plus de livres en une demi-année à Poudlard que durant toute sa vie.

Lui ce qu'il aimait, c'était l'excitation d'un but trop haut à atteindre.

Et la satisfaction de le toucher, enfin.

Mais cette pathétique fille mal dans son corps lui faisait perdre son temps. Il était là, à la chercher comme un pauvre toutou pour avoir simplement la certitude qu'elle était aussi misérable qu'il le pensait.

Après tout pourquoi s'embêter ? Si elle souhaitait le surveiller, grand bien lui fasse. Il s'en fichait.

Un de plus ou de moins, ça ne changeait rien. Les trois quarts de Poudlard le suivait déjà à la trace.

Il entendit un léger bruit, dans les jardins. Il n'y prêta pas attention mais fronça les sourcils lorsqu'il aperçut une silhouette dans la forêt interdite et qu'il cru la reconnaître.

Il sortit des couloirs du rez-de-chaussée et s'avança vers l'orée de la forêt, le dos de la jeune femme adossée à l'arbre se mettant à trembler.

Il avait cru un instant que les bruits qu'il entendait étaient ceux des feuilles sous le vent mais c'était les sanglots presque imperceptibles d'une jeune fille qui se taisais même dans la détresse.

Il n'avança pas plus, mué à une envie de rester lui aussi discret. Les bras ballants, il regarda son dos se soulever à rythme irrégulier et son visage s'enfoncer un peu plus dans ses mains.

Crie, avait-il envie de lui dire.
Hurle, tape contre l'arbre, énerve-toi.

Pourquoi continues-tu de disparaitre dans tes chagrins comme si tu étais fautive des larmes qui coulent sur tes joues ?

Mais il ne dit rien. Il la laissa pleurer seule, apercevant le vent autour d'elle accélérer pour cacher les gémissements qu'elle laissait malencontreusement échapper.

C'était une scène qui le clouait sur place.

Il restait sans rien faire à observer ses longs cheveux voguer autour d'elle et son corps se recroqueviller sur lui-même de plus en plus jusqu'à éventuellement se cacher sous les racines contre lesquelles elle s'était adossée.

-"Laisse-la."

Il se tourna vers Draco un peu plus loin qui l'observait.

-"C'est l'anniversaire de sa mère, aujourd'hui." Ajouta le garçon brièvement. "Fais semblant de ne pas l'avoir vu et reviens."

Mattheo se tourna vers l'enfant seule qui pleurait un jour de fête.

Il soupira alors, et lentement remonta jusqu'à Draco avant de partir ensemble.

Irène resta encore un moment cachée par les arbres, jusqu'à ce que le soleil se couche.

Elle avait tenté de s'en empêcher. Elle avait fixé les arbres, les oiseaux qui s'y posaient. Elle s'était levée du pied droit, avait siroté son thé au miel mais rien n'y faisait.

L'angoisse et la douleur revenaient.

C'était l'unique jour de l'année. L'unique jour de l'année où elle ne tentait pas de se voiler la face. L'unique jour de l'année où elle se laissait déverser ses déchirures et ses peines. L'unique jour où elle ne tentait pas de se faire avaler qu'elle arriverait un jour à devenir autre chose qu'une moins-que-rien aux yeux de celle qui dansait et chantait en cette journée si belle.

-"Irène."

Pansy eut un sourire en la voyant arriver dans la salle commune.

-"Tu n'es pas venue dîner alors on t'a gardé de quoi manger." Elle désigna l'assiette encore chaude sur la table basse.

Irène eût un sourire et s'approcha, l'avantage de ses cheveux étant de cacher ses yeux rouges et son cœur lourd.

Elle s'assit devant l'assiette et commença à grignoter, n'ayant pas faim.

Et Mattheo, assis dans son fauteuil favori, la regarda sourire comme si le monde n'avait jamais été aussi brillant qu'en ce jour fatidique.

Nᴇᴍᴇsɪs [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant