Nᴇᴍᴇsɪs [TERMINÉ]

~Eighty-eight

-"Je ne comprends pas ce que tu racontes Drac-"

-"Tais-toi et contente-toi de me suivre."

Irène ne comprit pas, le regarda enfourner toutes ses affaires dans un sac au hasard avant de le balancer sur son épaule et d'attraper sa main en vitesse.

Elle apercevait les gouttes de sueur sur son front qui collaient ses mèches entre elles, ce regard qu'il refusait qu'elle aperçoive et cet halètement effréné d'un garçon qui avait peur de se faire attraper.

Il la poussa dans les escaliers en courant, ayant prit leurs chaussures en main pour ne pas faire de bruit.

-"Où est-ce qu'on va ?" Demanda Irène en le suivant néanmoins.

Elle était perdue, ne comprenait pas ce qu'il se passait mais avait confiance en ce garçon qui depuis longtemps ne lui avait pas parlé.

Il ouvrit la porte de l'arrière du manoir et la poussa dans la sortie avec précipitation.

-"Draco, explique-moi." Demanda-t-elle calmement.

Elle s'arrêta alors, fixant le portail et la personne qui se trouvait devant.

Sans arriver à détacher ses yeux, elle sentit Draco lui mettre ses chaussures aux pieds, pressé, mal préparé.

-"Je ne comprends pas." Souffla Irène mais pourtant elle comprenait déjà, sa gorge s'asséchait, sa poitrine se comprimait.

Le ciel ne lui avait jamais paru aussi noir, la nuit aussi lourde.

-"Nous devons partir." Souffla Pansy face à elle qui l'attendait sous la lumière du lampadaire.

Les questions étaient inutiles, Irène le savait et de toute façon n'en avait jamais été une grande admiratrice.

Draco la poussa jusqu'à son amie qui avait deja un sac en main et souriait comme si elle portait toute la nostalgie du monde sur le recoin de ses lèvres.

Il lui donna alors le sac qu'il venait de fermer, et attrapa son visage entre ses mains pour la forcer à le regarder.

Elle ouvrit grand ses pupilles, lorsqu'elle aperçut une frayeur inimaginable dans les siennes.

Aussitôt, lourd comme de la pierre, son cœur retomba dans son corps frêle.

-"Pars." Murmura le garçon. "Pars et ne reviens pas."

Elle ne comprenait rien, n'avait aucune idée de l'heure qu'il était ni de ce qu'il se passait, mais comme un pantin désarticulé elle hocha la tête.

Draco la lâcha, se tourna alors vers Pansy sans vraiment savoir quoi faire, tapotant finalement son épaule avec maladresse.

-"Je te fais confiance." Lui dit-elle en laissant son regard glisser dans le sien.

Comment pouvait-elle lui faire confiance, alors que lui-même n'y arrivait pas ?

Elle s'approcha d'un pas, avalant l'écart entre eux pour l'enlacer fermement.

Fermant ses yeux pour ressentir son parfum, Pansy fut tentée un instant de rester ainsi à jamais.

Draco inspira un grand coup, son cœur battant à toute allure. Il se détacha finalement et attrapa Irène pour la faire sortir par le portail.

Pansy la suivit, puis se tourna une dernière fois vers le garçon qui refermait le portail.

Ils se regardèrent, se taisant en prononçant tout ce qu'ils désiraient se transmettre.

Puis elle lui tourna le dos et, saisissant la main de son amie, partit sans se retourner.

                               *****

-"OÙ EST TA PUTAIN DE COPINE !"

Draco ne releva pas les hurlements de Mattheo qui continuait depuis déjà plusieurs dizaines de minutes dans le salon.

-"Elle a emmené Irène et a pris toutes leurs affaires." Mattheo en attrapa un par le col pour le forcer à réagir. "Je ne plaisante pas Blaise, dis-moi tout de suite où elles sont."

-"Je n'en sais rien." Se défendit le garçon. "Elles sont peut-être parties se promener ?"

-"Menteur." Il plissa les yeux. "Tu mijotais quelque chose avec elles et maintenant, elles ont disparu ? Tu te fous de moi ? Tu veux que je te brise les os pour te délier la langue ?"

-"Il n'en sait rien Mattheo, arrête de menacer tout le monde."

Mattheo releva la tête vers Draco, assis sur le canapé comme si rien ne l'intéressait.

-"Tiens, je pensais que tu t'étais fait retiré les cordes vocales." Se moqua le garçon en lâchant Blaise. "Tu daignes enfin parler ? En plus, pour dire des conneries ?"

Draco leva lentement ses yeux blasés vers le garçon à la mâchoire contractée.

Il ne leur avait rien dit.
Blaise parlait trop pour être sûr de pouvoir garder un tel secret, Théo avait d'autres soucis en tête et Mattheo était le pire de tous.
Il avait beau dire qu'il détestait son père, il avait toujours cette envie irrépressible de lui plaire. Et par dessus tout, il lui vouait une peur inébranlable.

Draco ne pouvait pas prédire sa réaction s'il lui dévoilait la vérité.
S'il lui avouait que son père voulait tuer Irène.

C'était mieux ainsi. Pansy avait juré de prendre soin d'elle, et de toute façon c'était mieux qu'elle aussi soit partie, Draco était rassuré de les savoir loin d'eux.

-"Ais confiance en Irène." Dit-il simplement. "Elle sait ce qu'elle fait."

-"Justement, elle ne sait pas ce qu'elle fait ! Va chercher Pansy et dis-lui de la ramener ici sur le ch-"

-"Je crois que tu te méprends, Mattheo." Dit calmement Draco. "Pansy a emmené Irène, pas Frida. Et Irène, ce n'est pas ton animal. Elle prends ses propres décisions et si elle veut partir faire le tour du monde pendant qu'on se tape le cul sur des balais moisis à chercher Potter, grand bien lui fasse."

Le visage de Mattheo se teinta de rouge tant ses veines grossissaient à vue d'oeil.

Ce n'était pas tant les paroles de Draco qui l'énervait, mais le fait qu'il semblait savoir où elle était.
Et pas lui.

-"Lucius, je veux que tu préviennes tous les Mangemorts qui sont en service."

La voix sifflante de Voldemort apparut dans le salon et les trois garçons se tournèrent vers lui.

-"Nous avons deux traitres qui se dirigent vers Harry Potter en ce moment-même."

Se tournant vers Mattheo, il arqua ses sourcils.

-"Mon garçon." Appela-t-il. "Je dois dire que je suis navré pour toi."

-"Que se passe-t-il, père ?" Demanda-t-il, confus.

Cachant son sourire de victoire, Voldemort se racla la gorge. Irène lui avait offert une excuse sur un plateau d'argent.

-"Irène Zabini et Pansy Parkinson ont déserté nos rangs et sont allées rejoindre Harry Potter." Déclara-t-il la mine attristée. "Elles étaient apparemment en étroite communication avec lui depuis plusieurs semaines."

Le crâne de Mattheo bourdonna, alors.
Il lui semblait que sa vision se brouillait quelque peu, que ses sens s'amenuisaient.

Irène l'avait trahis, lui.

C'était impossible, n'est-ce pas ? Irène n'était pas comme ça.

Il se tourna lentement vers Draco, comme en quête, dans son regard, du moindre indice laissant penser que tout n'était qu'une mascarade.

Mais il y trouva seulement le néant d'une vérité qu'il refusait d'accepter.