Nᴇᴍᴇsɪs [TERMINÉ]

~Eighty

-"Irène, Pansy, venez par ici."

La mère de Pansy les appela toutes les deux tôt le matin et ces derniers sortirent de leur chambre pour la rejoindre.

Elle s'installèrent autour de la grande table de la salle à manger, sur des hauts tabourets.

-"J'ai reçu un hibou du seigneur des ténèbres." Dit-elle et aussitôt la lueur des deux jeunes femmes s'assombrit. "Il vous veut toutes les deux pour une mission urgente."

-"Pourquoi Irène ?" Demanda alors Pansy en fronçant les sourcils. "Elle n'a pas de marque, elle n'est pas mangemort."

-"Je ne discute pas les ordres du seigneur des ténèbres." Argua sa mère. "Et vous non plus. Vous partirez dès que ton père sera revenu avec la voiture."

-"Elle consiste en quoi, la mission ?" Demanda Pansy mais sa mère l'ignorait également.

Les garçons descendirent peu après pour prendre le petit déjeuner, et apprirent aussitôt la nouvelle.

-"Non." Refusa catégoriquement Mattheo.

La femme arqua un sourcil, ne comprenant pas ce qu'il refusait.

-"Elles ne partiront pas." Rétorqua le garçon. "Je vais en parler avec mon père directement."

La mère grimaça alors, semblant sincèrement désolée pour lui. Elle sortit la lettre qu'elle avait reçu, et la lui tendit.

Il la lut un moment, puis la relut, encore et encore en tentant de chercher une faille à son écriture.

Mais c'était écrit noir sur blanc ; Mattheo n'avait pas le droit de se mêler de ça. Il relut la phrase, une énième fois, ne comprenant pas pourquoi est-ce qu'il l'avait précisé ainsi.

Pourquoi voulait-il absolument les deux filles ?
Pour une mission risquée, il aurait mieux fait de choisir des mangemorts plus expérimentés. À la limite, des adolescents tels que Théo ou Mattheo lui-même auraient fait l'affaire.

Mais pourquoi Irène et Pansy ?
Était-ce une mission qui obligeait à être une femme ? Pourquoi ne pas avoir demandé à Bellatrix, dans ce cas-là ? Était-ce parce qu'il en fallait des inconnues ? Était-ce sur ? Était-ce sans danger ? Était-ce loin ?

Il grinça des dents, détestant ne pas avoir la main mise sur la situation, lorsque ladite main d'Irène vint se poser sur la sienne, assis sur le canapé du salon.

Il releva la tête vers la sienne, et y aperçut deux billes de saphir remplies de confiance.

Elle ne voulait pas qu'il s'en fasse. Elle allait réussir la mission, et lui revenir.

Mais ce n'était pas que Mattheo ne lui faisait pas confiance : c'était qu'il n'avait pas confiance en son père.

Blaise fixa les mains l'une sur l'autre, son cerveau semblant refuser catégoriquement l'information.

-"Je pense que c'est une bonne idée."

Ils se tournèrent tous vers le garçon qui venait de fraîchement raser ses cheveux qui avaient poussé depuis les vacances dernières.

-"Quoi ?" Demanda-t-il. "Ce sera une mission facile, j'en suis certain, le seigneur des ténèbres ne va pas vous envoyer au bûcher."

Il laissa échapper un rire qui se voulait léger mais qui tendit les adolescentes.

La porte, soudain, s'ouvrit à la volée et le père arriva, clef de voiture en main.

-"On décolle, les filles." Appela-t-il.

Pansy se tourna vers Irène face à elle, et laissa échapper un soupir avant de se lever et de lui tendre la main.

-"Je suis certaine qu'on sera rentrée d'ici ce soir." Tenta-t-elle de se rassurer.

Irène regarda Théo du coin de l'oeil qui leva son pouce en signe d'apaisement.

Puis elle se leva, lâchant la main de Mattheo qui retomba froide sur le cuir du canapé, et attrapa celle que lui tendait son amie.

-"À bientôt, alors." Murmura-t-elle sans trop savoir quoi dire ou quoi faire.

Draco se leva après elle, sous le silence lourd de ses amis, et donna une tape dans le dos de la jeune femme.

Puis, le regard plongé dans celui de Pansy qui le fixait en retour, il se racla la gorge.

-"À votre tour." Souffla-t-il comme pour passer le flambeau.

Pansy hocha lentement la tête de haut en bas, sentant son cœur se serrer, parce qu'étrangement cela ne sonnait pas comme elle aurait espéré l'entendre.

Puis sans se retourner, elles sortirent de la bâtisse, entrèrent à l'arrière de la voiture, et la sentirent s'envoler.

Il y eut un silence, sur la banquette arrière.

-"Ça va aller." Brisa Pansy en regardant par la fenêtre. "Si ça se trouve, il faudra simplement aller chercher des pissenlits dans la forêt."

Irène se tourna vers elle, peu convaincue, et son amie sembla chercher la validité de son excuse.

-"Il y est peut-être allergique, qu'est-ce qu'on en sait ?" S'exclama la jeune femme en faisant de grands gestes avec ses bras. "Je te parie qu'il a envie de pudding mais qu'il ne sait pas comment en faire. Il a dû entendre dire que j'étais la reine du pudding ! Tu te souviens, j'en faisais souvent avant Noël quand on était enfant."

Elle continuait de parler, pensant qu'Irène allait l'arrêter avant qu'elle n'ait plus d'idées mais elle avait sans doute oublié que c'était Irène, et que Irène ne coupait jamais la parole. Alors elle l'écoutait sagement partir dans des délires inaudibles, et finalement Pansy se tut lorsque son amie laissa échapper un petit rire.

Elle-même esquissa un sourire, se rendant de la stupidité de ses affabulations, et secoua la tête pour s'empêcher de continuer à les tisser.

Ce moment sembla calmer leurs craintes, car bien vite Pansy changea de sujet et discuta des rumeurs qu'elle avait entendu à Poudlard et qu'elle n'avait pas eu le temps de raconter à Irène - la plus grosse étant que Cho Chang était passée sous le bureau du professeur d'ergonomie et que c'était pour ça qu'elle était devenue major de la promotion.

Finalement, leur discussion se fit sans entrave, sans pensée douteuse sur ce qui les attendait, ni sur la tragédie qui avait coupé court à leur sixième année.

Elles se coupèrent seules du monde, le temps du voyage.

Mais ce fut lorsque la voiture se posa sur le sol du manoir des Malfoy qu'il fut temps de se rendre à l'évidence : elles sortirent lentement de celle-ci, n'en ayant aucune envie, et avec le père entrèrent dans la demeure sordide.

-"Je vous attendais."

Le sourire sournois qu'arborait Voldemort fit hérisser les poils d'Irène qui inclina sa tête.

Elle avait un mauvais pressentiment, et la main serrée de Pansy dans la sienne ne la rassurait guère.