~Twenty-six

650 54 5
                                    

-"Et on s'est retrouvé coincé dans un placard à balais !"

Draco fustigeait dans la salle commune et ça amusait Irène de le voir dans cet état.

-"Maudit Poudlard." Cracha le garçon en faisant les cent pas. "Toujours là pour haïr les Serpentard."

-"C'était certainement la Salle sur Demande." Argua Mattheo dans un fauteuil. "Tu n'y entreras pas."

-"Tu verras, j'y entrerai." Draco regarda Théo et Blaise. "On y entrera tous, et bientôt."

Pansy tira sa chemise pour le faire s'asseoir sur le canapé et il obéit, fatigué.

-"Pense également à tes BUSES." demanda Irène en se penchant vers lui. "C'est déterminant pour ton avenir."

-"Laisse tomber, je réviserais ça la veille."

Pansy roula des yeux.

-"Ne fais pas semblant, on sait tous que tu travailles avec Irène. De quoi as-tu honte ? Elle m'aide, moi aussi."

-"Je n'ai pas besoin d'être aidé." Critiqua le garçon sur la défensive. "Contrairement à vous, je ne suis pas né avec l'intelligence d'un bigorneau."

Vexé, Blaise fit la moue et Mattheo souffla, laissant sa tête retomber en arrière.

Irène eut un sourire, les regardant se chamailler comme de grands enfants.

Mattheo et elle ne s'étaient pas échangés un regard depuis la reprise des cours.

C'était sans doute pour le mieux.

Irène attrapa l'épaule de Blaise près d'elle, le tira à elle et chuchota quelque chose.

Il se redressa, les yeux pétillants.

-"Mattheo a dit qu'on ne pouvait pas entrer dans la Salle sur Demande." Dit-il et les autres furent toute ouïe. "Mais on peut demander à quelqu'un de nous faire entrer. Il suffit de trouver l'un des leurs qui accepterait de nous aider."

-"Faites-moi une liste de ceux qui sont avec Potter." Ordonna Draco. "On en attrapera un ce soir."

-"Demain soir." Corrigea Pansy. "Ils ne se réuniront pas ce soir, Potter s'est fait punir par Ombrage."

Draco hocha la tête, se rabattant sur le lendemain soir.

Blaise eût un sourire, tout content de l'idée et Irène se recula dans le canapé en souriant légèrement.

Mattheo tourna sa tête vers elle, affalé dans son fauteuil.

Elle se mettait elle-même en retrait mais ça ne semblait pas la gêner. Elle qui pourrait facilement être au coeur de la conversation et animer la pièce se terrait comme un rat. Comment quelqu'un avec tant de potentiels se gâchait-il de façon aussi pathétique ?

C'était au-delà de sa compréhension. Il rêverait, d'avoir un auditoire rien que pour lui. De les voir tous le fixer avec de grands yeux ébahis, de déblatérer tout ce qu'il voulait sans craindre qu'ils ne se détournent de lui.

Mais ça ne semblait pas l'intéresser, elle.

Elle se plaisait dans le silence qu'elle se créait.

Il se plaisait dans le vacarme qu'il causait.

Elle ne rêvait que de se perdre dans ses propres pensées alors qu'il tentait de chasser les siennes.

Elle se fondait dans la grâce de sa présence absente.

Il se démarquait dans la cacophonie de sa présence dérangeante.

Ils se détestaient tant parce qu'ils voyaient en l'autre ce qu'eux-mêmes n'osaient pas faire.

L'inconnu que l'autre représentait les effrayait.

Elle sentit son regard pesant sur elle et se tourna lentement vers lui, ne se laissant pas décomposer face à ses yeux insondables qui pour autant sonder les siens avec une précision qui étrangement la calmait.

Il ne cillait pas de la voir face à lui. Il se demandait bien où elle trouvait le courage de lui faire face alors qu'elle n'osait pas faire face à sa propre âme.

-"Tu devrais aussi réviser pour les BUSES, non ?"

La voix de Théo fit éclater le jeu de regards et Irène se tourna vers le garçon qui venait de parler tandis que Mattheo roulait des yeux.

-"Je ne vois pas en quoi ça me sera utile."

-"Pour passer en sixième année ?" Ironisa Théo.

-"Je ne compte pas passer en sixième année."

-"Ton père a pourtant dit que tu devais rester ici jusqu'à la fin de la scolarité."

-"S'il souhaitait que j'étudie, il fallait m'envoyer ici dès la première année."

-"Étudie quand-même." Proposa Pansy. "Ça te servira toujours."

Mattheo ne dit rien, n'en étant néanmoins pas certain et Blaise donna un coup de coude à sa soeur.

-"Tu n'as qu'à prendre des cours avec Irène, s'il y a des choses que tu ne comprends pas. Elle enseigne très bien, figure-toi."

Les deux se tendirent et Blaise sut qu'il aurait mieux fait de se taire. Il se racla la gorge, cherchant ses amis du regard en quête d'aide qu'il ne trouva pas.

-"Enfin passons." Pansy eut un sourire gêné. "Ma mère a découvert quelque chose de croustillant sur les parents de Lancelo."

-"Albert Lancelo de sixième année ?" Demanda Blaise et elle hocha la tête.

-"Qui veut savoir ?" Demanda-t-elle tout excitée et les trois garçons se penchèrent en avant pour l'écouter.

Irène tourna la tête vers Mattheo, calmement, mais il avait fermé les siens et semblait se reposer.

Elle sentit les coins de ses lèvres se relever légèrement pleins d'amertume et elle baissa légèrement la tête, ressentant un certain malaise dans son coeur.

Finalement l'heure d'aller se coucher approcha et les jeunes femmes montèrent dans leur dortoir.

Irène se changea pour revêtir sa chemise de nuit et souhaita bonne nuit à Pansy tandis qu'une autre jeune femme allait éteindre la lumière.

Irène ferma les yeux mais ne fit que se tourner et se retourner dans son lit, n'arrivant pas à dormir.

Il lui semblait que des décennies étaient passées lorsqu'elle entendu un gémissement à sa droite.

Elle se tourna, intriguée et reconnue la voix de Pansy. Immédiatement Irène se leva, sortant de son lit pour s'approcher de celui de son amie.

Elle essuya son front suant et Pansy ouvrit les yeux, tremblante.

-"Tu veux que je dorme avec toi ?" Chuchota Irène.

Son amie eut un frêle sourire et attrapa sa main avec tendresse.

-"Je faisais juste un cauchemar, ne t'en fais pas. Je sais que tu détestes dormir avec quelqu'un."

Irène hocha lentement la tête, attendant que Pansy ferme les yeux. Elle resta debout au bord du lit, attendant que Pansy se rendorme. Cette dernière eut du mal, gigotant et Irène posa sa main sur son cœur pour tenter d'apaiser ses battements effrénés. Ça eut l'air de fonctionner car la jeune femme finit par s'endormir, respirant de façon régulière.

Et enfin, Irène retourna se coucher tandis qu'au dehors le soleil commençait lentement à se lever.

Nᴇᴍᴇsɪs [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant