~Forty-one

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-"J'espère que tu ne tentes rien d'idiot, Zabini."

La voix portante de Mattheo se fit entendre dans les escaliers alors qu'Irène se dirigeait vers les jardins pour y étudier en toute tranquillité.

Elle se retourna, sans comprendre de quoi il parlait.

Les mains dans les poches, il la fixa en plissant les yeux.

-"Je t'ai vu parler avec Potter. Que ce soit bien clair, je n'hésiterai pas à te faire taire si tu commences à lui raconter nos histoires de Serpentard."

-"Je ne dirais rien." Réfuta Irène. "Tu sais pertinemment que je ne dirais rien."

Elle le toisa, entre ses mèches de cheveux.

-"Tu n'as pas besoin de me faire taire, je le fais déjà très bien seule." Rétorqua finalement la jeune femme avant de continuer sa route.

Il la laissa partir, n'étant pas complètement convaincu.

Mais alors, dans un élan d'idiotie il éleva la voix.

-"J'ai quelque chose pour toi."

Elle s'arrêta dans le couloir, se tourna vers lui en levant un sourcil, sur ses gardes.
Il chercha dans sa poche négligemment, se racla la gorge avant d'avancer d'un pas pour lui donner ce qu'il avait en main.

Dans sa paume désormais, elle observa, les yeux grands ouverts, la bague qu'il y avait déposé.

Elle releva les yeux, sans comprendre.

-"Tu avais l'air de l'aimer, alors j'en ai trouvé une identique chez Severus et je l'ai volé." Il haussa les épaules. "Tu me faisais pitié."

Elle fixa, admira longuement et langoureusement la bague en or sertie d'une pierre d'obsidienne en son centre.

C'était celle que Dumbledore avait brisé. Ou du moins, une copie de celle-ci.

-"Je croyais que tu ne m'aimais pas." Murmura Irène sans savoir comment réagir.

Il la toisa de haut en bas avant de souffler par le nez.

-"Ce n'est pas une question d'apprécier. C'est une question d'humanité." Répondit ce dernier et, comme si son geste venait d'être oublié, il fit demi-tour et disparut au détour d'un couloir.

Irène le regarda s'éloigner, serrant la bague dans sa paume avec force, son cœur se réchauffant en l'y sentant tendrement.

*****

-"Où sont les autres ?"

Sans se retourner, Irène entendit Pansy s'approcher d'elle, dans un recoin de leur salle commune.

-"En cours optionnels." Répondit la jeune femme. "Ils ont tous pris astronomie."

Pansy hocha la tête, n'ayant pas pris cette option, elle se pencha vers la toile que peignait la silencieuse Irène.

-"Qu'est-ce que c'est ?" Demanda-t-elle mais Irène se déplaça légèrement pour l'empêcher de regarder.

Elle observa sa propre toile qui n'avait que les pâles traits du fusain qu'elle utilisait.

-"Je ne sais pas encore." Avoua Irène en un murmure et Pansy, sachant que ça la mettait mal à l'aise, se releva pour lui laisser de l'espace.

Au lieu de ça, elle alla se préparer un café et Irène se concentra sur son oeuvre.

Il y eut un silence qui ne gênait pas particulièrement Irène mais qui ne ravissait pas son amie.

-"J'aurais dû prendre astronomie, si j'avais su qu'ils iraient tous." Soupira la jeune femme en s'affalant sur le canapé. "Pas toi, Irène ?"

La jeune femme haussa les épaules sans la regarder.

-"Ça ne me dérange pas." Répondit l'adolescente et Pansy fit la moue.

-"On va avoir cours de potions, demain." Ajouta Pansy en sirotant son café. "J'aimerais bien voir ce que vaut ce nouveau professeur, Sglily."

-"Slughorn." Corrigea gentiment Irène en se penchant pour ajouter des détails à sa toile.

-"Oui, Slughorn." Se reprit Pansy. "Rogue fera défense contre les forces du mal, lui qui en rêvait tant, ça me faisait même pitié, sérieusement. Pas toi, Irène ?"

Lui demander son avis était le seul moyen de l'avoir, Pansy le savait très bien. Sinon, Irène se taisait et l'écoutait parler sans prendre part au sujet.

-"Aurais-je du ? Je ne l'ai jamais pris en pitié. Il était un très bon professeur de potions, il en sera un très bon en défense également." Argua Irène.

-"Tu me diras, c'est compréhensible que tu ne comprennes pas pourquoi j'avais pitié de lui."

Irène laissa son pinceau en suspens dans les airs, et lentement, d'un fin visage angélique, se tourna vers son amie.

-"Pourquoi donc ?" Demanda-t-elle d'une douce voix d'incompréhension.

-"Parce que c'est un problème futile comparé au tien." Expliqua gentiment Pansy comme si c'était une évidence.

-"Alors, moi aussi je te fais pitié."

Il n'y avait pas d'arrière pensées. Pas d'amertume ou de tristesse dans la voix qui venait de s'élever.

Les yeux d'Irène n'avait pas d'autres lueurs que celle de la lampe qui s'y reflétait.

Pourtant le cœur de Pansy se serra et elle eût un tic de visage. Sans doute parce que la vérité était dure à avouer.

-"Non, j'ai just-" tenta-t-elle de se rattraper mais la porte s'ouvrit au même instant, coupant son excuse.

-"On est là." S'écria Théo pour les prévenir et il les aperçut, à plusieurs mètres l'une de l'autre, se fixant dans le blanc des yeux. "Il se passe quelque chose ?"

Le regard désespéré de Pansy se tourna vers les garçons mais celui d'Irène retourna sur son pinceau qu'elle laissa de nouveau glisser sur la surface encrée.

Mattheo, épuisé par cette journée ennuyante, alla chercher de quoi grignoter près de la table en bois.

Il se retourna, s'adossant à celle-ci en bout de salle pour apercevoir tout le monde.

Il posa son regard sur Irène, à sa droite qu'il voyait de profil. Cachée dans l'ombre, elle avait posé le pinceau dans sa peinture et avait baissé légèrement la tête, ses longs cheveux cachant le reste de son corps courbé.

Il était toujours courbé. Courbé par le vent, par les douloureux événements, les douloureux souvenirs et les traumatismes qui l'avaient fait grandir.

Courbé comme la branche d'un vieil arbre qui résistait à la tempête qui tentait de l'emporter loin de sa terre natale.

Elle fixait sa main, comme si elle tentait d'y dénicher la force de relever la tête.

Frôlant la bague doré du bout de ses doigts, un tendre sentiment réchauffant son cœur. L'innocent souvenir que la bague lui venait du réconfort de sa mère suffisait, malgré le mensonge qu'elle se créait, à la rassurer.

Nᴇᴍᴇsɪs [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant