Irène s'était éclipsée du dîner, n'ayant pas d'appétit, et se baladait dans les jardins vides à cette heure tardive.
Elle passa devant la tour d'astronomie, eut un léger sourire. Ça faisait longtemps qu'elle n'y était pas allée.
Ce n'était pas tant d'admirer les étoiles qui l'intéressaient là-haut, mais le fait d'admirer la cime des arbres et le paysage qui s'étalait à l'horizon.
C'était la pensée et l'imagination d'un monde qui ne s'arrêtait pas à la simple limite définie par l'esprit mais qui au contraire s'abandonnait jusqu'aux confins de la galaxie.
C'était l'idée qu'elle n'était rien de plus qu'une poussière dans l'univers.
Ce calme qu'elle ressentait en sachant que sa vie était insignifiante aux yeux de l'humanité. Le silence qu'elle en dégageait.
Elle monta les dernières marches, le coucher de soleil éclatant dans le ciel.
Elle s'approcha, posant ses mains sur le rebord avant de légèrement se pencher en avant pour en sentir la brise tendre.
Mattheo marchait, les mains dans les poches, appréciant l'air frais qui se dégageait de la forêt.
Il avait épluché plusieurs livres le matin même et avait décidé de commencer dès le lendemain à apprendre la Légilimencie.
Il aurait certainement mieux fait de demander à Rogue de l'aider, lui qui s'y connaissait tant, mais il ne voulait pas que son père l'apprenne. Il voulait l'apprendre seul afin de l'impressionner.Il cherchait donc tout naturellement un endroit tranquille où pratiquer sans que de vilains petits canards se décident à venir l'espionner.
Il releva la tête, s'apercevant qu'il se trouvait sous la tour d'astronomie et aperçut un visage en dépasser.
Elle avait ses longs cheveux qu'elle venait d'attacher négligemment à l'arrière de la tête pour se dégager le visage et enfin le révéler à la lune qui l'admirait. Debout contre la barrière de fer, elle laissa son regard vaguer de sa toile jusqu'au paysage qui attendait.
D'aussi loin, le cou levé vers elle, Mattheo apercevait ce grain de beauté qu'il avait déjà vu chez les Malfoy.
C'était toujours comme ça qu'il la trouvait, perdue dans ses peintures, la plus calme.
Pourtant elle l'était toujours - calme - mais c'était différent.
Elle était en paix.
Rien autour d'elle n'osait bouger de peur de la déranger, de briser cet instant qu'elle privilégiait avec le monde, lorsque sa main glissait le long de la toile, lorsqu'elle relevait la tête et distinguait les arbres et tout ce qui s'y trouvait, lorsqu'elle permettait aux oiseaux dans leur nid de représenter un instant magique sur une peinture exquise.Elle devenait ce qu'elle n'osait jamais rêver d'être ; le centre de l'attention de tout ce qui l'entourait.
Si les hommes ne s'intéressaient pas à Irène, la nature, elle, oui.
Le vent lentement se levait pour soulever les mèches qui retombaient devant les yeux de la jeune femme, le soleil retardait son sommeil pour continuer d'éclairer le ciel d'une douceur rosée, les feuilles se retenaient de dénuder l'arbre qu'elle peignait.
Elle releva les yeux, le dos droit, les posa sur le grand pont qu'elle apercevait au fond.
D'aussi bas Mattheo apercevait l'éclat de ses iris caramels qui se fondaient parfaitement avec les éclats d'émeraudes qui s'y cachaient. Ses longs cils s'enlacaient et se rejetaient en une danse qu'il trouvait apaisante.
Leurs regards, alors, se croisèrent.
Elle baissa lentement les yeux vers lui, abaissant très légèrement sa tête, et s'arrêta, la main en suspens dans l'air tandis que le garçon gardait le contact sans s'en détourner.
Collée contre la rambarde, elle se trouvait absorber par le garçon qui penchait son corps en arrière pour arriver à la voir, près de l'orée de la forêt.
Elle était à la cime des arbres, il s'en trouvait aux racines.
Le soleil, se sentant délaissé, continua sa descente jusqu'à embraser l'horizon et le visage d'Irène se retrouva éclairée par l'embrasement d'or qui se mêlaient à ses cheveux.
De l'autre côté, le corps de Mattheo s'enfonça dans la noirceur de la nuit qui tombait, caché par les arbres fatigués.
Les oisillons se turent, dans leurs nids, admirèrent la scène.
Ils se détestaient. C'étaient deux âmes qui ne pouvaient pas se supporter parce qu'elles reflétaient deux côtés d'une même pièce. Deux enfants qui tentaient d'atteindre leurs parents sans jamais rien faire d'autre que d'échouer à seulement apercevoir leur ombre.
Et tandis que l'un hurlait de douleur, l'autre se taisait dans l'agonie de son âme.
Ils se détestaient parce qu'ils se ressemblaient bien trop.
Et finalement, Irène abaissa sa main et se détacha de la rambarde, lui tournant le dos pour s'enfoncer dans la tour d'astronomie.
Mattheo resta un instant encore courbé ainsi, sans savoir ce qu'il attendait.
Puis il soupira, se redressa et continua son chemin.
Irène s'assit contre un mur de la tour, sa toile près d'elle négligemment déposée.
Elle ne l'avait pas remarqué. Depuis quand était-il là, à l'observer ?
Elle avait l'impression de frisonner de partout, cette sensation désagréable recommençait. Imaginer son regard sur elle la remplissait de dégoût.
Que faisait-il, à cette heure si tardive ? L'avait-il suivi ? Peut-être avait-il décidé de la tuer ?
Elle ne pouvait pas le blâmer, après tout.
Elle soupira, levant la tête vers le plafond en une attente désespérée de sortir ça de sa tête.
Elle regarda son œuvre du coin de l'oeil, plutôt satisfaite avec le résultat.
Il manquait quelque chose à la peinture, néanmoins. Ce petit rajout qui donnerait à sa toile un sentiment de perfection au-delà de ce qu'elle avait espéré accomplir.
Elle s'allongea alors sur le sol poussiéreux, son dos se creusant en épousant la forme des lattes, pliant ses jambes pour lever les pieds et poser son menton sur ses mains.
Elle admira sa toile, longuement, dans le silence absolu.
Puis sa main se leva seule, prise d'une inspiration qu'Irène ne connaissait, et attrapa son pinceau avant d'entamer la touche finale.
Et finalement, lorsqu'elle eut fini, Irène fixa l'oeuvre, sentant son estomac se tordre.
C'était magnifique.
Elle avait réussi le jeu d'ombres et avait dessiné à la perfection le mélange de couleurs du coucher de soleil, toute la technique était impeccable.
Alors pourquoi est-ce que son regard étai inévitablement attiré par ce petit rajout insignifiant ?
Attiré par cette ombre humaine sur la gauche, entre les arbres.
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Nᴇᴍᴇsɪs [TERMINÉ]
أدب الهواة❝L'amour fleurit dans la haine.❞ ---------- Mattheo Riddle était né d'une union purement scientifique et n'avait pour but que de satisfaire les attentes de son père. Irène Zabini était née d'une union purement sauvage et n'avait pour but que de ne...