~Thirty-seven

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-"Sale petite idiote !" Hurla Lucrezia folle de rage.

Elle s'approcha en attrapant le bras d'Irène pour la relever.

Irène grimaça, son poignet broyé par la force de sa mère qui la repoussa contre un mur avec violence.

-"Ne la touchez pas." S'interposa Mattheo en se plaçant entre elles, face à la mère. "Elle n'a rien fait."

-"Je suis sincèrement navrée, Maître." Lucrezia se tourna face au seigneur des ténèbres qui semblait contrarié de par la situation. "Si j'avais su-"

-"Ne t'excuse pas, ma chère." Voldemort eut un sourire crispé. "Tu n'es pas la fautive."

Il se tourna lentement vers son fils, le regard soudain si glacial que Mattheo en sentit son cœur s'effriter.

-"Père, je suis le seul fautif." Avoua le garçon en cachant sa main qui tremblait. "J'ai simplement tenté de-"

-"Occupons-nous de nos enfants respectifs." Proposa Voldemort et Mattheo se tourna instinctivement vers Lucrezia qui déjà tentait d'attraper Irène cachée derrière le garçon.

Il la repoussa une nouvelle fois, ses bras s'écartant pour protéger la jeune femme derrière lui mais une force inconnue le projeta contre le parquet du manoir des Malfoy.

Voldemort le regarda misérablement, au-dessus de lui tandis que Lucrezia transplanait avec Irène.

Mattheo déglutit, se relevant immédiatement pour s'incliner.

-"Je suis désolé." Murmura le garçon. "Je ferais mieux la prochaine fois."

Voldemort le fixa, longuement, les yeux baissés vers cette misérable créature qui ne semblait pas mesurer la honte qu'il lui infligeait.

                               *****

-"Espèce de sang-de-bourbe !" Cria Lucrezia en balançant tout ce qui lui passait sous la main sur Irène qui se protégeait le visage avec ses bras.

Lucrezia eût un ricanement, dans son manoir vide, ses elfes se cachant dans les cuisines et couloirs étroits.

-"Tu ne dis plus rien ?" Ironisa la femme dans son tailleur trop serré, avançant un talon après l'autre.

Irène se recroquevillait contre le mur, entendant son cœur battre contre ses tympans.

-"Parle !" Hurla Lucrezia en lui tirant les cheveux pour la pousser par terre.

Immédiatement Irène s'accroupit en baissa la tête, sentant ses sanglots remonter.

-"Je suis désolée mère." Murmura péniblement l'enfant.

-"Ne m'appelle pas comme ça." Cracha Lucrezia avec dédain, la regardant de haut.

Irène releva légèrement la tête, le visage baigné de larmes et Lucrezia chancela de sa hauteur.

Elle ressemblait tant au monstre qui hantait encore ses nuits.

Comment pouvait-elle, cette enfant, cette immondice, rire et vivre comme si rien ne s'était passé ? Comme si Lucrezia n'avait pas subi inlassablement les coups et violences d'un homme qui avait pris non seulement son corps mais avait volé une partie de son âme chaque fois qu'il la dénudait ?

Comment pouvait-elle, cette fille, cette erreur, croire un instant que Lucrezia allait la laisser lui rappeler incessamment le visage de celui qu'elle voyait déjà bien trop dans ses cauchemars ?

-"Mère." Souffla Irène en se pinçant les lèvres mais Lucrezia détourna le regard, refusant de continuer à fixer ce visage qu'elle haïssait tant.

-"Je ne peux même pas supporter de te savoir dans le même endroit que moi." Chuchota Lucrezia la gorge serrée en regardant par la grande fenêtre.

Irène sentit quelque chose, de nouveau, se briser.

C'était elle, cette fois, qui s'échouait.

Elle baissa la tête vers sa main désormais nue et sentit ses lèvres se mettrent à trembler. Qu'avait-elle pensé ? Qu'elle méritait son amour, alors qu'elle n'avait rien fait pour ?

Elle l'avait déçue. Elle aurait dû faire ce qu'elle avait toujours fait, mais à cause de lui elle s'en était écartée et il était là désormais son châtiment.

Cette douleur lancinante dans l'entièreté de son corps était là le tatouage indélébile de son erreur ineffaçable.

Comment avait-elle pu entrevoir autre chose que la simple vérité qu'était l'inutilité de son existence même ?

Elle fixa le sol, pathétiquement, des heures durant.

Les talons de sa mère rayaient le parquet tandis qu'elle faisait demi-tour et repartait pour s'éloigner de cette horreur qu'elle venait de ramener.

Son salon n'avait jamais été très grand mais en cet instant Irène en ressentait chaque particule d'air qui emplissait la pièce d'un vide immense.

Elle releva la tête, tremblante, vers l'immense miroir contre le mur face à elle.

Elle se voyait. En entier, piteuse, affalée sur les lattes de bois avec ses longs cheveux retombant partout sur sa peau comme un long voile de deuil.

Elle fixait son visage. Ce visage que de mère haissait tant. Ce visage qui l'avait tant condamné.

Le visage de son père qu'elle n'avait jamais connu mais qu'elle rejettait de toute son âme.

Ce visage qu'elle ne supportait plus de voir.

Ce visage qui s'étira en une grimace de douleur et qui se baignait de larmes brûlantes.

Si seulement elles arrivaient à embraser cette tête et lui permettaient de renaître en une qu'elle n'aurait pas à cacher derrière des cheveux trop longs et trop lourds pour ses épaules trop frêles.

Si seulement elle avait le courage de saisir le verre brisé près d'elle et s'entailler ce visage qui la hantait jusqu'à ce qu'elle soit satisfaite du résultat qui la libérerait de la haine qu'elle peinait à supporter.

Mais elle était bien trop faible, ses bras étaient bien trop grelottants, son regard bien trop frissonnant pour réussir à faire quoi que ce soit de signifiant, quoi que ce soit d'autre que de se forcer à se regarder pour se punir de tous les péchés qu'on lui reprochait.

Personne ne revint dans le salon durant des heures entières, les elfes ne s'en approchant que pour regarder l'enfant si ridiculement petite dans cet espace si grand.

Nᴇᴍᴇsɪs [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant