L'eau était glaciale. Le rebord n'était qu'une vaste patinoire sur laquelle Mattheo glissait sans relâche.
Il voyait sa respiration devenir flocon juste devant ses yeux.
Il avança, poussant l'eau avec ses mains pour tenter d'aller plus vite, ignorant sa peau qui frissonnait au contact du lac.
Il s'enfonça jusqu'à ne plus avoir pieds et nagea aussi vite que ses jambes engourdies le lui permettaient, avalant de l'eau avant de la recracher.
Il y avait un corps qui s'enfonçait, un pan de ses vêtements flottait encore, semblant presque se laisser voguer sur les vagues que les mouvements brusques de Mattheo causaient sur le lac si calme.
Finalement il plongea, ses pieds ne touchant plus le sol, sans un seul instant d'hésitation.
De ses doigts il tenta d'agripper l'eau autour de lui, semblant y chercher quelque chose qui hélas ne s'y trouvait pas.
Frida gémissait, sur l'épaule du corps qui restait encore émergé, seul vestige de l'enfant qui s'enfonçait.
-"Irène !"
Les deux mains de Mattheo agrippèrent sa taille en profondeur et la soulevèrent de toutes leurs forces, faisant retomber l'inerte femme sur ses épaules.
D'une main il la tint fermement à lui, sentant ses longs cheveux se coller au dos de sa chemise, et de l'autre il attrapa Frida et tenta de s'extirper des eaux infernales.Il se sentait à son tour sombrer, alourdi par le poids qu'il refusait de lâcher.
Il recrachait tout ce qu'il ingurgitait, fixait de ses yeux injectés de sang le rivage qui s'éloignait étrangement.
Il continua, battant de ses pieds, soufflant dans l'eau comme si ça pouvait l'aider à séparer le lac en deux.
Le bout de sa chaussure se buta sur quelque chose et ses yeux s'agrandirent, l'espoir revenant. Il posa pied sur le sable et immédiatement se battit contre vents et marées pour revenir sur la terre ferme.
Il balança le corps d'Irène et Frida sauta sur l'herbe fraîche tandis que le garçon s'affalait au-dessus de la jeune femme.
Il tapa de toutes ses forces contre sa cage thoracique, se fichant des risques de lui briser les côtes tant qu'il faisait fonctionner ses poumons qui se noyaient.
Irène ouvrit les yeux soudain, retournant instinctivement sa tête sur le côté pour cracher l'eau glacée qu'elle avait ingurgité.
Elle releva les yeux, tremblante, vers la silhouette au-dessus d'elle.
Mattheo était dans l'ombre du soleil, ses cheveux noirs plaqués sur son front laissant l'eau y dégouliner jusqu'à retomber sur le visage d'Irène.
-"T'es idiote ?" Hurla le garçon à sa figure. "Tu voulais piquer une tête ?"
Il la sentit trembler entre ses jambes mais n'arrivait pas à calmer la colère qui l'habitait.
-"Frida était-" tenta-t-elle d'argumenter.
-"Frida est à moi, non ? C'est toi qui me l'a donné, stupide bonne-à-rien, alors laisse-la moi et reste à ta place !"
Elle déglutit, ses pupilles se rétractant.
-"Quoi, ça t'amuse ?" Cracha le garçon en élevant toujours la voix. "Tu le faisais exprès, t'en as eu marre de peindre le même paysage toute la journée ?"
Elle ne répondit pas et il contracta la mâchoire.
-"MAIS PARLE BORDEL !" S'égosilla Mattheo.
-"Tu me fais peur." Avoua Irène en un murmure sans pour autant quitter ses yeux du regard.
Le visage de Mattheo se figea instantanément, ses pupilles se dilatant.
Ses vêtements dégoulinaient sur la jeune femme et elle abaissa finalement le regard vers ceux-ci avant de les relever vers les siens.
-"Je suis désolée que tu te sois trempé." Dit-elle sincèrement.
-"Ça ?" Il abaissa la tête vers son corps. "Si j'en avais quelque chose à faire d'être mouillé, je t'aurais laissé crever, alors ne t'excuse pas pour rien."
Il détourna le regard avant de soupirer et de se relever.
-"Va voir Pomfresh Zabini, elle vérifiera que t'as pas de l'eau coincé dans le cerveau."
Elle se releva à son tour, voyant encore indistinctement.
Frida caressa ses jambes pour tenter de la rassurer et Irène lui sourit avant de se diriger vers le château, grelottant dans ses vêtements dégoulinant et sous les flocons qui retombaient sur son frêle corps.
Mattheo était allé cherché sa baguette près de l'arbre, passant de main dans ses cheveux, sur les nerfs.
Il la regarda s'éloigner et bientôt disparaître, ressentant cette rage qu'il ne s'expliquait.
Il souffla, décidant de remonter lui aussi, passant dans les herbes.
Il se tourna vers la toile qu'Irène avait laissée, hésitant à la laisser ou la remonter.Finalement il s'en approcha, s'abaissant pour attraper le pinceau qui avait roulé.
Frida miaula mais il l'ignora, décidant qu'il allait lui faire la tête.
Il s'approcha, reposant le pinceau avant d'attraper la peinture pour la ramener. Frida miaula une nouvelle fois.
-"Ferme-la, le chat."
Frida montra les dents et mordit dans l'ourlet de son pantalon pour l'empêcher d'avancer - sa technique secrète.
-"Dégage de là !" D'un coup de pieds il l'envoya balader.
Elle emit un léger son de surprise avant de s'écraser un peu plus loin.
S'en voulant quelque peu, Mattheo regarda si elle se relevait d'entre les hautes herbes mais ne la vit pas.
-"Le chat ?"
Il s'aperçut alors que les hautes herbes semblaient se plier les unes après les autres et Frida sauta sur lui pour le faire tomber, s'agrippant à ses cheveux et sa bouche.
Il s'étala au sol et elle s'écarta, satisfaite.
S'apprêtant à l'étriper, Mattheo releva son buste et la chercha, lorsque son regard se posa sur le tableau qu'il avait laissé tomber.
Comme médusé, Mattheo se tut.
Il admira le paysage splendide qu'elle avait dessiné - après tout, elle avait eu des années pour apprendre à se perfectionner.
Mais qu'était-ce, déjà ? Irène n'avait jamais peint quelqu'un, pas même la silhouette d'un animal. Ça avait toujours été le paysage, dénué de vies.
Et pourtant il se voyait, au centre du paysage, tourné vers le coucher de soleil, sa silhouette se tenant droite face à l'immense océan qu'elle avait croqué.
Mattheo souffla par le nez, impressionné, un léger sourire se dessinant aux coins des lèvres.
VOUS LISEZ
Nᴇᴍᴇsɪs [TERMINÉ]
Fiksi Penggemar❝L'amour fleurit dans la haine.❞ ---------- Mattheo Riddle était né d'une union purement scientifique et n'avait pour but que de satisfaire les attentes de son père. Irène Zabini était née d'une union purement sauvage et n'avait pour but que de ne...