~Thirty-eight

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-"Je t'ai apporté de quoi manger."

La douce voix de Blaise passa entre les lattes de la porte mais Irène ne se releva même pas de la chaise face à la fenêtre sur laquelle elle était assise depuis le matin même.

Le garçon entra et déposa la nourriture sur la table, fixant ce qu'il avait apporté la veille et qui était toujours là.

Il eut un soupir, regarda la jeune femme qui fixait l'arbre qui fleurissait.

-"Tu devrais manger, Irène."

-"Je ne suis pas affamée."

Il tira sur sa lèvre supérieure avec ses dents, visiblement inquiet.

-"Je te le laisse quand même." Dit alors le garçon et il reprit la nourriture de la veille avant de repartir et refermer la porte derrière lui.

Il restait encore un mois avant la rentrée.

Sa mère et son frère partaient le lendemain dans leur maison de vacances et elle allait rester avec les elfes.

Elle avait la patience du monde. Elle avait les membres engourdis mais fixait la même branche depuis des heures sans s'en lasser, admirant les détails des craquements du bois et de la chlorophylle de ses feuilles brillantes sous l'éclat du soleil.

Comme ailleurs complètement, elle ne ressentait même pas la douleur de son corps à force de rester immobile aussi longtemps. Elle retournait dans son lit le soir et revenait sur sa chaise le matin.

Blaise ne venait que pour tenter de la faire manger alors qu'elle ne ressentait pas la faim que son corps clamait.

C'était le vide absolument. C'était ce qu'elle aurait dû faire depuis le début. Rester invisible jusqu'au point de ne même plus exister pour le monde entier.

La journée passa.

Lorsque la nuit s'apposa et qu'Irène ne put plus distinguer la branche du reste du paysage qu'elle observait, elle se releva et retourna se coucher, se glissant dans les draps qu'elle avait cousu depuis de vieux vêtements que sa mère ne portait plus.

Le lendemain, le soleil se leva après la jeune femme qui, allongée sur le matelas, n'ayant pas bougé depuis la position où elle s'était couchée pour ne pas risquer de faire grincer le plancher, écoutait sa mère et son frère crapahutaient dans le salon du rez-de-chaussée.

La porte se claqua alors, et le silence se fit.

Ils étaient partis.

C'était étrange de les savoir loin et de se sentir apaisée tout en étant affectée.

Elle errait dans le manoir comme une âme en peine qui venait de savoir marcher.

Elle ne savait pas combien de temps cela faisait. Combien de temps cela allait durer.

Un toqué distinct se fit entendre et elle se figea, s'apprêta à retourner instinctivement dans sa chambre pour se terrer lorsqu'un elfe vint la chercher.

-"Mademoiselle Parkinson vous attend." Dit-il d'une voix fluette.

-"Je suis désolée."

Irène fixa Pansy, l'air hagard, collée à la porte d'entrée qu'elle venait d'ouvrir.

Pansy semblait triturer ses manches, sur le seuil du manoir.

-"Que se passe-t-il ?" Demanda la jeune femme, à demi absente.

Pansy releva la tête, emplie de pitié.

-"Le seigneur des ténèbres demande à te voir." Souffla-t-elle.

Nᴇᴍᴇsɪs [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant