Nᴇᴍᴇsɪs [TERMINÉ]

~Twenty-seven

-"Il paraît que Draco Malfoy sort avec quelqu'un."

Les murmures allèrent bon train, dans la salle commune des Serpentard. Lorsque le chat sortait, les souris dansaient, c'était à prévoir.

Mattheo n'était pas parti avec le reste du groupe pour aller chercher quelqu'un susceptible de les laisser accéder à la salle sur demande. Et désormais que le groupe dominant était parti, les Serpentard se racontaient les potins les plus intéressants de la journée.

-"Avec cette fille qui traine tout le temps avec eux." Ajouta un garçon en paraissant sous le choc.

-"Tu rigoles, Calum ?" Son amie le poussa légèrement. "Celle aux cheveux noirs ?"

Il hocha la tête et elle fit la moue.

-"Comment est-ce qu'il peut sortir avec une fille pareille ?" Se moqua-t-elle. "Personne ne la connaît à part eux. Elle vient d'une famille riche ?"

-"Il paraît qu'elle vient de pauvres moldus mais qu'une famille de sorciers l'a recueilli en tant que servante." Murmura Calum. "Peut-être que c'est la famille Malfoy ?"

-"Ça ne m'étonnerait pas, elle le suit partout comme un petit chiot." Pesta l'autre.

Mattheo eût un léger ricanement, ne trouvant pas cela si loin de la réalité.

-"Je te le dis, il faudrait lui montrer un peu où est sa place." Rétorqua Calum. "Elle nous est inférieure mais se pavane comme si c'était la Reine de Prusse."

-"Et si on l'enfermait dans les toilettes de Mimi Geignarde ?" Rit la fille sans vraiment le penser.

Calum leva un sourcil intéressé.

-"Et si on la poussait depuis la tour d'astronomie ?" Argua alors le garçon mais son amie fit la grimace, n'étant pas de cet avis.

-"Et si vous la fermiez, pour changer ?"

Ils se tournèrent vers Mattheo, visiblement agacé.

-"Parlez ailleurs, vous me déconcentrez." Il désigna son livre d'un hochement de menton et les deux Serpentard s'excusèrent avant d'aller ailleurs.

Décidément, il ne pouvait pas supporter le monde.

Il reprit sa lecture, ayant été dérangée, mais étrangement n'arrivait plus à lire et saisir le sens des mots qui s'alignaient face à lui.

                              *****

-"On les a loupé."

Draco maugréa, peu enclin à une quelconque discussion sur ça, et Irène tapota son épaule d'un air compatissant, debout derrière le canapé.

-"Tu vas quelque part ?" Demanda Pansy face à elle en la voyant partir.

-"J'ai rendez-vous avec Monsieur Flitwick pour mes notes." Avoua Irène d'une douce voix et ses amis hochèrent la tête.

-"Dis-lui que s'il ne te met pas la moyenne, j'en parlerais à mon père." Ajouta Draco alors qu'elle partait et elle eût un sourire en hochant la tête.

Mattheo leva légèrement les yeux de son bouquin et aperçut les deux idiots du matin même ricaner et partir également de la salle.

Il eût un soupir, replongea dans son livre.
Puis relut la même page des dizaines de fois sans arriver à la comprendre, pendant à autre chose.

Finalement il soupira, se leva, fermant violemment son livre sur la table basse et sortit de la salle commune sans un mot.

Il marcha dans les couloirs, se retrouvant étrangement devant les toilettes de Mimi Geignarde.

Il s'y attarda sans savoir pourquoi, se faisant silencieux pour écouter mais il n'y avait aucun autre bruit que celui des toilettes qui fuyaient.

Il se tapa le front comme un idiot, traça sa route, visiblement énervé contre lui-même.

Tiens, il était devant la tour d'astronomie.

Il faisait froid mais il était sorti et relevait la tête pour apercevoir le sommet de la tour. A quoi donc est-ce que ça l'avancait ? Il eût un nouveau soupir. Il ne comprenait pas ce que lui-même cherchait à faire.

Il valait mieux retourner dans la salle commune et peut-être dormir.

Ou bien commencer à réellement avancer dans la mission qui lui avait été confiée.

-"Je sais que je ne devrais pas juger un élève de par ses parents, mais je ne peux que m'inquiéter."

Il surprit une conversation, s'apprêta à partir lorsqu'il reconnut la voix suivante.

-"Oui monsieur."

C'était Irène.

Mattheo s'avança quelque peu, la jeune femme parlant visiblement au professeur Flitwick.

À quoi jouait il, exactement ? Espionner comme s'il n'était qu'un jeune enfant ? Il se trouvait pathétique.

Il se redressa, l'échine bien haute et commença à faire demi-tour.

-"C'est à propos de votre camarade Monsieur Mattheo Riddle, voyez-vous."

Il s'arrêta net, entendant son prénom. Que se passait-il ? Avait-il découvert la moindre chose ?

Il se tourna vers eux, s'apprêtant à intervenir. Cette idiote et incapable Irène allait certainement aller dans le sens du professeur, elle qui le détestait.

-"Je vois. Vous avez des doutes parce qu'il est le fils de-"

-"Oui." L'interromput Flitwick. "Aussi, j'aurais aimé savoir si mes doutes étaient fondés."

Il y eut un silence.

-"Et quels sont vos doutes, exactement, professeur ?" Demanda tendrement Irène.

Face à son attitude si bienveillante, le professeur eût un sourire.

-"Je ne vous demande absolument pas d'espionner pour moi, ce serait inconvenu. Je souhaite simplement que vous m'avertissiez s'il fait le moindre geste étrange, voyez-vous. Il en est de la sécurité de Poudlard et ses habitants."

Mattheo grinca des dents. Elle allait joué les petites justicières alors qu'elle ne savait pas aligner deux mots ?

-"Je pense que ce ne sera pas nécessaire, professeur." Argua alors Irène. "Mattheo est un élève comme les autres et ne devrait pas être soupçonné simplement en accord avec son ascendance. Il mérite, lui aussi, d'avoir une chance."

Flitwick s'arrêta, leva un sourcil.

-"Pouvez-vous répondre de lui, Mademoiselle Zabini ? Pouvez-vous m'assurer de part votre parole que je n'ai pas à m'inquiéter des agissements du fils unique de vous-savez-qui ?"

Elle se tut, un long moment. Répondre de lui.

Pouvait-elle répondre de lui ? Elle le détestait. Elle était certaine qu'il la détestait aussi. Il était mesquin, vilain, hautain, il rassemblait en lui tous les défauts que portait le monde.

-"Je réponds de lui." Conclut-elle avec une sûreté inébranlable.

Mattheo était un garçon abjecte qu'elle haïssait. Pour autant et du peu qu'elle le connaissait, elle avait l'espoir qu'il était différent de ses parents. Pas que c'eut été si mal, sa mère respectait le seigneur des ténèbres et par conséquent Irène également.

Mais elle avait appris de la dure manière qu'elle ne devait jamais oser prétendre être comme sa mère.

Alors pourquoi est-ce que Mattheo serait comme son père ?

Et ledit Mattheo resta dans le jardin près du couloir, silencieux, regardant la jeune femme les yeux grands ouverts.

Quelque chose dans son coeur s'était ravivé.