~Thirty-two

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-"Ils sont en train de fouiller tous les dortoirs."

Irène fronça les sourcils, s'approcha de Pansy qui expliquait ça aux filles de leur propre dortoir, toutes debout devant leurs lits respectifs en attendant d'être inspectée.

-"Apparemment, quelqu'un aurait volé Miss Teigne, le chat de Rusard." Répéta Pansy les yeux grands ouverts. "Il est paniqué, il a retrouvé du sang dans sa litière."

Les filles firent la grimace et Irène se redressa en entendant l'escalier grincer.

Leur préfète les salua et accompagnée de professeurs, elles vérifièrent dans les placards, sous les lits et dans les tables de chevet s'il n'y avait pas la moindre trace du pauvre chat.

Irène resta discrète, attendant qu'elles terminent. Finalement, bredouilles elles repartirent.

Après encore plusieurs dizaines de minutes, ils furent tous autoriser à retourner dans leur salle commune et immédiatement Pansy attrapa Irène et elle descendirent.

-"Vous pensez que c'est Mattheo ?" Demanda-t-elle aux garçons en les voyant descendre à leur tour.

-"C'est sur." Argua Théo. "Sûrement un ordre de son père."

-"Sacrifier un chat fait partie d'un quelconque sort ?" Douta Blaise et Pansy roula des yeux.

-"Tu n'es pas assez cultivé pour le savoir, de toute façon." Argua la femme et il se tut, piqué au vif.

-"Ce n'est pas Mattheo."

Le groupe se tut, et lentement se tourna vers Irène qui avait prit la parole, sûre d'elle.

Draco leva un sourcil, plutôt inquiet par ce qu'il se passait.

Irène se racla la gorge, n'étant pas habituée à cette soudaine attention.

-"Je croyais que tu ne l'aimais pas." Rétorqua Pansy.

-"Je ne l'aime pas, là n'est pas la question. Je suis certaine que ce n'est pas lui."

-"Il est pourtant sortit du dortoir tard cette nuit." Affirma Draco. "Qu'est-ce qui te fait croire que ce n'est pas lui ?"

Rien. Elle n'avait aucune preuve en réalité, mais elle avait simplement cette intuition.

-"Pourquoi assumer que c'est Mattheo ? Simplement parce que c'est le fils du seigneur des ténèbres ?" Elle regarda Théo. "M'auriez-vous accusé, si j'étais sortie ?"

-"Non, mais c'est-"

-"Alors pourquoi l'accuser, lui ? Ce n'est pas comme s'il avait déjà fait quoi que ce soit de ce genre, n'est-ce-pas ?" Elle eût un léger sourire gêné. "Enfin, ce n'est que mon avis."

Sa phrase se mourut dans sa gorge tandis qu'elle baissait la tête, sentant leurs regards braqués sur elle.

-"Ça alors." Théo eût un rire. "Je n'aurais jamais cru me faire sermonner par mademoiselle Irène. C'est un honneur, dis-moi."

Elle releva légèrement les yeux, ne s'attendant pas à ce genre de réaction. Blaise eût un sourire, tapotant sa tête avec tendresse. Elle se mordit la langue, sentant son cœur se réchauffer.

Ils ne s'étaient pas énervés parce qu'elle les avait contredit.

Ça faisait du bien, étonnamment, d'avouer ce qu'elle souhaitait partager.

-"Tiens, Mattheo." Pansy regarda derrière Irène et fit un geste. "Viens, on parlait justement de toi. Tu étais où ? Ils sont venus chercher pour Miss Teigne."

-"Miss Teigne ? C'est qui, ça ?"

Il s'approcha, son épaule frôlant d'Irène et cette dernière se décida à ne pas le regarder, fixant Draco face à elle.

Mattheo, quant à lui, se raclait la gorge, jetant des regards à la dérobée à la jeune femme.

-"[...] et donc tu ne l'as pas vu ?" Termina Pansy en soufflant enfin.

Ne l'ayant pas écouté une seule seconde, Mattheo haussa un sourcil.

-"Non." Répondit-il sèchement et il partit se chercher quelque chose à manger.

Pansy et les garçons se jetèrent un regard à moitié convaincu mais ne réussirent pas à capter le regard d'Irène qui le gardait baissé, tentant de calmer son coeur qui battait.

Les frissons, qu'elle ressentait parcourir son dos et ses bras jusqu'à son échine, étaient-ils dû à sa prise de paroles impromptus ? Aux réactions chaleureuses de ses amis ? Ou bien à tout autre chose ?

Refusant d'y penser plus que de nécessaire, elle se dépêcha d'aller chercher ses affaires pour les premiers cours de la journée.

Et les cours passèrent, les uns après les autres. Elle écrivait des pages et des pages, épuisant l'encre sur les ratures en oubliant la douleur de son poignet bien trop fin pour tout supporter.

Au moment du dîner, Ombrage s'approcha pour prendre la parole au pupitre et elle leva la tête de sa soupe pour l'écouter.

-"Chers élèves." Commença-t-elle en souriant. "Il semblerait que monsieur Rusars ait retrouvé son chat." Elle parut hautaine. "Vous pouvez dès à présent retourner vaquer à vos occupations ou vos prochains partiels."

Elle redescendit de l'estrade et jeta un regard désinvolte à Rusard dans un coin.

-"Apparemment." Pansy retourna s'asseoir après avoir fait le tour de la salle en quête d'informations. "Ils l'ont retrouvé dans les toilettes des filles avec Mimi Geignarde. Miss Teigne s'était coincée la tête sous une porte après avoir tenté de manger la jeune fille."

Elle se rassit entre Irène et Théo et se racla la gorge, visiblement mal à l'aise.

Mattheo regarda Irène qui avait la tête baissée vers son assiette. Il put néanmoins entrevoir son sourire de victoire entre ses mèches et il se surprit à sourire également avant d'immédiatement arrêter.

Pansy regarda les trois garçons, gênée d'avoir ainsi accusée un pauvre innocent.

-"Mattheo, ça te dirait de venir avec nous pendant les grandes vacances ?" Demanda Pansy en se tournant vers lui, souhaitant se faire pardonner pour quelque chose qu'il ne savait pas. "On va tous dans ma grande maison, en Grèce."

-"Non." Répondit-il sèchement. "Des vacances sans vous me ferait le plus grand bien."

Elle fit la moue, n'étant néanmoins pas surprise pour un sou.

Irène releva la tête, le toisa.

Exactement comme elle l'avait dit. Il rabaissait et s'éloignait des autres parce qu'il avait peur de se rapprocher d'eux. Parce qu'il avait peur de leur réaction en apprenant à connaître le véritable Mattheo, et non pas celui qui se cachait sous son nom.

Il contracta la mâchoire, sachant exactement ce qu'elle pensait parce que lui aussi l'avait compris.

Mattheo inspira, semblant déstabilisé. Il se leva, sans un mot, et partit de la Grande Salle. Ça n'eut pas l'air d'étonner les autres, habitués, mais Irène le suivit du regard jusqu'à le perdre de vue.

Elle avait gagné.

Alors pourquoi cette arrière goût si amère se faisait-il ressentir sur son palais ?

Peut-être parce qu'elle n'arrivait pas à s'avouer que lui aussi avait gagné.

Qu'ils étaient tous deux de pauvres âmes perdues et irréparables.

Nᴇᴍᴇsɪs [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant