~Eighty-three

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-"Ça va aller."

Ça n'allait pas aller.
Elle perdait trop de sang, se laissait porter par le courant de ses pensées alors qu'Irène la suppliait de rester. Elle tentait de compresser la blessure, n'avait aucune potion pour la refermer, sa baguette était brisée et giseait sur le côté, elle avait les cheveux en bataille, de la poussière partout sur le visage et n'osait pas crier pour demander de l'aide parce qu'elle était terrorisée.

Pansy ne bougeait pas, allongée sur le parquet sale, tentant de respirer le moins possible parce qu'à chaque mouvement elle sentait ses organes se vider un peu plus sur le sol ensanglanté.

-"Je te tiens, reste tranquille." Murmura Irène en tentant de garder contenance.

Le vieil homme était mort.
Elle ne savait pas s'il y avait encore des gens autour de la maison, s'ils attendaient de savoir s'il restait des survivants.

Elle ignorait tant bien que mal ses propres blessures, qu'elle espérait peu profonde. Quelqu'un les avait manipulé et avait attenté à leurs vies. Pourquoi ?

Ils visaient forcément Pansy, l'héritière des Parkinson. Elle devait la sortir d'ici au plus vite, trouver un endroit où se réfugier, où la sauver.

-"Il y a eu une explosion !" Hurla quelqu'un au dehors. "Regardez s'il reste des survivants !"

Il devait être américain, au vu de son accent, peut-être était-il en Bulgarie pour des études ou des vacances.

Irène hésita, n'ayant pas l'habitude de crier aussi fort, puis posa son regard sur Pansy qui blanchissait à vue d'oeil.

-"AU SECOURS !" s'écria-t-elle alors de toutes ses forces. "ON EST ICI !"

Des hommes arrivèrent, baguettes en main, et se figèrent en voyant les deux jeunes adolescentes.

-"Elle est gravement blessée." Murmura Irène la gorge serrée.

Un homme s'approcha, s'accroupissant près de Pansy pour vérifier son pouls tandis qu'un autre s'avançait devant Irène.

-"Ne bougez pas." Prévient-il en s'abaissant à son niveau. "Je vais m'occuper de vous."

-"Mon amie est-" tenta-t-elle d'expliquer mais il la fit taire d'un regard.

-"Votre amie va être soignée." Rassura l'homme.

Elle hocha la tête, apaisée, et sentit alors un élancement dans son ventre.

Sa gorge se serrant, elle abaissa lentement la tête.

-"Ça va aller." Murmura le sorcier en s'approchant.

Ça n'allait pas aller.

Les yeux d'Irène se posèrent sur la quenouille de bois qui traversait son corps de part et d'autre de son abdomen.

Avec l'adrénaline, elle ne l'avait pas senti, mais désormais qu'elle redescendait la douleur revint d'un coup, lancinante.

Et, impuissante, elle s'abandonna à Morphée.

                                *****

-"Il semblerait qu'il y ait eu des complications."

Le visage faussement grave, Voldemort posa son regard sur Mattheo qui était descendu en l'entendant discuter d'Irène.

-"Qu'est-ce que ça veut dire ?" Demanda Mattheo en contractant la mâchoire.

-"Des Bulgares mal intentionnés s'en sont pris à la maison dans laquelle elles étaient toutes deux, et l'ont fait explosée." Il prit une mine attristée. "Elles n'ont pas survécu, Mattheo."

Lentement, les muscles du visage du garçon se détendirent, comme s'ils n'avaient plus la force suffisante d'être tendus.

-"C'est une blague ?" Souffla-t-il et derrière lui Blaise se retourna, le menton contre son torse.

-"J'ai perdu beaucoup d'hommes en tentant d'aller les récupérer." Mentit effrontément son père. "Je ne peux pas me permettre de faire plus, Mattheo. Si tu m'avais écouté depuis le début, si tu avais été un bon garçon, je n'aurais pas eu à les envoyer. C'est par ta faute qu'elles y sont restés, je suis très contrarié tu sais."

Les oreilles de Mattheo bourdonnaient, il n'arrivait pas à s'en défaire.
C'était impossible, il mentait forcément. Il fallait y aller, y retourner, il fallait les chercher, la chercher.

Comment pouvait-elle, comment osait-elle ?
Prendre des décisions sans lui, comme si elle pensait naïvement qu'il allait la laisser faire. C'était impossible elle devait revenir, elle devait lui revenir.

A mesure que le sourire sur le visage de Voldemort s'étirait, la blessure du coeur de son fils grandissait.

-"C'est Dumbledore."

La voix reconnaissable alors fit tourner toutes les têtes vers la porte d'entrée.

-"C'est Dumbledore qui a la baguette de Sureau."

La voix d'Irène mourut dans sa gorge et elle se tint là, debout sur le parquet, tenant péniblement le corps à demi affalée d'une Pansy à demi évanouie.

Les iris de Voldemort se rétractèrent, comprenant que les informations qu'on lui avait rapporté étaient erronées.
Irène et Pansy étaient toujours en vie.

-"Il faut ramener Pansy dans la chambre et la laisser se repos-" tenta d'expliquer Irène mais déjà Mattheo fondait sur elle.

Il passa sa main tout le long de son visage, effleurant ses cicatrices déjà refermés ou ses sourcils qui se mirent à trembler, la jeune femme se sentant disparaître et se noyer dans ce regard empli d'inquiétude qu'il lui vouait.

Draco accourut, soulevant Pansy pour la prendre dans ses bras, vérifiant son pouls d'un doigt sous le nez.

-"Elle va bien." Murmura Irène sans quitter le regard de Mattheo. "On va bien."

Draco hocha la tête, remontant lentement jusqu'à la chambre des filles avec la jeune endormie.

-"Que s'est-il passé ?" Souffla Mattheo en passant ses mains sur les épaules de la jeune femme puis les laissant glisser le long de son corps.

-"On nous a attaqu- aïe." Elle eut une grimace lorsqu'il posa ses mains sur sa taille.

Il fronça aussitôt les sourcils et d'un geste doux souleva le haut de la jeune femme - qui était un haut d'homme, sans doute parce que le sien avait été déchiré durant l'explosion- et fixa un instant les énormes bandages qu'elle avait.

-"Je suis désolée." Souffla-t-elle en le regardant tristement. "Je n'ai rien pu faire pour nous défen-"

-"Je suis désolé." Corrigea alors le garçon. "De ne pas t'avoir empêché de partir."

Elle se tut, il fit de même.

-"C'est une excellente nouvelle." Voldemort s'approcha, prenant son fils par les épaules pour l'écarter. "Je suis ravi de vous revoir saines et sauves."

Irène abaissa le regard, déglutissant.

-"Je suis désolée, je n'ai pas récupéré la baguette, elle n'était pas en sa possession."

Voldemort fut surpris, en réalité, de savoir qu'elles avaient menés leur mission à bien.

Et ceux parce qu'il n'avait jamais escompté les voir en revenir.

Nᴇᴍᴇsɪs [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant