~Seventy-five

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-"Tu as été courageuse."

-"Merci."

Mattheo s'approcha, s'asseyant sur le bord du lit d'Irène.

-"Ne joue pas à ça avec moi." Dit-il d'un ton calme mais sec. "Ne fais pas semblant que ça ne t'affecte pas."

-"Ça m'affecte. Mais que veux-tu que je fasse ?" Elle pencha légèrement sa tête sur le côté. "Je n'aurais pas dû lui dire ça."

-"Tu n'as rien dit de méchant." Ricana le garçon. "C'est plutôt le contraire."

-"Tu ne comprends pas, Mattheo."

-"Alors explique-moi."

Il s'était approché, s'était assis près d'elle.

Elle gardait la tête baissée, adossée contre ses oreillers.

-"Elle a tellement souffert." Souffla la pauvre adolescente. "Comment pourrais-je lui en vouloir ?"

-"Ce qu'elle a vécu, je m'en fiche comme de l'an quarante, Irène." S'énerva Mattheo. "Ça n'excuse rien."

-"Ça excuse tout." La défendit Irène en relevant la tête.

Elle avait les yeux rouges, Mattheo ne pouvait pas manquer ça.

-"Elle me déteste parce que je représente tout les traumatismes qu'on lui a infligés."

-"Tu n'as pas à porter les traumatismes qu'une adulte a subi." Refusa le garçon. "Elle n'a qu'à se débrouiller avec."

-"C'est ce qu'elle tente de faire."

-"Tu vas continuer à la défendre ?" S'exclama le garçon. "Alors que tu sais toi-même qu'elle est indéfendable ?"

-"Et toi, tu continues de flancher devant ton père, pourtant tu me fais la morale ?" Rétorqua Irène.

-"Ça n'a rien à voir !" Argua le garçon.

-"Je fais ce que je peux !" Flancha la jeune femme. "Tu ne pourrais pas essayer de comprendre au lieu de me provoquer ?"

Il s'arrêta, tentant de se calmer.

Ce n'était pas qu'il ne comprenait pas.

C'était qu'il ne supportait pas de la voir se rabaisser seule, comme si ce n'était pas déjà suffisant d'être humilié par sa propre mère.

-"Tu auras beau lui trouver toutes les excuses du monde, Irène." Recommença Mattheo lui relevant le menton. "A la fin de la journée, c'est à cause d'elle que tu pleures."

Elle renifla bruyamment, son visage se brisant pour laisser ses larmes couler, de plus en plus grosses, sur ses joues déjà salées.

Il les essuya une à une, calmement, gardant son regard dans le sien.

-"Ce n'est pas parce que ta mère a une vie de merde que la tienne doit l'être aussi." Continua Mattheo.

Elle voulut essuyer son visage mais il l'arrêta d'une main et les reposa sur ses genoux, s'en occupant lui-même.

Elle le laissa faire, ressentant une décharge électrique à chacun de ses doigts frôlant ses joues.

-"Je ne voulais pas non plus que Blaise soit marqué." Souffla Irène.

Elle s'ouvrait finalement, petit à petit.

-"Je voulais qu'on vive tous ensemble à Poudlard à jamais."

Il ne se moqua pas, comme elle aurait pu le penser. Il continua de l'observer, attendant qu'elle continue.

-"Je voulais juste...qu'on reste ensemble pour toujours."

Elle renifla une énième fois et il remonta son pouce pour essuyer ses yeux avec douceur.

-"Je ne veux pas être ici, Mattheo." Souffla la jeune femme en sentant son visage se briser une nouvelle fois.

Calmement, il continua de le réparer, comme s'il l'avait toujours fait.

-"Je déteste cet endroit. Je déteste ces gens. Je déteste tout ça."

-"Où est-ce que tu voudrais être ?" Demanda alors le garçon.

Surprise par la question inattendue, elle ne sut pas immédiatement quoi répondre.

-"Je voudrais être au calme." Avoua-t-elle finalement. "Dans un endroit loin de tout ceux qui sont ici. Loin de tout, en réalité."

Il hocha la tête, laissant ses mains traîner dans ses cheveux coupés.

-"Moi, je voudrais être en Sicile." Dit-il subitement. "J'ai des photos de là-bas, et il y a de très belles plages et pleins de monuments que j'aimerai visiter."

Elle resta coite un moment, puis laissa échapper un petit rire qui le fit sourire.

-"Je suis sérieux." Mattheo sembla blessé.

-"On trouvera un endroit tranquille en Sicile." Répondit Irène en plissant le nez. "Où tu pourras visiter les monuments."

-"Et où tu pourras peindre le paysage environnant."

Elle hocha la tête de haut en bas, convaincue.

C'était amusant, de s'abandonner à des rêveries si lointaines que même les étoiles semblaient moins incertaines.

Il se pencha, embrassa fugacement ses lèvres trempées.

-"On ira." Promit-il en prenant son visage en coupe. "Je t'emmenerais loin de tout ça."

-"Merci, Mattheo." Murmura-t-elle. "D'être là."

Il arqua un sourcil.

-"C'est chez moi." Fit-il remarquer.

Elle eut un rire.

-"Chez Draco, mais je suppose que tu ne fais pas la différence."

-"Je prends ce que j'aime." Il haussa les épaules. "J'aime son manoir, alors il est à moi."

Il se tourna légèrement vers elle, s'émerveillant.

Le manoir n'était pas la seule chose qu'il avait désiré faire sien, c'était certain.

Et, derrière la porte, Queudver fronça les sourcils.

Descendant les escaliers à pas de rats, il se dépêcha de retourner dans l'aile réservée au seigneur des ténèbres.

-"Maître." Appela-t-il en s'inclinant, tout tremblant.

Ce dernier, assis, l'invita à parler.

-"Cette fille." Siffla le traître, l'air mauvais. "Elle a une mauvaise influence sur votre fils."

-"De quel genre, Queudver ?"

Queudver hésita, pesa le pour et le contre.

-"Elle veut l'emmener loin d'ici, Maître." Finit-il par répondre.

Ce fut le silence, dans la sombre pièce.

Puis il entendit un craquement, et se rendit compte que Voldemort venait craqueler la chaise sur laquelle il était.

Le regard empli de flammes, il se tourna vers son subalterne.

-"Elle ne l'emmènera nulle part." Cracha-t-il, la mâchoire contractée. "Crois-moi."

Il se leva soudain, s'empara de sa baguette, fit les cent tours.

Lucrezia avait raison :

Irène ne méritait rien.

Nᴇᴍᴇsɪs [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant