~Thirteen

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-"C'est ridicule."

-"Je te le fais pas dire."

Théo soupira, honteux, et croisa le regard de Blaise visiblement tout aussi à bout.

-"On va devoir rester comme ça combien de temps, Pansy ?" Se plaignit le garçon en gémissant mais Pansy le fit taire d'un regard.

-"Tu as bientôt fini ?" Demanda-t-elle en se tournant vers Irène.

La jeune femme, cachée par l'immense toile, leva les yeux, le pinceau en main, et regarda les deux modèles qui se plaignaient, debout sur les canapés, dans des positions inconfortables.

-"D'ici une heure." Rassura-t-elle en leur souriant tendrement et Théo se vit faiblir, n'osant pas briser ce précieux sourire.

-"Ne fais pas ton faiblard." Cracha-t-il à Blaise. "Je peux tenir encore toute la journée, pas toi ?"

Piqué au vif, Blaise leva plus haut sa jambe droite dans les airs.

-"Je peux tenir encore une semaine !" S'écria le garçon et Pansy, assise près d'Irène, admirant sa peinture, eut un rire.

Irène adorait peindre.

Ce que les garçons ne savaient pas, en revanche, c'était qu'elle ne les peignaient pas eux, mais les objets qu'elle leur avait posé sur les mains et pieds.

Bien sûr, elle aurait simplement pu les faire léviter, mais c'était Draco et Pansy qui avait proposé l'idée de les faire poser.

Et elle avait tout naturellement accepté.

Draco, assis derrière les filles, admirant de loin, eut un sourire amusé.

-"Je ne comprend pas que tu puisses sourire."

Il se tourna vers Mattheo, près de lui. Il leva un sourcil, attendant la suite de ses propos.

-"Ils sont bruyamment exaspérant." Termina le garçon, tranchant et Draco eut un léger soupir.

-"Je n'aimais pas ça non plus, tu sais, mais on s'y fait. Et puis, s'ils restaient silencieux, ce serait ennuyeux."

-"Calme." Corrigea alors Mattheo en tournant la page de son livre. "Ce serait calme."

Draco haussa les épaules, ne voyant pas la différence avec ce qu'il venait de dire.

-"Si tu t'ouvrais un peu plus, tu verrais que le calme, ce n'est pas ce qui se fait de mieux par ici."

Mattheo voulut répliquer mais le rire bruyant de Pansy vint couper court à leur discussion. Ils regardèrent Blaise se tenir désespérément au bras de Théo, suspendus sur leurs chaises elles-mêmes tenant sur le canapé, Blaise venant d'éternuer et de perdre l'équilibre.

Irène leva son pinceau, arrêtant de peindre et Pansy ne comprit pas pourquoi avant qu'elle ne grimace.

-"La poterie." Se lamenta Pansy en regardant ladite poterie, que devait tenir Blaise, brisée sur le sol.

Blaise se sentit désolé, tenta de sortir sa baguette pour la réparer mais glissa sur sa chaise de bois et chuta, tentant de se rattraper en agrippant la chaise sur laquelle se tenait Théo, les faisant tomber tous deux sur le sol froid.

La salle commune se fit silencieuse.

Pansy regarda Irène qui haussa les épaules, souriant à moitié.

Et tandis que la première allait aider les deux garçons à se relever en riant, Irène s'accroupit pour signer sa toile en bas à droite de son fin trait de plume.

-"J'espère que je suis beau, au moins."

Blaise s'approcha, appuyant sur son nez pour arrêter le saignement, et il se figea, regarda la toile.

-"Bah." Il regarda sa soeur qui détourna la tête. "Elle est où, la toile ?"

-"C'est celle-là." Elle désigna celle qu'elle avait laissé sur le portant.

-"Et on est où, dessus ?"

Elle désigna deux ombres sur les rideaux émeraudes.

-"Ici."

Théo s'approcha, laissa sa tête retomber contre le dos de Blaise en soupirant.

-"On s'est fait berné, mec." Murmura-t-il, au bord du gouffre et Blaise n'en revint pas, la bouche toujours entrouverte, fixant la toile qui séchait.

-"Vous auriez dû vous en douter." Répliqua Draco d'une voix forte pour qu'ils l'entendent.

Les quatre se tournèrent vers le fond de la salle où lui et Mattheo étaient.

Il eut un ricanement mauvais.

-"Elle ne peint jamais les personnes." Termina-t-il et Blaise s'effondra sur le sol, comme si son monde tombait en ruine.

Mattheo regarda le blondinet se moquer ouvertement de ses deux amis, puis regarda la toile d'Irène, la jeune femme juste à côté, s'étant détournée de cette discussion intense pour admirer son œuvre silencieusement, coupée du reste.

Dans la salle, c'était la dernière que l'on remarquait. Elle se cachait, dans l'ombre des fenêtres donnant sur le lac noir. Elle n'avait sans doute pas fait exprès de se mettre à cet endroit, mais c'était le plus sombre, et ses cheveux noirs s'y fondaient.

Elle était dos aux autres, le dos courbé pour avoir l'air plus petite, il n'apercevait même les mouvements de son corps lorsqu'elle respirait.

S'il n'y avait pas prêté attention, il aurait complètement oublié son existence.

Était-ce ce qu'elle souhaitait ? Il trouvait ça ridicule, d'être aussi pathétique.
Il devait avoir trop bu, ce soir-là, pour croire que de dos elle puisse être captivante.
Même s'il n'avait bu qu'un seul verre.

-"Ça ne va pas ?"

Il tourna la tête vers Pansy qui s'était assise près d'eux.

Elle sourit, leva son doigt vers la peinture.

-"T'en penses quoi ?" Demanda-t-elle, toute fière de son amie.

Il ne regarda pas la peinture. Il regarda la peintre, longtemps, se perdant dans ce qu'il pensait.

-"Minable." Répondit-il alors sur un ton glacial.

Pansy fronça les sourcils, s'apprêta à répliquer mais Irène finalement se tourna vers eux, à plusieurs mètres pourtant, plongeant son regard immédiatement dans celui du garçon.

Il garda contenance, leva un sourcil, penchant la tête sur le côté tandis qu'elle restait de marbre. Qu'allait-elle dire ? Il attendait de voir la peureuse Irène répliquer.

Elle ne dit rien. La commissure droite de ses lèvres se releva en un demi sourire mesquin, et elle releva légèrement le menton, ne clignant pas pour ne pas perdre son regard.

Et finalement elle se leva, attrapant sa peinture pour la monter dans sa chambre sans un mot.

Et étrangement, Mattheo se sentit encore plus insulté que si elle avait crier les pires injures du monde.

Nᴇᴍᴇsɪs [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant