Oui, il était revenu à Poudlard.
Certes, il était de nouveau dans son lit.
Effectivement, il n'était plus seul.Néanmoins le silence restait le même dans la salle commune, et aucun des deux ne se décidait à entamer une conversation qu'ils n'avaient pas particulièrement envie d'avoir.
Mattheo, éventuellement, avait fini par aller se promener le long du lac noir avec Frida qui l'avait suivi.
Il jetait les cailloux depuis le bout de ses chaussures, les mains dans le dos, la tête baissée vers son pantalon.
Ce n'était pas aussi amusant que ce qu'il s'était imaginé.
Mais, étonnamment, il ne le regrettait pas vraiment.
Ils étaient le vingt-quatre après-midi.
Noël arrivait.
L'immense sapin de la Grande salle brillait de mille feux et Mattheo restait silencieusement impressionné chaque fois qu'il passait devant.
Irène s'était assise dans l'herbe depuis déjà un bon bout de temps lorsqu'elle remarqua le garçon qui marchait au bord du lac.
Elle avait déjà sorti sa peinture et sa toile blanche, s'apprêtait comme souvent à représenter la nature qui s'offrait à elle et qu'elle appréciait tant.
La silhouette du garçon attira son attention, venant entacher le paysage qu'elle avait pourtant tenté de préserver.
Frida vagabondait sur le rebord de l'eau sans y entrer et levait parfois la tête vers Mattheo avant de dériver vers la jeune femme qu'il n'avait pas vu.
La queue de Frida s'agita, signe qu'elle était contrariée par quelque chose.
Elle s'approcha de Mattheo et miaula pour se faire entendre mais il l'ignora royalement.
Elle courut alors jusqu'à Irène plus en hauteur et grimpa sur ses genoux, assise en tailleur, avant de gratter quelque peu son torse pour attirer son attention.
D'une main passive elle la caressa tout en gardant l'autre sur la toile.Le temps passa, lentement.
Mattheo chercha discrètement Frida du regard, l'aperçut alors sur les genoux d'Irène qu'il avait aperçu depuis le début. Elle ne semblait pas l'avoir remarqué, peignait en silence.Ils étaient tous deux présents au même endroit mais quelque chose les séparait. Était-ce leurs âmes qui d'empêchaient de se rencontrer ou bien les cieux qui les haissaient tant qu'ils leurs interdisaient de s'accorder une paix factice ?
Il se tourna vers le lac à l'instant où Irène releva les yeux vers lui. Cela faisait plusieurs heures qu'il se promenait autour de lac sans jamais lever les yeux pour l'apercevoir.
Étrangement cela ne la dérangeait pas, qu'il reste là, tant qu'il ne la remarquait pas.
C'était amusant que la seule personne encore présente chez les Serpentard était la seule personne qu'elle détestait.
Ils avaient déjà passés le cap des injures, et désormais ne restait que l'ignorance.
Cela lui allait parfaitement. Elle ne voulait rien avoir à faire avec un garçon tel que lui qui ne pensait qu'à sa petite personne.
Fort heureusement, il semblait prendre soin de Frida - ou du moins ne la laissait pas mourir de faim. C'était sans doute la seule chose qu'elle pouvait apprécier chez lui.
Frida sentit peut-être qu'Irène pensait à elle car elle sortit de ses jambes et s'avança dans les hautes herbes d'une démarche assurée.
Irène la suivit du regard, amusée de son comportement.
Frida, remuant la queue, continua de marcher et s'éloigna des deux adolescents.
Irène se concentra de nouveau sur sa peinture, ne sentant pas la douleur de son bras droit qu'elle gardait levé depuis des heures.
Mattheo s'était assis sous l'ombre des arbres, fixant le lac d'un air ailleurs.
Il sentit alors quelque chose sur son nez et leva la paume vers le ciel pour voir s'il pleuvait. Il s'arrêta alors, fixa ce qu'il avait attrapé, les minuscules flocons qui se posaient sur le bout de ses doigts.
Irène leva la tête vers le ciel, un sourire s'étirant sur son visage. Elle plissa les yeux lorsqu'elle s'en recut et abaissa le regard vers ses jambes. Le détail de chacun des flocons de neige suffisait à l'émerveiller.
Elle souriait.
C'était grisant, cet odeur de froid qui s'infiltrait dans ses narines. C'était la seule odeur qui lui rappelait son manoir.
La froideur hivernale.Elle se tourna pour chercher Frida du regard, excitée, et s'arrêta, lâchant au même instant son pinceau qui retomba dans l'herbe, lourd.
Le chaton se tenait sur un pan de bois qui dérivait sur le lac noir, loin du rivage.
Sans un mot, sans un cri, Irène lâcha ses affaires et dévala la colline qui les séparaient, courant sans une seule pensée dans le lac tandis que le soleil se couchait.
Le clapotis soudain de l'eau fit tourner la tête à Mattheo qui fixa, sans comprendre immédiatement, une silhouette s'enfoncer dans l'eau glacée.
Irène tendit un bras vers le chat qui miaulait, sentit l'eau s'infiltrer dans ses pores et engourdir ses membres mais elle n'abandonna pas.
Ses longs cheveux se firent lourds soudain et elle avait du mal à déglutir sous la douleur de sa gorge gelée.Elle frôla le bout de bois de ses doigts mais sentit son bras se rétracter. Ses articulations avaient du mal à fonctionner, son système nerveux devenait douloureux.
C'était ironique, mais elle ne savait même pas nager en réalité.
Après tout, personne ne le lui avait appris.Elle rassembla ses forces et tenta de nouveau d'attraper Frida qui la fixait de ses deux grands yeux bleus.
Elle pouvait d'apercevoir en eux, étonnamment.-"Irène !" Entendit-elle hurler derrière elle.
Il fallait sauver le pauvre chaton qui voguait seul sans personne pour l'aider.
Il fallait sauver l'enfant que personne n'avait protégé.
Elle n'avait jamais pensé que le froid puisse brûler chaque parcelle de sa peau. Elle sentait l'eau lacérer sa peau comme des milliers d'aiguilles qui la transpercerait.
Sa bouche s'enfonça dans les abysses, son nez aussi mais elle gardait les yeux en-dehors pour ne pas lâcher l'enfant du regard. Elle ne devait pas l'abandonner. Elle ne pouvait pas se résoudre à la laisser seule alors qu'elle pouvait encore la sauver. Frida s'approcha du rebord, sauta sur le bras tendu d'Irène et cette dernière, ses pupilles s'adoucissant, regarda l'enfant qu'elle venait de récupérer.
Et finalement, ses yeux eux aussi se fermèrent et plongèrent dans un silence mortuaire.
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Nᴇᴍᴇsɪs [TERMINÉ]
Fanfic❝L'amour fleurit dans la haine.❞ ---------- Mattheo Riddle était né d'une union purement scientifique et n'avait pour but que de satisfaire les attentes de son père. Irène Zabini était née d'une union purement sauvage et n'avait pour but que de ne...