~Thirty-six

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-"Qui est-ce ?"

La voix de Voldemort glissa entre les jambes tremblantes d'Irène qui, incapable d'émettre le moindre son, le fixant avec de grands yeux ronds.

Mattheo se tourna vers la jeune femme derrière lui, puis de nouveau vers son père.

-"C'est la fille Zabini." Répondit le garçon et Irène, toujours allongée, lui agrippa la jambe pour le supplier de se taire.

Une inconnue, aurait-elle préféré qu'il dise. Ou qu'il ne dise rien du tout et la laisse disparaître aurait été encore mieux.

Ils entendirent du bruit, à leur droite. Une porte dérobée s'ouvrit à la volée et Bellatrix en sortit, ricanant aux éclats, s'amusant comme une enfant, sautillant partout en chantant.

-"J'ai tué Sirius Black !" S'exclama la femme et alors dans l'immense hall du ministère elle s'arrêta, fixant au loin son fils les bras ballants.

Irène s'était accroupie sur le sol froid derrière Mattheo, tentant de s'habituer à cet environnement qu'elle ne maîtrisait pas.

Harry accourut derrière Bellatrix qui s'était rapproché, la baguette en main et un instant il aperçut la pauvre jeune femme qu'il connaissait, sur les genoux cachée derrière les jambes d'un autre personnage qu'il ne connaissait que trop bien.

Mattheo Riddle.

Bellatrix accourut, glissa sur le sol avant d'attraper les épaules de son fils pour se retourner et fixa Harry avec un sourire narquois tout en glissant à reculons jusqu'à la cheminée et finalement disparaître en un amas de fumée.

Ce fut alors qu'Harry aperçut l'homme qui attendait, à sa droite.

Il se tourna, lentement, presque de peur de l'affronter de face, la douleur de sa perte résonnant encore dans sa cage thoracique abîmée.

-"Tu as perdu, Harry Potter." Souffla Voldemort en se délectant de cette peur qu'il ressentait.

Il avait perdu.

Oui, après tout, sûrement avait-il.

Il devait abaisse sa baguette, s'agenouiller et supplier pour une merci qu'il savait ne pas mériter.

Après tout, à quoi bon continuer ? La langueur et lenteur de cette vie qu'il était supposé aimer l'avait rendu amer et acerbe du combat qu'il devait mener.

S'il avait eu un instant. Rien qu'un instant pour tenter de porter en mots tous les sentiments qu'il ressentait pour cet homme qui s'était sauvé, enfui de ce monde comme Harry en rêvait tant, durant les tards soirs sombres.

Lucius arriva à son tour avec une femme aux longs cheveux noirs.

Irène se figea, tout comme le temps dont l'écoulement cessa.

La femme s'avançait sur ses talons aiguilles, son corps en sablier se mouvant gracieusement dans son tailleur soulignant ses courbes si bien dessinées. Ses lèvres pulpeuses brillaient comme enduites de sang, et ses yeux étincelaient des émeraudes qui y perlaient.

Ses longs cheveux lisses retombaient le long de son corps comme un calme ruisseau de charbon frôlant la peau nacrée de la femme qui se tourna pour croiser le regard de celle qui l'admirait avec de grands yeux bleus.

Elle s'arrêta alors de marcher, écarquillant les yeux, fixant la chose piteuse se traînant derrière Mattheo qui n'avait pas bougé.

-"Tu ne pensais tout de même pas, Tom, que je te laisserais effrayer mes élèves ?"

La voix rugueuse d'Albus Dumbledore résonna dans le hall et Voldemort sembla contrarié, fixant le viel homme qui s'approchait, posant une main réconfortante sur l'épaule d'Harry.

-"Reprends-toi, mon garçon." Lui souffla-t-il.

Mattheo tendit son bras et ouvrit sa main en arrière, attendant qu'Irène la saisisse pour se relever mais elle n'en fit rien.

N'osant pas détourner le regard de son père, Mattheo chercha à l'aveugle le visage de la jeune femme dans son dos et la tapa pour attirer son attention.

Mais encore une fois, Irène resta silencieuse.

Il se tourna finalement vers elle et la trouva, sculpture de porcelaine brisée sur le sol glacée.

Il aperçut alors la femme qu'il n'avait pas vu plus tôt.

-"Lucrezia Zabini." Murmura le garçon en la voyant près de Lucius Malfoy.

Il sentit le corps d'Irène se raidir alors qu'il prononcait le nom de son démon.

Dumbledore eut un léger sourire que Voldemort ne saisit pas.

-"Mattheo." Appela-t-il et le garçon quitta immédiatement Irène pour se placer derrière son père.

Seule, la jeune femme tenta tant bien que mal de se relever sous le regard de Mattheo.

Oui, il avait sans doute raison. Rester assise là sans rien faire ne l'aiderait pas.

Elle resta debout sur ses deux pieds, tremblant sans savoir quoi faire.

-"Mademoiselle Zabini." Appela alors Dumbledore et Voldemort s'arrêta, abaissant la tempête de verres qu'il s'était apprêté à lui lancer.

Le professeur se tourna vers la jeune femme en retrait et tendit sa main.

-"Vous avez, je présume, quelque chose qui m'appartient."

Elle ne comprit pas, sentant son cœur tambouriner sous sa poitrine.

Elle recula d'un pas, enfonçant ses ongles dans ses paumes meurtries mais il en avança de deux, le meme sourire suffisant aux lèvres.

-"Cette bague, mademoiselle Zabini." Demanda Dumbledore. "Donnez-la moi."

-"Mais, monsieur-" commença la pauvre Irène qui ne savait pas quoi dire.

-"Irène Zabini." Rappela Dumbledore. "Votre bague."

Elle abaissa le regard vers sa bague, qu'elle avait glissé autour de son doigt.

Puis, d'un geste tremblant et contraint, elle la retira lentement et la tendit à l'homme qui la saisit avec un air de victoire.

Il se tourna vers Voldemort, fier.

-"Qui aurait cru, Tom, que la pierre de résurrection que Mattheo cherche si désespérément à Poudlard était dans la bague des Gaunt que tu avais transformé en horcruxe ?" Il eut un léger rire. "Et qu'après l'avoir détruit, j'eus décidé de la cacher sous les yeux du garçon en faisant croire à son amie qu'elle était sienne ?"

Il claqua sa langue contre son palais.

-"Tu ne l'auras pas, Tom. Tu ne récupéreras pas la pierre de résurrection."

Mattheo jeta un regard à Irène, qui semblait apercevoir son monde s'effondrer.

Ca n'avait jamais été la bague de sa mère. Dumbledore l'avait ensorcelé pour qu'elle y crois et qu'elle garde l'objet précieusement. Il l'avait utilisé comme pantin dans son jeu d'échecs avec Voldemort, et elle s'était retrouvé à en être une pièce maîtresse.

Voldemort la toisa, avec dégoût, parce qu'il ne la connaissait pas mais qu'elle avait tout gâché.

Et le regard de Lucrezia lentement se ternit de noir.

Nᴇᴍᴇsɪs [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant